Chapitre 4

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Aujourd'hui, c'était encore une de ces journées interminables. À peine sortie de mon poste de caissière, je devais déjà enchaîner avec mon job de serveuse. Les mêmes gestes, les mêmes sourires forcés, et ce cliquetis incessant de la caisse qui résonne dans ma tête. À ce rythme, je me demande parfois où je trouve encore la force de sourire, de servir les clients sans laisser paraître ma fatigue.

Mais aujourd'hui, quelque chose m'a perturbée. Quelqu'un manquait.

Lui, le brun qui s'installe toujours à la même table. Cela fait des semaines que je le vois régulièrement, toujours assis là, dans son coin.

A force de le voir, sa présence m'est devenue familière, presque rassurante. Sans vraiment m'en rendre compte, je me suis mise à le chercher des yeux dès que je rentre dans le café. Un sourire naît sur mes lèvres chaque fois que nos regards se croisent, même si ce n'est que pour une seconde.

Et aujourd'hui... il n'était pas là. J'ignore pourquoi, mais ça m'a fait quelque chose. Comme un vide, une absence que je n'avais pas prévue. Je m'étais même préparée un peu plus que d'habitude ce matin, un trait de mascara en plus, une touche de parfum. Ridicule, n'est-ce pas ?

Tout ça juste parce que je pensais le voir. Mais il n'est jamais venu, et j'ai passé la journée à me demander où il était, ce qu'il pouvait bien faire, et surtout, pourquoi je ressentais ce manque.

Quand la journée s'est enfin terminée, j'étais épuisée. Le bus m'a déposée à mon arrêt habituel, et là, dans la pénombre, j'ai vu Carly, mon chat, qui m'attendait. Elle m'a suivie jusqu'à mon immeuble, un peu comme si elle savait que j'avais besoin de compagnie.

En montant les marches, je me suis dit que la journée allait enfin se terminer, que je pourrais rentrer chez moi et oublier ce sentiment de vide qui me rongeait.

Puis, je l'ai vue. Une boîte posée sur le palier de ma porte. Une simple boîte de la taille de celle d'une paire de chaussures.

Mon cœur s'est mis à battre plus fort. Ce geste me rappelait des souvenirs lointains, une époque où j'attendais quelque chose qui ne venait jamais. J'ai pris la boîte, et sans trop savoir pourquoi, je l'ai serrée contre moi avant d'entrer.

Une fois à l'intérieur, j'ai posé la boîte sur la table basse et je me suis laissée tomber sur le canapé. Mes chaussures, mon sac... tout a volé autour de moi. Je fixais la boîte, incapable de décider si je devais l'ouvrir ou non.

Et puis, finalement, ma curiosité a pris le dessus. En soulevant le couvercle, j'ai découvert trois flacons de parfum : L'Interdit de Givenchy, Libre d'Yves Saint Laurent, et Chanel N°5.

Je les ai regardés, un par un, et j'ai senti une émotion monter en moi. C'est comme s'ils avaient été choisis juste pour moi, en connaissance de cause. Je ne pouvais m'empêcher de me demander : qui aurait pu savoir que ces parfums-là comptaient pour moi ? En fouillant un peu plus dans la boîte, j'ai trouvé un petit mot, soigneusement plié.

"Pardon pour mon absence, Abir. Un clin d'œil à ton talent pour les parfums. À bientôt."

Je me suis figée. Mon prénom. Mon goût pour les parfums. Qui d'autre que lui aurait pu deviner ? Ce cadeau, ces mots, c'était forcément de lui.

Comment savait-il tout cela ? Mon esprit s'est mis à tourbillonner. J'étais touchée, vraiment. Mais en même temps, une colère sourde m'a envahie.

Ce même homme m'avait laissé attendre une fois, là, seule sur ce banc. Une heure et demie à me demander s'il viendrait. Et maintenant, il réapparaît comme si de rien n'était, avec des cadeaux et des mots doux.

Pourtant, malgré cette frustration, je ne pouvais pas m'empêcher de sourire. Ces trois parfums, je les avais étudiés en détail. Chacun d'eux avait une histoire, une signification pour moi. Et qu'il ait choisi ces fragrances en particulier, c'était un geste qui me touchait plus que je ne voulais l'admettre.

J'ai pris les flacons et je les ai posés sur la commode de ma chambre. Encore dans leur emballage, ils semblaient m'attendre, comme une promesse non dite.

Et moi, je me suis glissée sous les draps, l'esprit envahi par mille questions.

Comment pouvait-il savoir tout ça ?
Qui était-il vraiment ?

Malgré tout, un sourire persistant flottait sur mes lèvres. Car, oui, je devais bien l'admettre : son absence m'avait manqué, et sa présence dans ma vie me faisait plus d'effet que je ne voulais l'avouer.




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De voleur à loveur II : Abir storyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant