9 mois et demi.

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                                 288 jours plutard...



Je suis assise dans ce café avec Serena, mon ancienne collègue et amie.

Elle me raconte ses histoires d'amour, ses nouvelles rencontres et ses galères.

Ça me fait sourire de l'écouter. Elle a toujours cette énergie débordante et ce rire communicatif.

À un moment, elle s'emballe en me racontant comment elle a rencontré ce type dans un bar, et je me retrouve à penser à la dernière fois où j'ai vraiment ressenti quelque chose d'intense pour quelqu'un.

C'était il y a presque 1 ans maintenant...

Un frisson me parcourt quand je réalise que c'était avec lui, lors de cette étreinte, ce dernier moment où j'ai senti son corps contre le mien.

Maintenant, ma vie est différente. Grâce à lui, je ne suis plus obligée d'enchaîner les boulots. J'ai le luxe de m'arrêter, de respirer, de prendre du temps pour moi.

Cette grosse somme d'argent qu'il a laissée, je l'ai longtemps regardée avec méfiance. Au début, j'étais incapable d'y toucher. J'avais peur que ce soit de l'argent sale ou que ça cache un piège, comme tout ce qui le concernait. Il y avait tellement de mystères autour de lui que je préférais ne pas y toucher. Mais le besoin s'est imposé, petit à petit. J'ai dû me rendre à l'évidence : cet argent, c'était une chance.

J'ai fini par payer mes études, en entier car oui il y avait assez pour payer la totalité de ma formation avec son chèque.

Ça m'a permis de souffler aussi. J'ai pu m'offrir une tranquillité d'esprit que je ne connaissais pas avant.

Plus besoin de faire des heures au café ou de m'inquiéter de mes factures. Et puis, il y a eu de petites choses, des plaisirs simples que je n'avais jamais osé m'offrir : un bon dîner, un week-end à la mer, des livres que je voulais lire depuis longtemps. Je vis mieux, c'est indéniable. Et, par moments, je ressens une immense gratitude envers lui.

Mais il y a toujours ce vide, cette absence qui pèse. Je me dis que c'est peut-être une sorte de dette émotionnelle, comme si, en plus de m'avoir donné cette liberté, il m'avait pris quelque chose. Il me manque, et parfois ça me surprend à des moments inattendus. Quand je regarde autour de moi et que je me rends compte de tout ce que cet argent m'a permis de faire, je pense à lui, à tout ce que j'ignore encore. Il y a des jours où je me demande si je le reverrai un jour, s'il reviendra pour que je puisse enfin lui parler. D'une certaine manière, il reste le seul mystère que je n'ai pas pu résoudre.

J'aime toujours être chez moi, dans mon petit appartement. C'est un endroit où je me sens bien, où chaque coin me ressemble. Parfois, j'invite des copines, et on se retrouve dans le salon, à refaire le monde autour d'un repas et d'éclats de rire. Carly, ma chatte, nous observe du coin de l'œil, allongée sur le canapé, comme si elle s'interrogeait sur notre drôle d'agitation. Elle finit toujours par se joindre à nous, venant se blottir contre moi, comme pour marquer son territoire au milieu de cette joyeuse pagaille. Il y a quelque chose de réconfortant dans ces moments, de doux et de simple, quelque chose qui me fait du bien. C'est mon espace, mon refuge, et le partager avec celles qui comptent, c'est un peu comme poser des petites pierres sur le chemin de ma vie.

Cette dernière année d'études en parfumerie approche, et je ressens une excitation grandissante. J'ai l'impression d'être sur le point d'accomplir quelque chose d'important, de marquer enfin mon territoire dans cet univers des fragrances. J'ai transformé un coin de mon appartement en atelier improvisé. Là, au milieu des fioles et des essences, je perds la notion du temps, m'enfermant dans mon monde de senteurs et de souvenirs. Parfois, il me semble que chaque goutte que j'ajoute, chaque note que j'assemble, raconte une partie de moi, une part de mon histoire. C'est presque magique, cette alchimie entre les éléments qui, peu à peu, prend forme et vie.

Aujourd'hui, alors que je rangeais quelques affaires, mon regard s'est posé sur un flacon bleu que j'ai créé.

Il a la forme d'une pierre précieuse, avec un bouchon qui capte la lumière d'une manière fascinante.

C'est un parfum pour homme, mais il y a une part de moi dans chacune de ses notes.

Je voulais qu'il incarne la douceur et la puissance, quelque chose de chaleureux, rassurant, mais aussi irrésistible. Quand je le respire, il me parle de force et de tendresse à la fois. Ce parfum a des notes de tête de bergamote et de poivre noir, qui apportent un côté frais mais intense, puis un cœur de cèdre et de lavande, apportant une douceur boisée. Enfin, il se termine sur des notes de fond de bois de santal et d'ambre gris, ce qui lui donne cette chaleur enveloppante, presque magnétique.

Je l'ai nommé « Jabari ».

À chaque fois que je le sens, j'imagine un homme sûr de lui, mais qui cache une tendresse presque fragile. Un peu comme lui.

Il m'arrive de penser que je pourrais lui offrir ce flacon un jour, si nos chemins se recroisaient.

Mais après un an sans nouvelles, j'ai appris à me détacher, à avancer. Ce n'est pas facile de tourner la page. Même avec cette liberté nouvelle, avec tout ce temps pour moi, il y a une partie de moi qui n'a pas complètement lâché prise.

Mais même si je m'efforce d'aller de l'avant, de me dire que cette histoire est derrière moi, il reste quelque chose. Une sorte de mélancolie douce-amère. Je me dis que je dois encore me protéger, encore un peu. Je ne veux pas replonger dans ce tumulte, dans cette intensité. C'était trop. Alors pour l'instant, je choisis de me retrouver, de me donner du temps.









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De voleur à loveur II : Abir storyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant