Cette année, pour boucler mon cursus, je dois présenter un projet de fin d'études en parfumerie.
C'est simple en apparence : créer un parfum qui réponde à un cahier des charges exigeant, prouvant ainsi ma maîtrise des arômes et de la technique. Mais rien ne me paraît simple. Depuis des semaines, je travaille sur cette fragrance. J'ai essayé des dizaines de combinaisons, en quête de quelque chose de puissant, de vrai. Et pourtant, je doute. Les attentes sont élevées, et j'ai cette pression constante d'être à la hauteur.En parallèle, je bosse toujours à mi-temps comme caissière. Même si mes études sont payées, il me faut bien vivre, alors je continue à assurer mes heures. Ça me permet de rester dans une certaine routine, et je me sens utile, occupée. Ce boulot, aussi banal soit-il, m'apporte un peu de stabilité. Et il y a toujours des visages familiers, des clients qui reviennent.
Aujourd'hui, par exemple, ce garçon est repassé. Je l'avais déjà vu plusieurs fois. Toujours souriant, un visage agréable à regarder, et un charme discret. Mais aujourd'hui, il m'a laissé son numéro. Je l'ai pris sans savoir trop quoi en faire, un peu surprise. Le bout de papier traîne encore dans mon sac. Je me dis que peut-être, envoyer un message ne coûterait rien. Après tout, j'ai décidé de tourner la page, non ?
Je m'endors là-dessus, le numéro toujours dans un coin de mon esprit.
Le lendemain, je décide d'aller dans un garage pour acheter une voiture. Avec le budget que j'ai réussi à économiser, je peux me permettre ce petit luxe. J'entre dans le garage, un peu nerveuse, pas certaine de savoir par où commencer. Mais là, devant moi, c'est le même garçon. Celui de la caisse, celui qui m'a laissé son numéro ! Il est là, habillé en mécanicien, ses mains encore noircies par le travail, mais avec ce même sourire. Il m'accueille, tout naturel.
Je lui explique que je cherche ma première voiture, avec un budget de cinq mille euros. Il me rassure, m'explique que c'est suffisant pour trouver quelque chose de solide, et il me guide parmi les véhicules. C'est étrange, mais dans cet environnement, il paraît différent. Plus assuré, plus dans son élément. Il parle avec confiance, me décrit les options, et je me laisse prendre au jeu. Il est professionnel, mais on sent aussi une touche de charme dans ses mots, surtout quand il me jette un regard en coin.
Finalement, je signe le contrat, soulagée et un peu excitée par cette nouveauté. Avant que je parte, il me lance : « T'as mon numéro, hein ? J'attends toujours ton message. » Et il me fait un clin d'œil.
Sur le chemin du retour, je me dis que peut-être, cette fois, je devrais essayer. Juste un petit message, pour voir où ça mène. Une impulsion que je suis prête à suivre, pour une fois.
Pendant une semaine, on discute par texto. Il s'appelle Kader, un prénom d'origine ouest-africaine qui lui va à ravir. Il a un sens de l'humour qui me fait rire aux éclats, et chaque message est une bouffée d'air frais. C'est léger et agréable, et ça me rappelle que flirter peut être plaisant. Ça faisait longtemps que je n'avais pas parlé avec un garçon, et j'avoue que cela me manquait. Je reste une femme, après tout, avec des envies de complicité et de connexion.
Je lui parle de mes études, de mes projets de parfum, et bien sûr, je ne peux pas m'empêcher de mentionner Carly, mon chat. Il me répond avec des anecdotes sur sa vie de mécanicien, sa passion pour les voitures, ce qu'il fait de ses mains depuis des années. J'adore entendre ça ; c'est attirant de voir quelqu'un si passionné par son travail. Je me reconnais un peu en lui, car j'ai aussi cette envie de créer, de fabriquer quelque chose de mes propres mains.
À l'issue de cette semaine de messages, il me propose un rendez-vous pour le vendredi soir. Je suis hésitante au début, mais je me rappelle qu'il a toujours été respectueux en tant que client, et nos échanges ont été agréables. Alors, pourquoi pas ? Je me dis que ça ne m'engage à rien et qu'on pourrait passer un bon moment. Sans compter qu'il est vraiment beau : un métisse grand avec une carrure élancée et un sourire à l'américaine. Franchement, je serais bête de refuser. J'en parle à Serena, et elle m'encourage à foncer : « Vas-y, meuf, en plus il est trop sexy ! »
Le vendredi arrive, et je me prépare avec soin. Je veux faire bonne impression sans en faire trop. Je choisis une tenue simple mais élégante, je laisse mes cheveux détachés et opte pour un maquillage léger, juste assez pour montrer que j'ai pris le temps de m'apprêter. Je prends mon sac à main et descends.
Kader m'a envoyé un message pour me dire qu'il est devant chez moi. Quand je le vois, je réalise qu'il est encore plus beau en vrai. Il est habillé simplement avec un haut noir, un jean, et des baskets. Sa montre est soignée, et il est au volant d'une belle Porsche sortie du garage. Je ne sais pas si c'est la sienne, mais il a clairement voulu impressionner pour notre rendez-vous.
On se dirige vers une petite brasserie pas trop loin de chez moi. L'ambiance est décontractée, et la conversation s'enchaîne naturellement, encore mieux qu'à travers nos textos. Kader me raconte des anecdotes de son enfance, et moi, je me contente d'écouter. J'ai du mal à me confier, mais je sens qu'il est sincèrement intéressé à me connaître. Il me pose plein de questions sur mes goûts, mes envies, mes rêves, et je fais de mon mieux pour lui répondre. Mais c'est vrai que je ne suis pas très à l'aise pour parler de moi.
Je pense à Jabari, avec lui, je n'avais pas besoin de parler de moi, il a su lire en moi comme dans un livre ouvert sans que j'ai à lui parler...
Mais je sais qu'il faut que je le sorte de ma tête. Je suis ici avec Kader, et il est temps d'avancer.Après le dîner, Kader me propose d'aller au cinéma. J'accepte avec plaisir. Le film commence, et je sens son bras frôler le mien, il lance quelques regards. Ça reste respectueux, et je suis soulagée de voir qu'il prend son temps.
À la fin de la soirée, il me ramène chez moi. Avant de partir, je décide de lui faire un petit bisou sur la joue, en remerciement pour sa gentillesse et son respect. Il me regarde avec un sourire, et je claque la porte derrière moi, le cœur léger.
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