Chapitre 6 : Le début des emmerdes.

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(ouiii, l'arrivée de mon protagoniste numéro deuuuux. Je lui ai déroulé de tapis roule, à celui là...) 
(Sans plus attendre, votre programme <3 ) 


 Je ne peux pas reculer, ne peut pas m'enfuir.
Par réflexe, je diffuse une immense effluve de phéromones, plus intense que je ne m'en sens capable pour le moment. Je ne veux pas crever ici.
Je vois l'agresseur reculer face à la violence de l'odeur qui doit le heurter en pleine face. Cela suffit à sa victime pour le déstabiliser d'un coup d'épaule. L'assassin chancelle, la pointe de son épée heurte le sol gorgé de sang en un tintement humide.
Sa proie, à qui il restait visiblement des ressources, en profite pour utiliser cette fameuse vitesse surhumaine de notre espèce pour disparaître en un rayon flou qui se perd immédiatement dans les rues.
Me laissant seul avec le tueur.

Il a un geste de frustration, n'essaie même pas de rattraper sa victime. Elle est déjà trop loin.
Et je suis toujours coincé contre cette porte.
Sans aucun pouvoir de vampires qui me permettraient de me défendre contre un homme (car vu la carrure c'est certainement un homme) plus que potentiellement dangereux.

Bones m'a appris à me battre, tout de même. Alors je sors mes griffes de mes ongles, me colle contre cette porte, et me prépare à vendre ma peau aussi cher que si je touchais une commission dessus.
Une flopée de mauvais souvenirs me reviennent en tête. J'ai déjà tué des Nocturnes, je connais ce genre de combats. Contraint et forcé, je n'hésiterai pas à recommencer...
Un regard à mes pieds... Les yeux morts de la Chef des Crows me confirment que ce n'est pas son clan qui m'en empêchera, de toute façon.

Quand l'assassin, en un éclair, s'approche de moi, je suis prêt.
Je crois l'être en tout cas. Rapide. Si rapide. Il s'arrête à moins d'un mètre. Bon sang, il est grand. Et me met une bonne largeur d'épaule. Je vais crever.

"Tu te rends compte de ce que tu as fait!"
Sa voix étouffée par son masque en forme de visage de chouette, ou de papillon de nuit, est frémissante de colère. Un timbre assez grave, aux inflexions nobles. De quelle espèce est-il?
"Tu l'as laissé s'enfuir!" Il continue. Je ne vois pas ses yeux sous les vitres teintées de son masque, dépassant du capuchon de sa cape.
Mais je n'ai pas peur. Je n'ai pas peur... Je me mens surtout très bien à moi-même.

"J'ai tout vu," je lance, tout en lui balançant une autre bordée d'hormones, espérant que ça fonctionne mieux que tout à l'heure. "Tu les as tous tués... Je ne te laisserais pas me buter comme eux..."
Il a un instant d'hésitation. J'ai bon espoir que cette fois, les effluves fonctionnent... Peut-être qu'il est seulement dur à la détente...

Blam!
Sans que j'ai même pu esquisser un clignement de paupières, il m'a plaqué contre la porte blindée. Je veux lui planter mes griffes dans le bras. Il attrape mes deux poignets de la main qui ne tient pas son épée, les tire au-dessus de ma tête, me soulevant pratiquement contre la porte, comme un lapin sur l'étal du boucher. Je sens mon coeur bientôt exsangue s'emballer.

Présenté ainsi, je suis à sa merci. Je pourrais réagir, je pourrais... Bordel, je ne suis pas si facile à crever, je veux pas être fragile, je...
Sans lâcher son arme, il soulève le bas de son masque. Me prenant de court. Dévoilant une mâchoire finement dessinée, une peau laiteuse, et... Une paire de crocs de bonne taille derrière des lèvres à peine rosées.
Vampire.
Une saleté de vamps, évidemment...
Un tueur fratricide. Comme moi.

Mon assassin hume l'air qui émane de mon corps, se penchant très légèrement vers moi, vers ma gorge. Il sent mes effluves. Les phéromones ont-elles fait effet?
Pourquoi est-ce que ça ne fonctionne pas? Est-ce qu'il a une soulmark puissante, est-ce que...
Ses propres griffes se plantent dans ma main, m'empêchant de gigoter.
"Ça fait mal! Lâche-moi, ou bouffe-moi, espèce de gros bâtard! Qu'est-ce que tu attends?"

Je sens qu'il m'observe derrière son masque. Qu'il m'étudie...
Les courants d'adrénaline et de terreur pure saturent mon système, m'empêchent de penser librement, et de ressentir autre chose que l'instinct. C'est la première fois que je suis autant en difficulté.
Partir. Partir vite!
Je tire sur mes bras, ignorant la douleur, tente de le repousser d'un violent coup de pied...

C'était la mauvaise chose à faire.
Je me prends une pêche en plein visage, reste sonné une seconde, et me voilà soulevé de nouveau, cette fois par la gorge, contre la porte.
On y est, il va me buter, il va me...

Un bruit dans le parking. Quelqu'un vient.
Il tourne subrepticement la tête, avant de prendre une décision en un éclair.
Je n'ai pas le temps de me rendre compte que je suis déjà en l'air. Avec lui.
Il a fait un de ces sauts qui sont hors de ma portée, s'élevant avec majesté au-dessus du toit plat de la salle de concert, sur laquelle il me jette sans ménagement.

L'instinct prévaut sur la surprise. Je roule en boule et me redresse, dans la poussière de béton voletant sous la lune. Me ramassant en position de combat.
Je sens que mûe par la peur ma peau lance toutes les effluves possibles, même si ça n'a l'air d'avoir sur lui qu'un effet... mitigé.

Cette fois, je m'attendais à sa vitesse.
Quand il se lance sur moi de nouveau, je jette mes griffes en avant, visant les centres vitaux. Il m'évite, avec facilité.
Je n'ai pas envie de me battre, mais je vois mal comment faire autrement. Je n'ai aucune idée de comment descendre d'ici, aucune idée... Alors je me relance à l'attaque, espérant... Je ne sais pas. Le renverser, me donner le temps de trouver l'escalier de service.
Mes tentatives sont vaines.

Merde... C'est là que je me rends compte que Bones était en réalité un adversaire facile... Et je ne me rappelle pas avoir combattu de vampires qui se contente de simplement m'éviter. Tellement au dessus de mes capacités que je pourrais être un mulot entre les serres d'un oiseau de nuit lassé...
Qu'est-ce qu'il cherche? Il ne se bat pas, ne daigne même pas me contrer...
Pourquoi? Pourqu...

Il attrape de nouveau un de mes poignets en plein vol, et se contente de me repousser vers le bord du toit d'un coup de pommeau dans le ventre qui me plie en deux.
Il joue avec sa proie... Un prédateur, c'est un...
Une nouvelle vague de phéromones, dans le doute...


"Ça ne marche pas," me signale le vampire, en marchant droit sur moi, son épée tendue à son côté. Il a l'air plus ennuyé qu'en colère, plus mû par la curiosité que par l'envie de meurtre.
Mes semelles frisent les derniers centimètres de béton avant le vide. Si je recule plus, je vais tomber dans la rue, de l'autre côté du parking et du charnier...
"La personne que tu as laissé partir va rameuter du monde," m'accuse-t-il, la pointe de sa lame raclant le sol de façon sinistre. "Tu n'as pas idées des problèmes que tu as causés."

"Et alors?" Je carre les épaules. Bravache. Une fausse assurance face à l'inévitable. "Tu vas me buter pour camoufler ton crime? Finir le travail?"
Il penche la tête, si légèrement. Le masque le faisant vraiment ressembler à une chouette face à son dîner. Un traqueur des ombres. Léthal.

"Qu'est-ce que tu es?"
Je reste interdit. Quoi?
"Qu'est-ce que tu es?" Répète-t-il, s'avançant encore vers moi. Mon corps veut reculer. Je tiens ma position. Si je bouge, adieu la compagnie, rideau, fin de séance.
"Tu n'es pas comme les autres vampires..."

Je ne peux pas m'empêcher de rire. La peur. L'absurdité de la situation.
"Et alors?" Je place devant mon visage mes mains aux griffes aussi allongées qu'il m'est possible. Clair sur ma position défensive.
Il penche la tête de l'autre côté, et range son épée dans son fourreau. Pourquoi? J'en sais foutre rien. C'est ma chance.
Mes réflexes agissent plus vite que ma pensée. Je fond sur lui, griffes et crocs en avant, pour me frayer un passage, pour...

Je ne l'ai pas vu bouger.
Me voilà suspendu au-dessus du vide, les pieds ballant vainement dans l'air. Sa poigne fermement serrée au-dessus de ma gorge, écrasant ma trachée.
Je n'ai pas besoin d'oxygène, je me rappelle, essayant de ne pas suffoquer inconsciemment. Son bras est solide comme une barre d'acier. Il ne chancelle même pas sous mon poids. Inconscient de mes coups de pied désespérés. Me tenant comme on tiendrait un chaton furieux.
Je me sens si impuissant... Non! J'ai encore de la ressource! Bones, merci...

"Arrête!" Me lance-t-il encore. "Je ne veux pas te..."
Trop tard. J'ai lacéré ses bras de mes griffes. Arrachant la peau aussi profondément que je le pouvais.
Le geste l'a surpris. Ou alors la douleur.
Je comprends mon erreur quand il me lâche.

Le temps de la chute me permet de formuler une pensée de regret. On a pas idée d'être aussi abruti, tiens...
Et je heurte le sol, épaule la première.
Un concert de craquements répugnants. Une douleur qui me traverse en entier, qui annihile mes sens l'espace d'un instant, mon cerveau décrochant face à la violence du choc.
Mais je n'ai pas le loisir de m'y attarder.
Un humain serait mort. Moi je suis juste salement amoché. Probablement dessoudé de partout, mais heureusement, mes jambes fonctionnent encore.

Je me remet debout à l'aveugle. Je connaît cette ruelle, je m'en sers pour arriver jusqu'à la salle de concert d'habitude...
Si j'arrive à courir, je pourrais regagner la grande rue, et...

Trop sonné, je ne l'ai pas entendu atterrir derrière moi.
Me voilà soulevé à nouveau, aussi léger qu'un fétu de paille.
Traîné dans une impasse adjacente, derrière un conteneur à poubelles, plaqué de force contre le corps puissant de l'assassin, qui me tient dos à lui. Solide comme un tas de briques. Son bras que j'avais pourtant lacéré ne montrant aucun signe de blessure sous les pans en lambeau de sa chemise. Merde, il fait partie de ceux qui cicatrisent instantanément...
Le voilà qui étouffe une de ses paumes contre ma bouche.

C'est là qu'elle m'envahit. Cette odeur de plantes que j'avais perçue plus tôt dans la loge...
La belle affaire.
Au moins, je crèverais éventré par un gars qui pue la violette.
Tu parles d'une consolation...


(il est dans la merdeuuuuh.) 

MOTHIKA - Âmes-Soeurs Nocturnes (BoyxBoy)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant