Chapitre 3

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Ce matin-là, j'étais arrivée tôt au café, avant même l'agitation habituelle des clients. Le silence était paisible, et j'en profitais pour organiser le comptoir et vérifier la vitrine des desserts. C'est à ce moment-là que la clochette de la porte a retenti.

Je me suis retournée et l'ai vu entrer. Lui, le brun que je remarquais de temps à autre. Il avançait tranquillement, son regard calme glissant sur la salle vide avant de se poser sur moi.

Un instant, j'ai senti mon cœur s'emballer.

Je me suis approchée, essayant de paraître détachée.

— « Salut, » ai-je dit, brisant le silence. « Tu veux quelque chose ? »

Il a haussé un sourcil, puis a laissé ses yeux dériver vers le gâteau au chocolat derrière la vitre. Un sourire subtil a éclairé son visage.

Je n'ai pas attendu qu'il réponde, et j'ai pris une assiette pour y déposer le morceau de gâteau, le posant ensuite sur une table.

— « C'est pour toi, » ai-je murmuré en l'invitant à s'asseoir.

Il s'est installé, et je me suis assise en face de lui, essayant de contrôler la vague de nervosité qui montait en moi. Le silence entre nous avait quelque chose de lourd et de léger à la fois, une étrange complicité flottait dans l'air.

Il a pris une bouchée du gâteau, et je l'observais en silence. Ce n'était pas souvent qu'on se retrouvait seuls, juste lui et moi, sans le bruit des autres clients. Pour la première fois, j'avais envie de profiter de cet instant, de savourer ce calme inhabituel.

— « Tu viens souvent ici, » ai-je lancé, comme pour combler l'espace entre nous.

Il a hoché la tête, souriant un peu.

— « J'aime bien cet endroit, » a-t-il répondu doucement, son regard perçant scrutant le mien.

Il n'y avait aucune explication derrière ses mots, mais cela me suffisait. Nous nous sommes contentés d'échanger quelques banalités, mais chaque phrase, chaque sourire, semblait charger l'air d'une électricité douce et invisible. Il y avait quelque chose de suspendu, comme si le temps lui-même s'arrêtait pour nous laisser flotter.

Nos regards se croisaient de temps à autre, et je sentais que j'aurais voulu que cet instant dure un peu plus longtemps, que ce moment, aussi simple soit-il, reste figé dans le temps.

Puis il a posé sa tasse, m'adressant un dernier regard.

— « Merci, pour le gâteau, » a-t-il murmuré, son sourire doux et mystérieux.

Je l'ai regardé se lever et partir, et pendant un instant, je suis restée seule dans ce café silencieux, le cœur léger.

Je ne savais pas pourquoi, mais ce moment partagé avec lui m'avait semblé à la fois si léger et si profond.

L'après-midi s'est écoulé, mais mon esprit restait accroché à ce moment avec lui ce matin.

Chaque fois que je tentais de me concentrer sur autre chose, son image revenait, et les mots qu'il avait dits tournaient en boucle dans ma tête.

Les heures de service se succédaient, les clients entraient et sortaient, mais je n'étais pas vraiment là. Je revoyais ce regard intense, ce léger sourire qui avait illuminé son visage lorsqu'il avait goûté le gâteau.

C'était la première fois que je le voyais aussi détendu, aussi proche.

Quand la cloche a sonné pour marquer la fin de ma journée, j'ai pris un moment pour souffler.

Le café était enfin vide, et le calme m'enveloppait comme un manteau réconfortant. Je me suis assise à l'une des tables près de la fenêtre, là où il avait été assis ce matin.

Mon esprit divaguait, et, malgré moi, je me surprenais à imaginer ses lèvres, leur forme, le goût qu'elles auraient. Je pouvais presque sentir la chaleur de son corps près du mien, la douceur de son souffle contre ma peau. Mon cœur battait plus fort à l'idée d'un tel rapprochement, d'une étreinte qui durerait un peu plus qu'un simple instant.

Puis, d'un coup, je me suis secouée, revenant brusquement à la réalité.

Qumest ce qu'il m'arrive ? Pourquoi ces pensées ? Je me sentais bêtement vulnérable, comme une adolescente perdue dans ses fantasmes. C'était ridicule, et pourtant, je n'arrivais pas à réprimer cette sensation, ce désir naissant, cet intérêt grandissant pour lui.

Je me suis levée, tentant de chasser ces pensées. Il fallait que je me reprenne. Peut-être que tout cela n'était qu'une illusion, une histoire que je me racontais à cause de cette solitude que je ressentais parfois.

J'ai éteint les lumières du café, et en verrouillant la porte, je me suis promis de ne plus penser à lui.

Mais je savais déjà que c'était une bataille perdue d'avance. Car dans le calme de la nuit, seule dans mon lit, je sentais déjà que son image viendrait me hanter encore une fois.






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De voleur à loveur II : Abir storyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant