Le cadeau de Jabari

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*SUITE DU FLASH BACK*
Ça fait neuf mois que j'suis là, en Algérie. Neuf mois que j'ai disparu de la vie d'Abir. Je m'lève tôt, comme d'hab', et j'file direct à la maison que j'suis en train de rénover.

Cette baraque, en plein milieu d'la nature, loin des embrouilles. Elle a de la gueule maintenant, cette maison. Piscine à débordement, atelier lumineux – tout c'qu'il faut pour elle. J'la vois déjà, Abir, là, en train de créer ses parfums. J'sais que ça va lui plaire, elle mérite que le meilleur.

Quand j'suis arrivé ici, j'savais que j'allais avoir des trucs à régler. Mon père, par exemple. Il est resté ici, en Algérie, pendant que ma mère – paix à son âme – se battait en contre cette foutue maladie. Y a toujours eu de la rancœur, tu vois. Mais bon, fallait que je lui parle, que je mette les choses au clair. Alors on s'est posé dans un café, au bord d'la mer. On a parlé. De tout, de rien, mais surtout d'Abir. J'lui ai raconté cette histoire, comment elle m'a pris la tête et le cœur, cette meuf. Et là, il m'sort : « Mon fils, quand tu tombes sur celle qui t'fait vibrer, tu lâches pas. » Ces mots, ils m'ont retourné. Il a raison, l'ancien.

Alors ouais, j'me suis défoncé pour cette maison. C'est plus qu'une baraque, c'est un symbole. C'est pour elle. Pour nous. J'ai bossé avec un architecte, j'ai tout choisi, tout calculé pour qu'elle se sente chez elle. Y'a même un arbre à chat pour son chat qu'elle aime tant.
Tout est prêt. Maintenant, j'suis prêt à retourner là-bas, la retrouver. J'ai laissé mon cousin Malik gérer les affaires, mais bon, c'est pas si simple de se tirer d'ce monde. J'essaye, tu vois. Pour elle. Parce que quand j'la vois, j'me dis que tout ça, c'est rien comparé à ce qu'on pourrait vivre ensemble.


Avant de prendre mon billet pour rentrer en France, j'suis là, en train de cogiter sur le fait d'aller en Irak, le pays de ma mère, pour voir la famille. Mais j'me dis que ça va trop me retarder. J'ai pas le temps pour ça. Je dois impérativement rentrer, surtout avec tout ce qui s'est passé. Je me promets d'y aller bientôt, avec Abir, si tout se passe comme prévu. Un jour, je veux lui montrer mes racines, tu vois.

Alors, dès que j'atterris, je file direct chez ma sœur. Elle m'accueille comme un roi, me dit que je lui ai trop manqué. Les petits, ils ont grandi de ouf. À cette vitesse, j'crois qu'ils ont pris dix centimètres en neuf mois ! En rentrant, je passe forcément par le quartier. Malik, il gère les affaires, mais il manque encore un peu de maturité. Je vais devoir reprendre les choses en main, mais j'essaie de rester un peu éloigné de tout ça.

La fumette, j'ai essayé de stopper, mais la clope, ça, j'y arrive pas encore. Pour le shit et l'alcool, j'ai plus trop envie. J'suis pas le même gars qu'avant. J'ai même repris la prière, un truc que j'avais mis de côté. Ça me fait du bien, tu sais.

Un jour, je prends ma petite nièce, la petite dernière, pour faire les magasins. Elle a huit ans, et elle est tout sourire, impatiente de sortir.

— "Tonton, s'il te plaît, j'ai envie d'aller chez Sephora !"

Je lève un sourcil, pas sûr de ce que j'entends.

— "Sephora ? Mais t'es sûre, ma belle ? À huit ans, tu veux vraiment aller là-bas ?"

Elle croise les bras, le regard déterminé.

— "Non, tonton ! Je veux juste voir le maquillage, comme celui que maman achète. S'il te plaît !"

Je soupire, mais son sourire me fait craquer.

— "Bon, d'accord, mais juste pour regarder, hein ? Pas question d'acheter des trucs, tu sais. T'as pas encore l'âge pour ça."

— "Promis, je vais juste regarder. Allez, tonton, je t'aime trop !"

Elle me tire par la main, toute excitée. On arrive chez Sephora, et elle est tellement contente. Moi, pendant qu'elle s'émerveille devant les rouges à lèvres, j'en profite pour jeter un œil aux parfums pour hommes. Et là, je tombe sur une affiche qui me foudroie : mon nom en gros, écrit en lettres capitales, associé à un flacon grave élégant. Je suis choqué, frère.

Mon prénom, j'le vois écrit là, et j'me dis que c'est impossible. J'ai jamais entendu quelqu'un s'appeler comme moi, même pas à l'école ni au quartier, même pas un.

Je fixe l'affiche, et ça me fait bugger. C'est fou, comment ça peut être possible ? Je scrute un peu plus et, au fur et à mesure, je réalise que c'est elle, c'est Abir.

C'est sûr que c'est elle qui a créé un parfum en mon honneur. Mon cœur bat à mille à l'heure. Si elle a fait ça, ça veut dire qu'elle pense à moi, qu'elle se souvient de moi.

Je me sens touché, comme si elle m'envoyait un message fort. C'est un geste énorme, un vrai cadeau, et je suis tellement heureux. J'me dis que c'est dingue qu'elle ait voulu faire ça. Je reste là, devant l'affiche, les yeux rivés sur mon prénom et ce flacon, et j'ai l'impression que tout ce qu'on a vécu prend enfin un sens.

Ma nièce, elle revient vers moi, un sourire innocent sur le visage.

— "Tonton, ça va ? Pourquoi tu regardes ça comme ça ?"

Je lui réponds avec un sourire, mais au fond, je suis encore sous le choc.

— "Euh... C'est juste un truc qu'Abir a fait, ma chérie. C'est... incroyable."

Elle ne comprend pas trop, mais ça ne m'empêche pas de me sentir prêt à prendre des risques, à aller vers elle. C'est le moment.

La date de lancement est dans un mois, ce qui me laisse juste assez de temps pour régler mes affaires, peaufiner les détails et revenir dans sa vie. Une bonne fois pour toutes, je suis prêt à tenter le tout pour le tout, à construire un avenir avec Abir, et cette fois, j'me cacherai plus.







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De voleur à loveur II : Abir storyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant