Et il y a eu Lui (MxM)

chapitre 5

— Allez, s'il te plaît, viens avec nous ; plus on est de fous, plus on rit. Il est hors de question que je reste enfermé pendant les vacances, et puis tu as promis de passer plus de temps avec moi, lance ma sœur pour la énième fois.

Depuis que je suis sorti de mon lit après une nuit agitée, Malia décrète qu'il faut que je les accompagne à la plage. Ce qui est bête puisque je vais plus tenir la chandelle qu'autre chose.

Je m'installe donc dehors, un peu irrité, sur un des transats à moitié bancal, une tartine grillée dans une main et mon mug rempli de caféine dans l'autre. J'espère que ça va me réveiller, de plus, je ne suis pas allé courir depuis une semaine et le manque se fait sentir. Demain, rien à faire, j'irai me dégourdir les pattes.

À peine installés que Malia vient poser ses fesses à côté de moi et Diego sur une des chaises en face.

— Tu fais chier, c'est mon premier jour de repos, râlai-je.

— S'il te plait, s'il te plait, mon frère adoré.

Elle me chope la tartine de ma main pour la porter à sa bouche. Je souffle d'exaspération, mais voilà qu'est-ce que je ne ferais pas pour ma petite tête blonde.

— OK, tu as gagné, Frangine, capitulai-je, en lui arrachant le morceau de sa bouche.

— Dis-moi, Diego, comment fais-tu pour la supporter ?

— C'est une question que je me pose régulièrement ! rétorque-t-il en extirpant une cigarette de son paquet pour venir la coincer entre ses lèvres.

Machinalement, mes yeux regardent avec attention cette scène qui se déroule sous eux, ce qui n'échappe pas à mon interlocuteur d'en face. Au contraire, il allume sa clope en rivant son regard au mien, laissant échapper la fumée. Cette situation me met presque mal à l'aise.

Cela étant, il faudrait être aveugle pour dire que Diego n'est pas plaisant à regarder, il est même tout le contraire, il a quelque chose d'attirant, c'est indéniable.

— Toi, bébé, on va revoir les termes du contrat, s'énerve Malia contre lui en lui lançant son regard menaçant. Il lui envoie un baiser à la volée qu'elle lui rend.

— Un contrat ? fis-je sur le ton de la rigolade.

— Oui, oui, un contrat ! répète-t-il. J'ai même dû signer, t'imagine !

— Tu n'as pas osé lui faire ça quand même. Non parce que je t'explique, quand on était adolescent et que la lui promettait quelque chose, elle l'écrivait sur un morceau de papier où je devais signer.

— Ba quoi, au moins j'avais une preuve.

— Alors je n'imagine même pas quand vous allez vous marier, mec, tu es foutu.

Il se marre à ma remarque et je ne sais pas ce qui se passe, mais un truc remue en moi. J'opine cette sensation en continuant la conversation comme si de rien n'était.

Une fois mon semblant de déjeuner avalé, je monte me préparer pour aller à la plage. Je prends le temps de me contempler face au miroir et je n'aime pas vraiment ce que renvoie mon reflet. Aujourd'hui, j'ai les traits tirés par la fatigue. Machinalement, je triture les bracelets qui se trouvent à mes poignets, ferme les yeux et répète en chuchotant que tout va bien. Oui, je m'accroche à cet espoir, il le faut.

Une bonne quinzaine de minutes plus tard, je rejoins ma sœur tout excitée, quant à Diego, il a les mâchoires serrées regardant son portable.

— Ça va ? demandai-je en lui posant ma main sur son épaule, ce qui le fait sursauter.

— Hein ? Oui, oui, rien d'important.

Je décide de laisser tomber : après tout, on ne se connait pas, s'il a besoin de se confier, c'est à ma sœur, ce qui est plus logique. Pourtant, une partie de moi a envie d'en savoir plus. Comme si je craignais que l'histoire se répète.