MOTHIKA - Âmes-Soeurs Nocturnes (BoyxBoy)

Chapitre 23 : Mon âme-soeur, mon tueur.

(oh my gods, mais qu'est-ce donc? 
Des MAJ régulières? 
*shocked emoji * ) 

 Je ne m'attendais pas vraiment à ce qu'il réponde. En fait, je ne m'attendais pas à grand-chose, à part peut-être à un coup de pied dans la gueule.
Donc, le voir s'asseoir lui aussi, à peut-être deux mètres de moi, pas plus, ça m'prend de court, j'avoue... Il s'installe en tailleur et bien droit parce que faut pas déconner, il est quand même à demi-vampire, faudrait pas qu'il ait l'air trop décontracté non plus...
Je peux pas m'empêcher de fixer ma marque sur sa poitr... Sa marque. La nôtre?
Grmbl.

Quand il parle, je suis tout aussi surpris.
"Je me rends bien compte," commence-t-il avec ce timbre de velours qui glisse le long de ma colonne en heurtant chacune de mes vertèbres, "que tu préfèrerais courir retrouver Seraph..."
"Fais gaffe, Bunny," je le laisse pas finir, assez sèchement d'ailleurs, mais je m'en branle, "Commence pas à présumer des trucs. Ch'uis pas d'humeur."
J'en ai marre d'entendre parler de Seraph, en fait.
Le souvenir de notre dernière... Conversation avec mon Créateur... Vraiment... Je veux pas imaginer ce qui se serait passé si j'avais pas eu la marque pour me vriller le lobe frontal...

"Oui..." Mothika me détaille, m'observe. "Je me doute que réaliser que sa soulmark est activée, pour quelqu'un comme..."
Il s'arrête. Je sens un pang d'humiliation, de rejet, de critique silencieuse bien trop familière s'enfoncer sous mes côtes.
"Quelqu'un comme?" Je siffle, sur la défensive. "Non mais je t'en prie...Finis ta phrase. Ça a l'air hyper intéressant."

 Mes griffes raclent le sol.
C'est mon âme-soeur. Ma saloperie d'âme-soeur. Ma destinée.
Beau comme une chimère, venu tout droit des enfers pour me juger avec ce regard si brûlant que je le sens crâmer ma peau comme les rayons de soleil à travers un prisme.
Lui aussi me jauge? Lui aussi?
Je veux pas savoir pourquoi ces deux yeux roses ont l'air si tristes. Parce qu'il attendait autre chose? Quelqu'un de digne de lui? Bah surprise, tocard. Moi j'attendais personne.

"Gnugnugnu," je singe, à bouts de nerfs, "Je suis trop noble et trop bien pour le monde, j'ai la classe d'un échappé de Coppola en costume trois pièce, j'ai un balais dans le cul et une épée, gnagna, chuis un vampire ouloulou, les ténêêêêbres..." Il écarquille les yeux, ne s'attendant visiblement pas à ça, mais je continue, trop furieux pour couper une si bonne lancée. "Prends-moi de haut tout ce que tu veux, ton altesse. T'auras pas mieux que moi. Décoince-toi un coup, Bun Bun!"
Je me surprends moi-même, parce que d'habitude, j'en ai rien à péter de ce que pensent les gens, mais là... C'est lui.
C'est lui qui occupe mes jours, c'est à cause de lui que je dors pas, c'est à cause de lui que je...
À cause de lui...

 Il soupire, mais n'arrête pas de me regarder. Je ne sais même pas si j'ai vu ses paupières cligner depuis qu'on s'est assis là comme deux braves chiens de porcelaine.
Son odeur... Je sens son odeur de violette m'envelopper. Me tenter, presque.

"Tu te rends bien compte que je ne peux pas te laisser revenir vers Seraph?"
Je renifle.
"Sans dec'. Laisse-moi m'évanouir de surprise."
La façon dont il ploie légèrement son cou, sur le côté, dont ses longs cheveux blancs encadrent parfaitement son visage... Ça devrait être interdit.

"Tu sais répondre autrement que par du sarcasme?" Me demande-t-il. Pas vraiment ennuyé, seulement... Perplexe? Je voudrais rentrer sous sa peau et tirer sur ses nerfs autant qu'il tire sur les miens.
"J'avais pas l'impression qu'on avait une conversation," je lâche, m'appuyant sur mes mains posées derrière mon dos, le toisant avec un sourire satisfait, celui qui donne à Lula l'envie de me jeter des parpaings. "Et laisse moi tranquille en ce qui concerne Seraph," j'ajoute quand même. "Il est cintré, mais lui, il a jamais essayé de me buter."
Le sourcil que lève Mothika, élégant, plein de sous-entendus, me griffe la peau.

 "Il a accès à ton esprit..." Déclare-t-il, me rappelant l'évidence. "Il te contrôle totalement..."
Je ricane. Parce que c'est ma méthode d'auto-défense. Parce que les pauvres phéromones que je relâche depuis le début de cette conversation, sans pouvoir les arrêter, ne font que me rendre plus confus, et plus désespéré. Parce que je vois sa marque, et que j'ai l'impression d'observer mon reflet...
"Dis-moi quelque-chose que je sais pas..." Je renifle. "C'est pas toi qui te le farcis, Daddy vamps..."

Il me jette un long regard, avant de détourner les yeux vers un mur dont sortent encore quelques barres d'acier, l'observant avec manie.
"Compte tenu de notre situation..." Sa voix, plus basse d'un octave, tire sur quelque chose de primitif sous mon crâne, "Si, quelque part, je subis également son... Influence. Et plus le temps va passer, plus son emprise sur toi m'affectera... Donc, je ne peux..."
"Tu te rends compte que tu t'es tiré une balle dans le derche tout seul?"
Je voulais pas qu'il termine sa phrase. Je peux pas. Pas Seraph. Pas maintenant.