Chapitre 15 : Mon Créateur...

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(bon allez, je vous publie deux chapitres parce que vient l'age des reds flags, youpi.) 


 "Je comblerais le vide de mon absence..." M'assure Seraph, passant sa main sur ma joue. "Tu n'as pas eu de vrai vampire pour te guider, et cela se voit..."
Une part de moi a envie d'être d'accord avec lui, mais par-dessus son épaule, je croise les regards interdits de Bones et Lula, tous deux choqués de la situation, et j'ai l'impression de dessaouler quelque peu.
"Non, attendez, j'ai réussi à survivre jusque là parce-que..."
"Les pouvoirs de ta lignée," me coupe mon Créateur. "Sans le puissant sang qui t'a fait, tu n'aurais guère survécu à ces épreuves."
Je fronce les sourcils. Bordel, pourquoi est-ce que je n'arrive pas à l'envoyer péter comme tout le monde, qu'est-ce qu'il a de différent? Est-ce qu'il me contrôle à ce point?
Est-ce l'instinct de la créature devant celui qui l'a mis au monde?

"C'est Bones qui m'a appris la majorité de ce que je sais," je défends tout de même, plus offensé pour mes amis que pour moi-même. "Je ne suis pas..."
"Ah oui..." Seraph a un regard distant vers eux. "Oui. Élevé par un... garou. Sans aucune distinction de ce qui fait l'essence de notre race. Mais enfin... J'imagine que c'est mieux que rien..."
Il y a quelque chose qui me hérisse profondément le poil dans la façon dont il leur parle, me parle, mais je n'ai pas le temps de répliquer.

"Ne vois-tu pas..." reprend Seraph, tout près de moi, m'observant avec un ravissement qui me cloue sur place, "les potentiels qui sont à ta portée? Les pouvoirs dormants en toi, qu'il me suffit simplement de réveiller? Un des derniers rejetons des Anciens, un des uniques en ton genre..."
Je cligne des yeux assez connement, j'avoue, tellement l'argument me passe au dessus.
Qu'est-ce que j'en ai à talquer du pouvoir et des potentiels?

"Non mais en fait, je veux juste qu'on me foute la paix," j'explique, m'extrayant de ma torpeur. "Et qu'on foute la paix à Lula et Bones. C'est eux qui m'ont aimé et protégé quand j'avais personne d'autre. Et maintenant il y a un tueur dans la nature, et j'ai pas envie qu'il s'en prenne à leur cul. C'est tout."
Sans mentionner que mes ambitions d'existence, jusqu'à trois jours de ça, étaient relativement basses, voir même inexistantes. Pour peu qu'on puisse appeler ambitions l'envie de continuer à squatter chez ses colocs en jouant aux jeux vidéos et d'aller se déglinguer le crâne dans le maximum de concerts disponibles.

"Non, mais attends, Vally," intervient Lula, "on ne t'a jamais demandé de..."
"Ne penses-tu pas..." Intervient mon Créateur, sans laisser à mon amie le loisir de poursuivre, "que mon enseignement te permettrait d'atteindre ces buts? Tu veux protéger tes... amis, c'est... noble de ta part. Mais sans un vrai entraînement, et la découverte de tes pouvoirs... Tu seras condamné à fuir, et à contempler à jamais ton existence t'échapper. Ne voudrais-tu pas être utile à ceux que tu chéris, Valère?"
"Val... Non..." Bones secoue la tête, sous le regard ardent de la démone, qui se rapproche de lui d'un air peu amène.

"Attendez..." Je fixe les yeux quasiment transparents de Seraph, incapable d'y lire quoi que ce soit qui m'aiguillerait sur sa sincérité. "Vous dites que... Vous pourriez m'apprendre à être comme vous? Ou... Au moins, capable de me défendre, et de les défendre contre..."
Mothika. Je ne finis pas ma phrase. La marque sur ma poitrine me brûle d'une manière inimaginable. Mais je dois la dissimuler au mieux. Ce qu'il se joue est trop important.
Entre la soulmark et la volonté que Seraph exerce sur moi il m'est difficile de réfléchir.
"Si c'est ce que tu souhaite..." Me souffle Seraph, passant son pouce sur ma joue. "Je n'ai jamais eu qu'un seul enfant. Qu'un seul à qui je souhaite transmettre ce savoir qui est le mien... Si tu le désires, il t'appartiendra." 

 Et je dois dire...
Je n'avais jamais vu l'utilité de devenir plus puissant, ou même d'entretenir mon héritage, autre qu'éventuellement me défendre ou chasser efficacement.
Mais pour protéger... Les protéger eux...
Oui. Ces pouvoirs me seraient utiles. Et même si je n'ai jamais voulu courber l'échine face à personne, j'ai trop peur. Trop peur pour ma famille. Il ne s'agit plus de moi, et de mon petit égo de branleur de merde. J'en ai plus rien à foutre de mes principes.
Si, au lieu de fuir, je restais, et je me battais, je...

"Valère." Lula m'a attrapé par le bras, me reconnectant avec la réalité. "Tout va bien, de quoi tu veux nous protéger? Cet assassin ne nous a pas menacé, nous ne sommes pas..."
"Reste à ta place, humaine."
Huntress s'est interposée, l'écartant rudement de moi, alors que Bones émet un grondement sourd et que ses yeux virent au jaune. Je tends la main vers Lula.
C'est Seraph qui saisit ma paume, enlace ses doigts glacés avec les miens.

"Nul besoin de nous disputer." Ordonne-t-il, calmant immédiatement la démone. "Viens avec moi, Valère." Il prend mon menton, m'oblige à le regarder. Oh bon sang, la marque pulse si fort que ma peau semble sur le point de se décoller de ma cage thoracique.
"Nous serons enfin ensemble," reprend mon Créateur de son ton hypnotique. "Je t'apprendrais à protéger les tiens. Et si tu le souhaite, j'installerai certains de mes mignons pour les garder en sécurité jusqu'à ce que l'assassin soit mort. Nous serons enfin ensemble..."

Je ne m'entends pas acquiescer, je sens simplement toute ma volonté céder, ployer face à la sienne. Que ce choix ait été le mien ou non, me voilà à le suivre, docilement, vers la porte d'entrée.
Mais est-ce une mauvaise chose, après tout? Je voulais aller mourir à mille lieues d'ici, et...
"Non attendez!" Bones se place entre nous et la sortie. "Vous ne pouvez pas l'emmener! Il vit ici!"

"Il y a beaucoup de choses que vous ne nous avez pas dites," renchérit Lula, restée en arrière. "Qui était Valère avant qu'il ne devienne votre enfant? Pourquoi est-ce qu'il n'a aucun souvenir de son existence avant d'être un vampire? Qui vous a attaqué pendant sa création? Ce sont des questions qui..."
"Silence!" Aboie Huntress, ses ongles se changeant en griffes brunâtres.
"Lula..."
Je veux protester, mais mon corps ne m'appartient plus. Ne peux que regarder, comme à côté de mon corps, Seraph ordonner à Bones de lui laisser le passage. Et contempler, stupéfait à travers mon brouillard, le fier Lycan que j'ai toujours connu, qui n'a jamais plié l'échine devant personne, baisser les yeux et nous céder le passage.
Bones... Je suis désolé...

"Viens," reprend mon Créateur, m'entraînant à l'extérieur, me guidant par la main qu'il n'a jamais lâchée. "Je répondrais à tout cela en temps et en heure. Je te livrerais le secret de ton existence. Sache simplement que je ne t'ai pas choisi au hasard. J'avais énormément d'espoirs en toi dès le départ. Quelle pitié que ce contretemps t'aie privé de moi de si longues années... Mais nous allons réparer cela."

MOTHIKA - Âmes-Soeurs Nocturnes (BoyxBoy)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant