The Crimson Crown

Chapitre 1

Je pose le dernier carton sur le sol de mon petit studio, essuyant mon front malgré le froid mordant de janvier. Une odeur de peinture fraîche imprègne encore l'air, signe que l'appartement a été récemment rénové. Ce n'est pas grand : un coin cuisine, un petit salon, et une chambre minuscule. Mais c'est à moi. Mon premier chez-moi, rien qu'à moi.

Je m'assois sur l'un des cartons, observant l'espace vide autour de moi. Dehors, le ciel de Birmingham est couvert, lourd et gris. Nous sommes le 8 janvier 1952, une nouvelle année commence, pleine de promesses et de défis. Je devrais être excitée. Après tout, c'est exactement ce que j'ai toujours voulu : quitter le calme de la campagne et me plonger dans l'agitation de la ville. Birmingham me semble vibrante, plus rapide, plus bruyante. Rien à voir avec les hivers silencieux de mon village natal, où la neige recouvre les champs et où tout semble s'endormir sous le givre.

Pourtant, un sentiment d'incertitude me serre la poitrine. Alors que je regarde mes parents finir de déballer mes affaires, je réalise que leur départ imminent signifie aussi le début de ma vie en solitaire. Mon père, comme toujours, reste pratique, vérifiant que tout fonctionne correctement dans l'appartement : les prises, la serrure, la plomberie. Ma mère, elle, est plus émotive. Elle essaie de masquer son inquiétude, mais je la connais trop bien.

— Tout ira bien, ma chérie, dit-elle en posant une main chaude sur mon épaule. C'est le début de quelque chose de grand pour toi.

Je hoche la tête, essayant de sourire. Mais la vérité, c'est que je ne suis pas si sûre. Ce n'est pas que je regrette d'être venue ici, loin de là. Birmingham est pleine d'opportunités. Je suis partie pour trouver mieux, pour construire ma vie. Pourtant, le poids de l'inconnu me pèse déjà. Serai-je à la hauteur ?

— C'est un bon endroit pour toi, ajoute mon père en regardant par la fenêtre. Il y a du travail ici, beaucoup d'opportunités. Ce ne sera pas facile, mais tu t'en sortiras.

Je sais qu'il a raison. J'ai toujours été indépendante, déterminée à me construire un avenir différent. Je n'ai jamais voulu rester coincée dans notre village, dans une routine qui ne me correspond pas. Je voulais plus. Ici, tout est possible, mais je vais devoir me battre.

Ils finissent de ranger les derniers cartons, et je les serre dans mes bras avant qu'ils ne quittent l'appartement. Aucun de nous ne dit un mot, mais je sens l'émotion partagée entre nous. Une fois la porte refermée, je me retrouve seule dans ce petit studio, face à cette nouvelle vie que je me suis promis de construire.

Je m'approche de la fenêtre, observant les rues animées de Birmingham. Les gens marchent rapidement, les épaules serrées sous leurs manteaux, la buée s'échappant de leur bouche à chaque respiration. Le ciel est bas, oppressant, et tout semble un peu trop grand pour moi à cet instant. Mais c'est ici que tout commence.

Je me suis toujours dit que je trouverais un moyen de réussir.

Cet été, j'ai travaillé dans un bar près de chez moi pour économiser un peu d'argent. Assez pour payer deux mois de loyer et me permettre de subvenir quelques temps à mes besoins.
Mais après ça, je n'aurai plus rien. Pas de quoi vivre plus longtemps sans un travail. Demain, je commencerai à chercher un emploi. Pas question de traîner. Il me faut un job rapidement, et je ne peux compter que sur moi-même.

Je jette un coup d'œil à la petite pile de CV que j'ai rédigés avant de partir. Je sais que la recherche ne sera pas simple. Je vais devoir arpenter les rues, frapper à chaque porte, et convaincre des employeurs qui ne me connaissent pas.

Mais je l'ai déjà fait cet été, et même si le travail de serveuse n'était pas ce dont je rêvais, ça m'a donné une certaine confiance en moi. Peut-être que je pourrais trouver un autre job dans un bar ici. Ou mieux encore, quelque chose qui me permettrait de voir un peu plus grand.