2 - Théo

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— Mets tes chaussures, troisième fois !

— Je ne les trouve pas !

Je fronce les sourcils sans ouvrir les yeux. C'est ma foutue voisine du dessus avec son gosse... Je sais qu'il est exactement huit heures quinze et que je dors depuis à peine plus d'une heure.

— Et bah, elles sont rangées à leur place, comme d'hab ! Active toi j'en ai marre de courir jusqu'à l'école !

— C'est toi qui prends une heure à te maquiller aussi !

— Mets tes godasses ! Tu ne vas pas y aller en chaussons Iron Man !

— Oui !

— Non !

— Je fais comme je veux !

Au secours ! Je lâche un grognement comme s'ils pouvaient m'entendre, mais ma gorge asséchée me le fait payer et je manque de m'étouffer. Le silence revient en même temps que mon souffle, je me tasse dans mon lit et mes muscles se détendent à nouveau. Ah... juste dormir dans le silence...

— En plus que t'es quand même moche !

— Quoi ? Viens ici !

Et ça galopait en criant sur mon plafond. Je vais me les faire ! Je me lève en une fraction de seconde. Aïe, mon genou ! Encore pire, ma tête, elle fait une tonne ! Je vise ma porte alors que j'entends la sienne claquer, son gamin saute dans les parties communes, ça résonne comme dans un silo vide, j'ouvre le battant à la volée.

— Vous êtes pas tout seuls dans l'immeuble, putain ! m'exclamé-je en sortant d'un pas sur le palier.

— Reproche le mec qui a dévalé les escaliers à l'aube, en criant qu'il allait croiser des yeux ! réplique-t-elle. Rien de cassé, j'espère !

— Euh.

Je ne vois que son dos qui plonge dans l'autre volée de marche en direction de l'étage inférieur. Je grimace en fixant le vide et je claque ma porte. La douleur au genou s'explique, donc. Je les entends traverser la cour en chahutant. J'arrache mes fringues avant d'arriver au lit et je m'affale à plat ventre.

***

Je relève le nez de mon oreiller sans parvenir à décoller mes paupières.

— Mmh, qu'est-ce que ?

La sonnerie de la porte hurle depuis l'entrée. J'ai la tête beaucoup moins lourde que tout à l'heure, mais ouvrir correctement les yeux est une tannée.

Ça rétentiont encore en me volant un gémissement.

— C'est pour quoi ? braillé-je sans bouger davantage.

— C'est la factrice, j'ai un paquet pour vous !

— Mmh, posez-le, j'arrive. Dans deux heures ou deux...

— J'ai besoin d'une signature !

Eh merde ! Je me redresse en grimaçant. Bordel, en plus du genou, d'autres douleurs éparses se réveillent. Je me entraîne jusqu'à la porte que j'ouvre. Un stylet apparaît sous mes yeux, je vois les doigts de la dame, je rature n'importe comment sur l'écran de son appareil et le colis se trouve dans mes mains.

— Et la bonne journée ! salue-t-elle avec énergie.

— Ah oui, moi aussi... et merci.

Elle n'est déjà plus là lorsque je parviens à relever la tête. Mais qu'est-ce qu'elles prennent pour courir ainsi dès le matin ? Je recule en posant le paquet et je rabats la porte. Allumé, dormir. Je vise l'écran de mon portable avant de référer les yeux. Il n'est que dix heures ? J'ai largement le temps. Ah et au passage, tu ne bois plus jamais, mec !

Le Rêve d'un Autre (Bêta lecture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant