CHAPITRE 17

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28 juillet 2024

L'ambiance au Club France était électrique. Des centaines de Français étaient venus pour célébrer la première médaille tricolore. La soirée avait été longue, et Antoine et Agnes s'étaient effondrés dans les bras l'un de l'autre lorsqu'ils avaient finalement rejoint l'hôtel du rugbyman.

Un filet de lumière passait à travers les rideaux qu'ils avaient mal fermé la veille. Agnes se réveilla en sentant un bras s'enrouler autour de son ventre, la serrant contre un torse nu. Elle soupira de bonheur à ce contact et glissa sa main sur celle qui l'entourait pour entrelacer leurs doigts.

« Je pourrais m'habituer à ce genre de réveil... » La voix enrouée d'Antoine résonna dans l'oreille de la jeune femme. Il avait glissé sa tête dans le creux de son cou et commença à y déposer quelques baisers humides, déclenchant une série de frisson sur sa peau blanche.

Agnes se retourna pour faire face au demi de mêlée, entremêlant leurs jambes par la même occasion.

« Bonjour monsieur le champion olympique. » Elle caressa sa joue alors qu'Antoine s'allongeait sur le dos de bonheur, son titre lui revenant soudain en mémoire. Il attira Agnes contre lui. La blonde avait posé sa tête sur son épaule et dessinait des motifs sur son torse du bout des doigts.

« Quand est-ce que tu viens à Toulouse ? »

« Je ne sais pas encore, il faut que j'en discute avec mon entreprise actuelle. Je commence au Stade le 2 septembre, et j'aimerais poser une semaine de congés avant. Le 25 août on a une course à Spa Francorchamps. Ca sera ma dernière course, et j'aimerais que ma carrière en sport auto s'arrête là-bas. C'est une belle symbolique je trouve. » Antoine fronça les sourcils et l'encouragea à en dire plus. « Spa, c'est le premier circuit où je suis allée. J'avais 22 ans, c'était mon premier Grand Prix de F1, et c'est là que j'ai pris conscience que je voulais travailler dans ce milieu. Et puis, Spa, c'est aussi l'un des moments les plus douloureux de ma carrière. Tu te souviens quand je t'ai parlé du pilote de mon équipe qui était décédé ? » Antoine hocha la tête. Agnes avait la voix gorgée d'émotion en se rappelant ce 1er juillet 2023. « Eh bien, c'était là bas. C'est à Spa qu'il s'est tué. C'est à ce moment là que j'ai décidé de quitter les Pays-Bas pour rentrer en France, et que j'ai décidé de quitter la monoplace. J'ai même failli abandonner complètement le sport automobile. J'avais plein de questions existentielles en tête, tu sais. Finalement, je me suis dirigée vers l'endurance, et le reste de l'histoire tu la connais. C'est la première fois que je vais remettre les pieds à Spa depuis ce moment. »

Antoine se redressa et essuya une larme qui avait coulé sur la joue d'Agnes. Elle lui avait brièvement dit qu'elle avait perdu un pilote, mais jamais elle ne lui avait raconté tout ça. Il n'imaginait pas la douleur et le désarroi qu'elle avait dû ressentir, et il était très impressionné qu'elle ait réussi à continuer dans ce domaine malgré tout.

« J'aimerais venir avec toi. »

« A Spa ? »

« Oui. On aura qu'à dire que je suis un guest qui vient se pavaner dans le paddock. Je veux être avec toi. Pour te soutenir parce que je sais que ce ne sera pas un moment facile pour toi, pour être à tes côtés pour ta dernière course, et pour partager un peu ton monde comme tu partages le mien. »

« T'es pas obligé, tu sais. J'imagine que tu seras probablement déjà occupé. »

« A partir de maintenant tu es ma priorité, Agnes. Je serai encore en vacances, donc je peux tout à fait être à Spa avec toi, et si tu arrives à avoir ta semaine de congés on peut rentrer ensemble à Toulouse. Deal ? »

Le coup du destin - Antoine DupontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant