( à partir de ce chapitre, j'ai beaucoup joué avec des chansons ou des titres de chansons pour mes noms de chapitres, donc je vous mettrai probablement les clips associés...)
La foule du métro le samedi soir. Ballet savamment chorégraphié de danseurs à demi ivres d'une ville vomissant son flot d'âmes en rangs serrés. Costards et stilettos côtoient mendiants et guenilles. Étuis de guitare réparés au gaffer frôlant des attachés cases aux boucles de laiton brossé.
Une multitude de planètes en mouvement dans une galaxie d'étoiles qui s'ignorent, qui s'évitent, qui valsent dans cette danse dont personne ne connaît les pas mais dont tout le monde suit le flot sans s'émouvoir, emporté par le courant de la ville...
Et moi je fends ce courant, remarquant comment la grande silhouette gracieuse de mon assassin se fond dans le décor sans même d'efforts, sans être l'un d'entre eux, pas après pas, ils exhale de confiance et je sens ma poitrine qui saigne.
Si les choses avaient été différentes... Si les circonstances avaient été autres... Je me connais assez pour savoir que je n'aurais pas attendu de lui faire de politesse pour tomber à genoux devant lui, et... Selon la vivacité de mon imagination, ce qu'il se serait passé ensuite dépends, mais... Le résultat aurait été le même. J'aurais été perdu pour tout et tout le monde après ça.
Evidemment que l'univers m'a donné une âme-soeur qui dépasse largement tout mes standards (je ne suis pas assez idiot pour attendre de tous les hommes que je fréquente qu'ils aient un profil de mannequin sur un corps de renaissance Italienne). Évidemment que ce crétin a de l'esprit et de la compassion. Evidemment qu'il me tient la dragée haute sur à peu près tout et ça me rend dingue de bien des manières.
... Je crois que j'essaie si fort de le détester pour ça que ça me vrille les os.
Comble de l'offense, ça ne marche plus si bien...
Je suis mauvais pour haïr. Je marche pas à ça.Nonobstant mon petit dialogue interne de défoncé du bocal, quand on s'approche des tourniquets du métro, je m'apprête à tranquillement frauder comme à mon habitude... Parce que c'est pas comme si l'état allait m'envoyer la note alors que je peux littéralement envoyer n'importe quel contrôleur baver par terre rien qu'en respirant...
Mais mon assassin me devance en passant juste la main sur le tourniquet qui tourne tout seul, et il me traîne avec lui, alors que je sens dans l'air à travers l'habituelle odeur de violette un vieux relent d'odeur cuivrée, la même que lorsqu'il avait utilisé le sceau pour m'empêcher de m'éloigner.
"Pratique ton truc pour frauder..." Je lui lance, galérant comme un chien dans les escalators avec mes sacs chargés de merdouilles bariolées et de sang qui réchauffe trop vite.
"La magie ne devrait pas être utilisée à des fins aussi triviales," me lance-t-il sans émotion, me délestant d'un des deux sacs avec commisération, et probablement un fond de lassitude. "Enfin, c'est ce qu'on m'a appris," ajoute-t-il. "Pour ma part, je refuse de laisser des choses aussi banales m'ennuyer quand j'ai une mission importante..."
Sa remarque me fait pousser un reniflement incrédule, un rire étranglé que j'étouffe pour ne pas lui faire le plaisir de lui montrer qu'il peut être drôle.
"Un voyou," je lui lance, m'extrayant des escalators, traversant les couloirs balafrés de néons, ma casquette me manquant cruellement une fois encore pour protéger mes pauvres yeux. " Une canaille. Un beatnik... À deux doigts de monter un gang."
Je crois que se foutre de sa gueule est en train de devenir une seconde nature pour moi. Il est malheureusement trop détaché pour m'envoyer me faire foutre.
"Fais le malin," m'envoie-t-il seulement, marchant avec aisance dans les couloirs bondés, ignorant les regards curieux sur sa personne avec une obstination que même moi j'arrive pas à atteindre dans les bons jours. Il se tamponne de tout, c'est incroyable."Habituellement," j'explique, plus pour me distraire qu'autre chose, "Je passe à l'aise en envoyant un jet d'effluves au guichetier ou je saute par-dessus le portail, mais... Pour une fois que c'est pas moi qui me fait mater, ça repose, j'avoue." Je croise les œillades inquisitrices des curieux qui le dévisagent sans vergogne. Ici c'est pas les boulevards ou tout le monde se mèle que de ses propres emmerdes, et il faut croire qu'un grand albinos en cuir noir d'un mètre quatre-vingt dix, ça se confonds mal avec les affiches tagguées et le béton écaillé. Curieusement.
"Tu crois que je pourrais me faire un petit hologramme de toi et m'en servir comme distraction?" Je demande, vaguement amusé par l'idée, à deux doigts de me faire imprimer une silhouette en carton de son importante petite personne et de le fixer à un roomba téléguidé.
"On sera morts avant que tu n'aies pu mettre ton plan à exécution," rappelle-t-il d'une voix froide, hésitant entre deux embranchements des couloirs.
"Quelle ambiance..." Je grogne, douché par ce retour à la réalité dans lequel j'ai vraiment pas besoin qu'on me replonge, le guidant vers le quais le plus proche. "Tu fais aussi les anniversaire, ou juste les enterrements?"
Je sais qu'on va crever. Je le sais bien... Comme si j'allais pouvoir passer deux minutes sans y penser...
"Hilarant," commente-t-il, un vague sourire se balançant mollement au coin de ses lèvres.
"Bah comme ça on est deux..."
Quitte à mourir, j'aurais voulu aller dans le nord, remonter jusqu'aux aurores boréales, et me laisser consumer par les déflagrations solaires sur l'atmosphère. Pas de regrets.
Amas de cendres qui pue la clope sur la neige éternelle. Du cendrier tu reviendras au cendrier, mon enfant.
Une fois sur le quais, je me faufile vers l'escalier de service tout au bout, et attend que la petite foule des noctambules trop pressés se soit engouffrée dans la nouvelle rame pour passer par dessus la chaîne dissuadant les débiles dans mon genre de descendre les marches. Le long des voies, je file jusqu'à une porte de service toute proche que j'ouvre d'un coup de hanche, me faufilant à l'intérieur sans que personne d'autre que Mothika ne m'ait suivi.
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MOTHIKA - Âmes-Soeurs Nocturnes (BoyxBoy)
Vampirgeschichten(TW : contenu adulte, smut, bl.) Valère est un jeune vampire qui aime autant sa vie de débauche qu'il déteste ses congénères. Il se tient très loin des autres Vampires et du tribunal Nocturne, et préfère picoler avec son meilleur copain Lycan, et L...