28 - Théo

50 13 11
                                    


Sa phrase, je la prends en pleine tête si brusquement que je ne sais plus comment réagir. Je détourne les yeux en fronçant les sourcils. Le silence revient et je baisse mon regard sur mes mains entre mes cuisses.

Là tout de suite, c'est invivable.

Là, je ne sais plus quoi faire.

— Et si j'écoute mon cœur, je deviens celle qui détruit tout pour toi, Théo.

Le mien explose et je ferme les paupières sans bouger. J'en grimace tant c'est difficile à encaisser. Elle avoue des sentiments que je pensais à sens unique. Je me mords si fort la lèvre du bas que j'en ai mal. Mais ce n'est rien comparé à ce qui se passe dans ma poitrine.

— Parce que tu es toujours dans ma tête.

Mon souffle change, mais je m'efforce de rester statique, pour ne pas l'embrasser tout de suite ou lui hurler dessus qu'elle aurait dû le dire avant. Ma frustration monte en flèche.

— Je ne sais jamais comment me comporter quand t'es à côté de moi, chuchote-t-elle.

Je rouvre les yeux sur mes mains crispées.

— Je sais que c'est pareil pour t...

— Tais-toi, coupé-je.

Le silence revient, lourd et froid. Je pivote la tête pour ne plus la voir du coin de l'œil. C'est de longues secondes dont j'ai besoin pour parvenir à me tourner vers elle.

— Ça fait combien de temps ?

Elle fronce pour signifier qu'elle ne comprend pas.

— Depuis combien de temps tu sais que je suis amoureux de toi ?

Mes mots semblent la percuter de plein fouet. Ses sourcils prennent la forme de virgules et elle humidifie ses lèvres avant de détourner le regard. Elle panique.

— Depuis le premier jour, finit-elle par souffler.

Je ferme les yeux en baissant la tête. Sa réponse m'achève. Elle m'a grillé direct, elle n'a rien fait pour m'aider et j'apprends qu'elle aussi ressent ce lien impossible à ignorer. Alors, ce putain de coup de foudre n'était pas à sens unique ? Le silence revient et reste pendant un moment imprécis. Je me décale sur la table basse pour lui tourner le dos. Je dois encaisser ça avant de l'ouvrir de nouveau.

Je l'entends renifler discrètement. Je me redresse en frottant mon visage avec mes mains fébriles.

— Je me suis persuadé qu'il n'y avait rien entre nous, articulé-je.

— Je sais...

— Et tu n'as rien fait pour m'aider.

Je pivote pour la regarder à nouveau.

— Je n'ai pas réussi.

Je grimace en allant fixer le mur. Je tente de faire disparaitre la boule qui obstrue ma gorge et des mots s'échappent de mes lèvres :

— Quitte-le ?

— Je... c'est pas aussi simple, Théo.

— Alors, ne me dis pas des trucs pareils ! répliqué-je aussitôt. Je fais quoi maintenant ? T'aurais dû continuer de me laisser croire que j'étais tout seul dans ce délire ! Et si tu le savais depuis tout ce temps, Anna pourquoi tu m'as autorisé à t'approcher !

— Je...

— Je lutte depuis le début, tu n'imagines pas à quel point c'est irrespirable quand tu es juste là et que je ne peux pas te toucher !

Le Rêve d'un Autre (Bêta lecture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant