La journée s'étire, et bien que mon esprit soit encore un peu sous le choc de ma rencontre avec Jabari, je refuse de laisser cette expérience gâcher mon moment.
J'essaie de me concentrer sur mon rêve, sur le fait que cette histoire tumultueuse entre nous est une épreuve qui me façonne.
Je me souviens après qu'il est encore disparu, de ces mois où j'ai cherché à le retrouver.
Les premières fois où je suis passée devant l'adresse du bout de papier, le souvenir des deux mecs qui avaient failli m'agresser reste gravé dans ma mémoire..
Je m'étais imaginé qu'en me mettant en danger encore une fois il réapparaîtrait peut être comme dans un film pour me sauver, mais j'ai rapidement changé d'avis.
Les premiers mois ont été une lutte.
Je scrutais chaque voiture qui ressemblait à la sienne, je cherchais des gens avec sa carrure, son style.
Au fil du temps, j'ai fini par passer à autre chose. Aujourd'hui, un an plus tard, tant de choses ont changé dans ma vie, et je me demande comment il peut revenir si simplement, comme s'il n'était jamais parti, et prendre toute la place dans mon cœur.À 19 heures, je sors du magasin et je le vois, assis sur un banc, absorbé sur son téléphone.
Je m'approche de lui, et il lève la tête avec un sourire. Lorsqu'il se lève, je ne peux m'empêcher de constater à quel point sa carrure est impressionnante. À côté de lui, je me sens presque minuscule.
— "T'as faim ? On peut aller manger quelque part," me propose-t-il.
— "D'accord," je réponds, l'adrénaline me parcourant. Je réalise que je vais vivre un vrai rendez-vous avec Jabari.
Je lui dis que je suis garée sur le parking, et il sourit en me disant qu'il est content que je ne prenne plus ce « sale bus ». Je souris aussi, consciente qu'il connaît mes habitudes sans que je lui en aie parlé.
— "Je t'emmène au resto, et après on retournera au parking pour que tu prennes ta voiture," ajoute-t-il.
Il a changé de voiture : toujours une Mercedes, mais un autre modèle, noire comme avant.
À l'intérieur, l'atmosphère est calme. Une tension palpable flotte dans l'air. Le trajet se déroule sans accrocs, et bientôt, il se gare devant un restaurant un peu excentré, loin de l'agitation de la ville. L'endroit est calme, discret, et a une ambiance romantique.
Une fois installés, il se comporte comme un vrai gentleman, tirant ma chaise et me demandant ce que je veux boire.
Je suis un peu perdue, mais il semble à l'aise, et je suis contente de le voir prendre les rênes.
Nous parlons du menu, puis je pose la carte.
— "J'ai fait mon choix. Je pense que tu as fait le tien. Est-ce qu'on peut commencer à parler ou pas ?" lui dis-je.
Il se penche en arrière, regardant ses mains avant de répondre.
— "Désolé, j'voulais pas rendre ça gênant. J'me suis dit que parler du menu rendrait le truc un peu plus normal, même si y'a rien de normal dans ce que je t'ai fait, et dans notre relation."
Je reste silencieuse, la tension palpable entre nous.
Mes mots le blessent visiblement, et je réalise que je suis trop directe.— "Tu sais, j'te comprends. Enfin, j'dis que j'comprends, mais j'peux pas vraiment parce que j'suis pas à ta place. J'essaie juste d'imaginer ce que j't'ai fait subir," il dit, son regard s'assombrissant.
Je me sens submergée. J'ai tellement imaginé cette conversation dans ma tête, mais face à lui, je ne sais pas par où commencer.
Finalement, je me contente de lui poser une question anodine :