15 - Théo

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La porte est ouverte lorsque j'arrive. Giles me reluque sans me dire bonjour. Je l'ignore et je file vers mon casier où je trouve Anna qui sort tout juste du bureau. Son visage s'illumine quand elle me voit.

— Eh merde, il est déjà dix-sept heures ? fait-elle en visant sa montre.

— Non, je suis en avance.

— Quel employé modèle.

Elle m'adresse un clin d'œil en tournant pour aller dans la réserve. Aïe ! Je reprends mon souffle une fois que j'ai la tête dans mon pseudo-vestiaire. Calme-toi, mec. Je pose ma veste et mon corps se dirige de lui-même pour retrouver ma boss.

— Même moi j'arrive en retard le matin, dit-elle sans me regarder.

— Mmh, t'es pas une patronne modèle, on dirait.

J'enfonce mes mains dans mes poches, pour ne pas la toucher encore sans le faire exprès. Elle a le nez sur ses feuilles et les frères de Marc sont dans la boutique, on est tranquille.

— Ah, je ne vais pas t'apprendre le contraire. Alors, t'es motivé ? On a du boulot aujourd'hui !

Elle avoue quoi au juste ? Non, je ne dois pas partir dans des théories fumantes, elle n'est pas une salope comme l'a dit Frédéric. Je dois rester sur ma toute première impression d'elle : Anna est une fille bien qui s'en fout complet de moi.

— Allo ?

Je détache mon regard de son dos. C'est sa poitrine à présent, pas spécialement moulée dans ce sweat trop large. Est-ce qu'il est à Marc ? Je hais cette idée.

— T'aimes pas mon haut ? demande-t-elle avec légèreté.

— Non.

Elle hausse les sourcils en clignant des paupières.

— Ah merde, mais excuse-moi, demain je t'envoie mon out fit avant de sortir de chez moi, réplique-t-elle sans un sourire.

— J'espère bien.

On se fixe sans bouger et elle se met à rire en même que moi. Aïe, cette complicité !

— Depuis quand je me soucie de comment je dois m'affubler, marmonne-t-elle le nez à nouveau sur ses papiers. Et franchement, on peut parler de ton pull ? Il est pas ouf.

Je baisse les yeux. Je n'ai pas fait gaffe à ça en m'habillant ce matin, car elle était dans ma tête. Je suis d'accord, ce pull est moche. Je grimace. Elle s'arrête et me dévisage avec les sourcils en l'air.

— Désolée, hein, mais moi je sais mentir.

Je pouffe de rire tandis que dans mon crâne ça fait : ne me dis pas ça !

— Allez au boulot ! On a du lait bio à trier.

Elle se casse vers la boutique. Je la suis au ralenti et quand j'arrive derrière le comptoir, elle n'est déjà plus là. Son beau-frère, Frédéric, me mate en biais. Je tire sur mon pull. Ce truc est propre au moins ? Je le retire, il finit sur le radiateur à côté et je remets mon t-shirt en place en revenant sur mes pas. Deux paires d'yeux me reluquent.

— Quoi ?

— Tu fais quoi comme sport toi ? me demande Frédéric.

Je vise son bide bien arrondi et j'ai un sourire.

— Un seul, on en a parlé hier soir, tu te souviens ?

Il ne répond pas, il n'aura pas besoin d'un dessin. Je file côté boutique, suivie d'Anna. Arrivés au rayon en question, elle se poste à côté de moi, tous les deux face aux articles et commence à m'expliquer.

Le Rêve d'un Autre (Bêta lecture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant