Chapitre 20 : Le Pacte.

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(yolo les conventions de tatouage, j'ai plus de vies, je vous envoie un chapitre je reviens vite bisoux.) 


 Je ne sais pas comment j'ai réussi à me tirer de là. Mais d'une manière ou d'une autre, j'ai pu me dépétrer de l'étreinte de mon Créateur pour filer aussi vite que possible vers la salle de bain de la salle de sport du penthouse, et je me retrouve devant ce grand miroir, à me passer l'eau du robinet sur la gueule.
Il paraît que ça réveille. Que dans le fond des cerveaux reptiliens de toutes les créatures humanoïdes, l'immersion de nos faces dans la flotte déclenche un instinct profond qui remet nos sens à zéro.
Bordel, j'en aurais bien besoin.

Je me regarde, dégoulinant du museau au menton, à fixer mon reflet...
Je ne sais pas ce qu'il veut. Ce que veut Seraph.
J'ai pas du tout envie de me plonger dans ses envies, dans sa psychée parce que j'ai trop peur de ce que j'y trouverai à mon sujet.
Qu'est-ce que je suis, pour lui? Un outil? Un jouet? Un objet pour la projection de ses désirs?

Réalistiquement, je ne pense pas qu'il m'obligerait à...
Et en fait si. Il n'a jamais attendu mon autorisation pour aucune des choses qu'il m'a faites faire. Me réduisant à l'état de poupée de chair entre ses doigts. Sans aucune volonté, et prêt à ployer à ses moindres petits caprices.
L'instinct du vampire... On ne peut pas résister à nos Créateurs... C'est inscrit dans notre sang, dans notre saloperie de nature.
Il m'a donné son étincelle, mon essence lui appartient, point. Que ça me plaise ou non.

Je presse une main sur ma poitrine, et ferme les yeux, serrant les paupières autant que les dents.
La marque me fait mal. Tellement mal que je peux sentir chacun des embranchements de l'étoile sur ma peau. Elle lutte.
Pour me séparer de Seraph? Consciemment ou non?
Je n'en sais rien. Mais pour l'instant, elle est ma seule planche de salut entre le contrôle total de mon Créateur et mon esprit fracturé. Je sais que je m'y accroche, presque malgré moi.
Merde... Je veux pas de tout ça... Je veux pas...

Je sursaute quand deux mains gelées se posent sur ma taille. Je ne l'ai pas entendu arriver, encore une fois. Il est silencieux comme les saloperies de souffles que je sens sur ma nuque.
Je ne lâche pas mon T-shirt, alors que ses doigts passent sous ma peau, juste au-dessus de mon pantalon, près de mon ventre. Je ne veux pas qu'il sente la marque.
Tout mais pas ça. Pitié, pas ça...

"Que se passe-t-il?" Me demande sa voix de craie et de parchemin froissé. "Je sens ta nervosité, et ta peau est..." Il inspire l'odeur dans ma nuque, son corps de marbre plaqué contre le mien. "Ta peau sent la peur... Est-ce que tu as peur de moi?"
J'ouvre les yeux.

Le miroir me renvoie l'image de son grand corps de statue enlaçant totalement le mien, et mes yeux sombres, terrifiés. Une souris dans les pattes d'un chat. Attendant de se faire bouffer en priant tous les dieux qui n'existent pas d'en sortir en vie.
Et il n'y a pas de dieux pour répondre aux prières des connards de mon genre qui sont déjà morts. Rien que les enfers, qui m'attendent la gueule ouverte.

 "Pourquoi me fuis-tu?" me demande encore mon Créateur, face à mon silence. "N'ai-je pas été bon avec toi? Ne t'ai-je pas donné tout ce que j'avais? Récupéré après toutes ces années? Tu es si précieux à mes yeux, sais-tu..."
Oui, je sais. Mais c'est pas pour me rassurer, vieux...

Je me contente de hocher la tête, sentant ses mains glacées tenir mes hanches, me pressant plus contre lui, contre sa taille. Et son absence de honte que je sens directement à travers les pauvres tissus qui nous séparent. Oh bon sang, tirez-moi de là, c'est un cauchemar...
La marque hurle dans ma tête. C'est la seule chose qui m'empêche de me soumettre totalement, et de faire des choses que je regretterai. Je plante mes ongles à travers mon T-shirt, à l'endroit où elle se trouve. M'ancrant à sa présence.

"Je sais que ce changement de vie est si... soudain pour toi..." Poursuit Seraph, ses iris pâles me dévisageant dans le miroir. "Je suis désolé de te voir si perdu, si loin de tes repères. Mais ce n'est que naturel de rejoindre sa famille, n'est-ce pas?"
Je me contente de hocher la tête. De toute façon, il n'a pas besoin de mes réponses. Il sait déjà ce qu'il veut.
Je ne comprends même pas pourquoi il s'embarrasse de ces questions. Est-ce qu'il préfère que je tombe de moi-même dans son étreinte, est-ce qu'il veut me voir lui céder, me rouler à ses pieds de mon propre chef?

"Je ne veux que ton bonheur, Valère..." Me murmure-t-il, sa bouche sur ma nuque. "Dis-moi... Que pourrais-je faire pour te rendre heureux? N'importe quoi, et je le ferai. J'en ai le pouvoir."
Ça, j'en doute pas... Mais qu'il m'accorde ce que je veux vraiment? Ouaih... Aucune chance.
Mais je risque quoi à essayer? L'entendre me dire non?
"Je veux mes amis," je réclame, ma voix beaucoup plus sèche que je ne l'aurais pensé. "Je veux voir Lula et Bones. Ils me manquent. J'ai besoin de sortir. J'ai besoin d'air, de musique, de concerts. J'étouffe ici..."

Il me fixe quelques instants, la tête par-dessus mon épaule, et je sens le sang pulser dans mes veines jusque dans mon crâne.
Mais plutôt que de me rire au nez, il me fait me retourner, face à lui, mon bassin contre la vasque, bloqué. Il garde une main sur ma taille, l'autre caressant délicatement mon visage, aussi tendre que peut l'être un grand prédateur...

"Je déplore que nos retrouvailles ne suffisent pas à ton bonheur," déclare-t-il posément, son souffle si près du mien, "mais je suis navré de ne pas avoir compris plus tôt à quel point ta vie d'avant était importante pour toi... Il te faudra du temps pour te faire à ta nouvelle existence... J'ai été trop impatient, trop heureux de te retrouver. J'ai oublié que jusqu'à il y a peu, toi tu ne savais pas que je t'ai si longtemps cherché..."
Je me sens... presque coupable? Je n'imagine pas... Chercher quelqu'un pendant vingt ans? Et il n'est pas en colère? Est-ce que c'est sa manière de m'apprécier? Est-ce que les êtres comme lui peuvent même réellement avoir des sentiments?
"Je te propose un marché, alors, Valère..." Son sourire s'étire, sa main s'étalant sur mon cou. "Qui, j'en suis sûr, ne te déplaira pas..."

Je n'ai pas lâché mon T-shirt, griffant presque la marque en dessous pour rester un tout petit peu lucide, lutter contre l'instinct de me plaquer contre lui comme un chaton réclamant sa mère et le laisser faire ce qu'il veut de moi.
"Un marché?"

MOTHIKA - Âmes-Soeurs Nocturnes (BoyxBoy)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant