Chapitre 33

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Un cri sévère, perçant, déchira brutalement le silence paisible, arrachant Gwendolyn des bras d'un sommeil brumeux et désorienté.

Loin de la douleur, loin de l'angoisse, elle se sentait soudainement flottante, légère, comme si elle était suspendue entre deux mondes.

Il n'y avait plus de souffrance, seulement cette étrange sensation de libération, d'apaisement, comme si tout ce qui pesait sur elle s'était évaporé dans l'éther.

Tout autour d'elle semblait irréel, flou, les contours du monde se dissolvant dans un brouillard cotonneux.

Elle ne savait pas si elle rêvait ou si elle se trouvait réellement dans cette étrange limbe, mais cela n'avait plus d'importance.

Ce flot de calme aurait pu la submerger entièrement, l'emportant loin de ses tourments, si ce n'était pour un détail qui commençait doucement à émerger de cet océan de quiétude.

Un son perçait le voile de son esprit, comme un éclat de lumière à travers un nuage dense.

C'était une voix, une voix familière qui franchissait les brumes de son inconscience, l'appelant à revenir.

D'abord lointaine, elle se fit plus distincte, plus pressante.

Et avec elle, un sentiment de gêne commença à remuer en elle, un inconfort familier, comme un poids qui revenait doucement s'installer sur son corps et son esprit.

Elle ne savait toujours pas si elle rêvait ou si tout cela était réel, mais elle n'avait aucun doute sur l'identité de celui qui parlait.

C'était Duncan , son époux, et la gravité de ses mots transperçait son état semi-conscient comme une flèche tirée avec précision.

— Tu es la femme la plus obstinée que j'ai jamais connue, grogna-t-il d'une voix basse, rauque, presque cassée par l'inquiétude.

Je te commande, Gwendolyn, ne meurs pas ! Pas toi, pas maintenant ! Tu n'es pas celle qui abandonnerait si facilement, tu es bien plus forte que ça.

Tu m'as défié plus de fois que je ne peux compter, et maintenant je te l'ordonne encore une fois : tiens bon !

La voix de Duncan vibrait d'une émotion qu'il ne laissait que rarement transparaître, un mélange de colère, de peur et d'une affection si profondément enfouie que même dans un moment comme celui-ci, il peinait à l'exprimer.

Duncan n'était pas un homme habitué à se laisser emporter par ses émotions, un homme de marbre, solide comme la roche qui formait les montagnes des Highlands.

Mais la voir ainsi, allongée, si vulnérable, éveillait en lui une terreur qu'il ne pouvait dissimuler.

Il ne savait pas comment gérer cette peur, alors il la couvrait de l'unique manière qu'il connaissait : par la force de ses ordres, par cette autorité qu'il avait toujours exercée sur elle, espérant que cette fois encore, elle obéirait.

Gwendolyn, toujours engourdie, fronça légèrement les sourcils.

Le monde autour d'elle restait brumeux, et pourtant, elle entendait chaque mot avec une clarté douloureuse.

Quelle audace ! Comment osait-il lui parler ainsi, la commander alors même qu'elle se trouvait à la frontière entre la vie et la mort ? Lui, toujours si fier, si dominateur, croyait-il vraiment qu'il pouvait encore une fois la soumettre par ses ordres autoritaires, même dans un tel moment ?

Un éclat de révolte traversa son esprit épuisé. Si seulement elle en avait eu la force, elle se serait levée pour lui prouver qu'elle n'obéissait à personne, pas même à lui.

Le Guerrier et la Tentation : L'Épopée de Mackenzie Où les histoires vivent. Découvrez maintenant