« Pleure pas, s'il te plaît, » murmure-t-il doucement, tout en continuant d'essuyer mes larmes du bout des doigts. Sa voix est basse, presque brisée, comme s'il partageait ma peine.Je hoche la tête, tentant de reprendre le contrôle de mes émotions, un peu comme un enfant qui se remet doucement d'un gros chagrin. J'essaie de lui montrer que je vais bien, ou du moins que j'y travaille.
Il me sourit, mais c'est un sourire triste, lointain. Ce n'est pas un sourire de réconfort, mais plutôt celui d'une personne qui ne sait pas comment apaiser la douleur de l'autre. Ses yeux reflètent une mélancolie qui fait écho à la mienne.
Après un instant, il s'enfonce dans le siège de la voiture, son regard perdu dans le vide devant lui. Le silence s'installe entre nous, pesant mais étrangement apaisant. Nous restons là, chacun absorbé dans ses pensées, liés par ce moment de tristesse partagée.
Je cherche son regard, le cœur battant.
— « C'est toi, alors ? » ma voix tremble légèrement, mais je veux savoir.
Il ne répond pas.
Il continue de fixer la route droit devant lui, sans détourner le regard., laissant le silence répondre à sa place.
— « S'il te plaît, dis-moi que je ne suis pas folle. »
Il finit par soupirer, son regard dur s'adoucit un instant.
— « T'aurais jamais dû venir là-bas. Deja, Qu'est-ce que tu foutais là-bas ? Comment tu connais cet endroit ? »
Je prends une grande inspiration.
— « Le papier... Un jour, tu avais laissé un papier, et j'ai... »
— « Pourquoi ? » me coupe-t-il brusquement.
— « Parce que j'ai besoin de savoir. Ça me torture l'esprit. »
Il se tait, observant le vide devant lui. Il finit par murmurer :
— « Torture ? »
— « Pas seulement, » j'ajoute, d'une voix plus ferme. « Mais tu n'as pas le droit de juste apparaître, puis disparaître, comme si de rien n'était. »
Il me fixe, impassible, sans rien répondre.
Ses yeux m'enveloppent, et malgré moi, ma frustration s'efface.
Je suis enfin face à cet inconnu qui a hanté mes pensées pendant des semaines, et je réalise que tout ce que j'avais imaginé s'efface devant la réalité de sa présence.
J'ai tant de questions.
Pourquoi me laissait-il ces cadeaux ?
Pourquoi semblait-il aussi proche et lointain à la fois ?
Mais il y en a une qui brûle plus que toutes les autres, celle que mon cœur me pousse à poser...
— « J'ai tant de questions, » dis-je, d'un souffle presque imperceptible.
Il baisse la tête, semble hésiter, puis relève ses yeux vers moi.
— « J'suis désolé. »
Je comprends qu'il ne répondra à rien.
Ce n'est pas un refus, c'est comme s'il s'excusait pour tout ce mystère, tout ce qu'il ne me dira jamais.
Il remet le moteur en marche, et je n'ai plus la force de lutter. Alors je m'assois, épuisée, silencieuse, et je me laisse porter.
Nous arrivons enfin devant chez moi.
Je reste un moment assise, hésitant à sortir. Il ne me regarde pas, mais je sens qu'il est toujours là, comme s'il attendait quelque chose.
— « Je peux au moins avoir ton prénom ? »
Le silence revient. Je comprends encore une fois que je n'aurai pas de réponse à ma question.
Je finis par ouvrir la portière et descends.
Mais à peine ai-je fait quelques pas qu'il sort de la voiture et me suit jusqu'à ma porte. Je sens sa présence derrière moi, si proche, presque palpable.
Je me retourne, et là, on se fixe dans le yeux quelques secondes.
Puis...
Sans un mot,
il m'attire contre lui,
ses bras m'enveloppent.Son torse est large, solide, et pour la première fois, je me sens vraiment en sécurité.
Je ferme les yeux, profitant de cet instant suspendu.
Il baisse la tête et dépose un baiser sur mon front, ses lèvres chaudes et douces.
Mon cœur s'emballe, et avant que je puisse dire quoi que ce soit, il murmure enfin :
— « Jabari... »
Il me relâche doucement et il me caresse la joue comme pour me dire "prend soin de toi"
Enfin, il s'éloigne doucement, me laissant là, le cœur battant, son prénom résonnant encore dans ma tête.
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