chapitre 16- Diego

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Diego

Quelques jours plus tard....

Plus les jours défilent, plus mon cœur est tiraillé entre culpabilité et euphorie. À la seconde où j'ai mis les pieds à l'intérieur de cette maison, à la seconde où j'ai croisé son regard, j'ai su que j'allais me lancer dans une lutte acharnée entre mon cœur et ma raison.

Depuis, ce fameux soir au sein de sa chambre, je fuis Malia sans qu'elle comprenne pourquoi. Je sens son regard se poser sans cesse sur moi, j'entends toutes ses interrogations dans ses silences, j'aperçois sa bouche s'ouvrir et se refermer aussitôt sans émettre le moindre son. Je sens ses doigts essayer de parcourir ma peau, que je rejette froidement, prétextant un « je suis fatigué » où « nous sommes plusieurs reprises sur ce lit ». Malgré tout le mal que je lui afflige involontairement, elle essaie de sauver les apparences en diffusant des grands sourires devant ses parents et son frère. Personnellement, je ne sais pas comment elle fait.

Pendant ce temps-là, Nathan et moi nous lançons des regards langoureux, des baisers volés entre deux portes. C'est mal, mais je suis incapable de stopper la tempête qui s'infiltre en moi. Pourtant, je sais très bien que je vais finir en lambeau à la fin de toute cette histoire, car pendant qu'il continuera sa petite vie, il faudra que je réapprenne à avancer dans la mienne. Je crois qu'au cours de notre existence, il y a des personnes qui vous marquent, et je peux dire avec certitude que Nathan Miller fera partie de mes plus belles rencontres éphémères. Ces rencontres qui vous chamboulent et bousculent à jamais votre destin, celles qui resteront gravées dans nos veines. Je ne sais pas si on peut parler de coup de foudre, mais une chose dont je suis certain, c'est que je suis déjà envouté. Et ça, je ne l'avais jamais vécu, cette intensité, celle qui vous broie de l'intérieur, mais en même temps vous fait sentir vivant.

Nathan, quand on reprendra nos routes chacun de nos côtés, penseras-tu à moi ?

Il y aura-t-il un peu de place aux côtés de Bryan ?

Il y aura-t-il une place dans ton histoire ?

Une place dans tes écrits ?

Dans dix ans, te souviendras-tu de ce baiser sur ce pont ?

Quant au milieu de la nuit je traverse ce couloir, car je n'arrive pas à fermer l'œil, je l'entends pianoter sur son clavier, derrière cette porte. Il doit en avoir des choses à dire sur cet homme qui a encore une grande place dans son cœur. Je crois bien que je suis un peu jaloux de lui. Bordel, c'est grave d'en arriver à jalouser un mort, non ? Voilà l'effet que tu me fais, Nathan. Tu me retournes complètement que mon cerveau n'arrive pas à fonctionner et à réfléchir correctement. J'ai besoin de savoir si ce moment intime entre toi et moi compte un peu dans les limbes de ton esprit. Tu disais la dernière fois vouloir vérifier, mais j'attends toujours. Il va falloir que tu y penses sérieusement, car dans mon cerveau, c'est un vrai champ de bataille, une cacophonie totale, que j'en ai des maux de tête. Pourtant, pour la première fois depuis longtemps, je n'ai jamais autant désiré quelqu'un. J'ai toujours su que Malia ne serait pas cette personne, vous savez quand vous dites au premier coup : « Je le sens, c'est elle, la bonne. » Je ne dis pas que je ne l'aime pas, ou du moins je m'en suis persuadé, mais il a suffi d'une paire de billes azur pour éclater ma stratosphère. Avec sa sœur, je me sens bien, il y a beaucoup d'affection entre nous, mais à l'heure d'aujourd'hui, je peux confirmer que ce n'est pas de l'amour.

Alors voilà, depuis trois soirs, je pose la paume de ma main sur ce verrou et j'entre dans ton antre pour couper cet instant entre toi et lui, car je veux continuer à avoir un peu de toi. Puis, nous nous allongeons sur ce lit sans un bruits le temps de quelques minutes, pour sentir ton souffle chaud caresser ma peau, dessiner le contour de tes lèvres, d'écouter ton cœur battre à tout rompre quand je pose ma tête sur ton torse, de sentir tes doigts s'entremêler dans mes cheveux d'ébène et en faire des torsades. De t'entendre parler de lui, ça me fait un peu mal. Puis on s'épanche sur moi, de mes origines colombiennes, de ma mère dont je n'ai jamais réussi à me confier, de ce fleuve mythique appelé " Don Diego", où se trouve la petite Cité Perdue de Tayronaka,le fleuve qui lui a inspiré mon prénom. D'un père inconnu au bataillon, de mon grand-père décédé il y a quatre ans d'un cancer des os après des années à se battre, un papy qui aujourd'hui a rejoint l'amour de sa vie et auquel je suis certain dansent sur leurs tombes.

Et il y a eu Lui (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant