Chapitre 11

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2 août:

J'ai repris depuis mardi et je dois dire que ses deux semaines de vacances m'ont fait tout de même du bien. Mais aujourd'hui, je peine à me concentrer. Je me trompe dans les commandes alors que nous avons à peine une dizaine de tables à servir. Et par-dessus le marché, Aaron me prend la tête depuis ce matin pour que je l'accompagne au cimetière afin d'y déposer des fleurs, ce qui est complètement débile puisqu'elles faneront comme son corps qui dépérit. Après une énième tentative, je capitule pour lui faire plaisir. Il faut dire que je peux au moins faire ça ; il est censé être en congé depuis que j'ai repris mon post, mais il a préféré venir spécialement aujourd'hui. A mon avis le connaissant sur le bout des doigts il savait que je n'allai pas être open et pareil pour ma mère. Je devrai leur en vouloir de ne pas me faire réellement confiance mais quand je vois toutes les bourdes que j'enchaîne depuis l'ouverture, finalement je me dis que c'est peut-être mieux ainsi. Je pensais sincèrement qu'être au boulot pour cette journée allait m'aider à ne pas penser à lui ou du moins jusqu'à ce soir. Ma mère et mon ami, essayent tant bien que mal de combler le vide quand il n'y a plus de clients par des discussions futiles et je m'évertue de m'y intéresser mais malgré tout l'effort, rien n'y fait.

Il est dix-neuf heures quand nous partons. Au passage, Aaron s'arrête chez Madame Davinson, la seule fleuriste du coin.

—C'est bon pour celle-là ? demande-t-il en me montrant une sorte de fleur blanche dont il me dit le nom, mais je suis incapable de le retenir.

La seule chose que je suis capable de faire est de hocher la tête. Je veux juste en terminer au plus vite. Une fois sortis avec le bouquet en main, nous montons chacun dans nos voitures respectives. Je suis Aaron de près, je le vois me jeter des coups d'œil à travers le rétroviseur comme s'il avait peur que je lui fasse faux bond, et j'aimerais tellement à cet instant faire demi-tour afin d'aller me terrer dans ma piaule. Mais me voilà, direction pour aller mettre des satanées plantes sur une pierre tombale. La dernière fois que j'y suis allé, c'était pour l'enterrer, puis je n'ai pas pu lui rendre visite, trop dur. Non, à la place, j'ai choisi d'aller courir deux fois par semaine pour me rendre à notre endroit, car pour moi, c'est celui qui nous représente le plus. Il évoque nos rires, nos caresses, nos gémissements. Je serre le volant de toutes mes forces, je sens que je suis à deux doigts de craquer.

Arrivé devant ce portail en pierre forgée, je me dis que c'est trop pour moi et, dans un crissement de pneu, je détale avec mon 4x4 comme un demeuré, laissant mon ami. Je croyais que je pouvais le faire, que ça allait mieux. Oui, je pensais que j'étais en train de guérir, mais là, j'ai juste l'impression que je suis en train de me noyer.

De retour chez moi, je décide de monter directement dans ma chambre, mais je suis interrompu dans mon élan par la voix de ma mère.

—Ou tu vas comme ça, Nathan ? Aaron m'a contacté en disant que tu étais parti précipitamment, alors que vous alliez voir Bryan.

—Je n'ai pas envie d'en parler, je veux que l'on me laisse tranquille !

—Non, il faut que l'on en discute, mon grand.

—Bordel, tu es bouché, je t'ai dit de me foutre la paix, dis-je en hurlant.

—Nathan, je t'interdis de parler comme ça à ta mère, tonne mon père. Je me retourne et me rends compte que Malia et Diego assistent eux aussi à la scène.

—Putain vous me faites tous chier !

Tremblant, je récupère mes clefs de voiture dans ma poche puis quitte la maison. Je crois entendre Diego m'appeler, mais je suis incapable de me retourner. Lorsque je sors de la maison, le temps est toujours clair. Je me dirige vers ma voiture au pas de course, ignorant monsieur beau gosse m'appeler. Une fois assis dans ma caisse, je peine à mettre les clefs dans le contact tellement je tremble. À plusieurs reprises, elles tombent et je galère à les ramasser. Au bout de quelques secondes qui me paraissent interminables, j'arrive enfin à les rentrer et, au moment où je décide de démarrer, Diego se jette sur le siège passager.

Et il y a eu Lui (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant