MOTHIKA - Âmes-Soeurs Nocturnes (BoyxBoy)

Chapitre 31 : Scratch

(hellow again. J'ai pas publié hier parce que l'histoire m'a apprit que publier le dimanche sur Wattpad était profondément inutile.) 
(MAIS!!! J'ai la suite de l'histoire tout beau tout chaud avec Scratch, my dear, my babe, my lovely sassy old darling.) 

 Les Rats sont enfoncés à plusieurs centaines de mètres dans les tunnels, donc il nous faut bien quelques minutes de marche pour y arriver.
Quelques minutes que j'occupe en papotant de tout et de rien avec Eloïs, histoire d'oublier un peu les emmerdes, oublier le regard de mon assassin, la marque qui pulse, mes envies de clopes, mes envies de mort, les pensées traîtres et mon corps qui flanche autant qu'il hurle de pulsions contraire.
Beau joueur, le petit gardien se prête au jeu, ses jambes maigres battant contre mon flanc alors que je tiens toujours sur mon bras, et on débat des derniers CDs que j'ai gravé aux Rats le mois dernier et que je leur ai ramenés après avoir réparé une vieille chaîne Hifi... Quand j'entends la petite toux étonnée de Mothika, qui, s'il ne commente pas la conversation, la suit avec un air vaguement perplexe.

"Quoi, encore?" Je jette dans sa direction, sans savoir si je dois m'attendre à une remarque de sa part. Je sais jamais comment il va réagir, ça me perturbe.
Il peut pas juste être un connard normal? Ca m'simplifierait la vie, teh.
"Je suis simplement curieux," avoue-t-il, ajustant tranquillement le col de sa veste de cuir qui lui cintre décidément bien trop la taille. "Tu ne semble pas du genre à te complaire à écouter les artistes populaires que tu cites..."
"C'est Valère qui nous a fait découvrir la musique moderne," défend Eloïs, lui accordant une moue pleine de jugement. "Il a chopé plein de trucs différents pour nous, depuis qu'on le connaît. Il se donne du mal."

Je vois le début d'un haussement de sourcil se dessiner sur son visage de neige, et ça me fait grincer des dents.
"Il faut un permis, maintenant, pour aimer des trucs en dehors de ses clichés?" Je crache, peu amène. "Quoi? Je dois juste boire de la bière tiède en faisant des headbang sur du deathcore?"
Si je suis honnête, dans les bonnes nuits, ça reste plus de cinquante pour cent de mon activité, mais quand même, à force je pensais qu'on avait dépassé le stade du jugement débil...
"Hilarant," siffle-t-il avec une soudaine raideur, "de défendre le droit à sortir autant du cadre, de la part de quelqu'un qui essaie si violemment de me faire rentrer dans les préjugés étriqués d'une espèce qui n'est même pas la mienne."

 Ouch. Un partout, j'imagine. Celle-là, je me la ramasse comme une balle perdue directement au coin de la cafetière. Il a raison... On se méfie ou on se jauge, lui et moi, mais finalement....
"Ohohoh," ricane Eloïs, dans la manche de sa chemise de nuit, "C'est bien ton âme-soeur. Il a le même caractère de merde."
"Hey!" Je lui lance un regard presque outré. "Mais dans quel camp t'es, toi?"
"Le tiens," qu'il me déclare, avec son sourire de chaton édenté, "Donc le sien."
"Tss... Non mais je te jure..." Je souffle, ses mots déclenchent un violent inconfort sous ma peau.
"La vérité sort de la bouche des enfants," assène mon assassin, le soupçon d'un sourire victorieux au coin de sa bouche.
"Vas-y, ta gueule."

J'ai pas envie de me perdre en argumentation pourrie. J'ai de moins en moins envie de me disputer avec lui, de toute façon. Je me sens céder comme une bête qui montre le flanc pour qu'on l'achève tout en espérant une dernière caresse de pitié... Ça me dégoûte, ça me terrifie...
Mon assassin est en train d'étendre son territoire sur des parties de mon esprit que je voulais soigneusement gardées tout comme la marque s'empare de ma peau, se glissant sous mes tatouages... Ça ne me plaît pas, mais j'en veux plus encore.
C'est pas possible, je pourrais préfacer le manuel du petit masochiste. Mais...
Je veux savoir qui m'accompagne, qui vit dans mes rêves, qui respire dans ce coin de ma tête depuis toujours, qui...

Heureusement, on arrive à une petite palissade de cartons et de tôles bouchant le tunnel sur toute sa largeur, jusqu'à son sommet, et il suffit d'en ouvrir un pan délabré et pourrit pour déboucher sur le nid des Rats.