Chapitre 3 : Gaël

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J’étais là, sans trop savoir exactement ce qui se passait, désorienter.
Est-ce que le monde perdait la tête ? Etait-ce la fin ? Soudain, je vis Léa et Aaron l’un contre l’autre recroqueviller sur eux-mêmes, je me disais qu’il n’y avait pas que des mauvais côtés à ce séisme, ils vont peut-être finir ensemble. Je m'imaginais déjà la cérémonie de mariage, quand je vis, au-dessus d'eux, le plafond qui allait s’affaler. Je me précipita de les avertir, mais il était trop tard. Je crois avoir
perdu connaissance, car quand je me suis réveillé, j’étais sous un gros tas de restes de placo, ferraillage et pierre. Une forte douleur parcourant tout mon corps, j’aurais voulu rester par terre encore un petit moment, mais je dû quand même me relever pour inspecter les dégâts. Tout était dévasté, c’était
impressionnant. Les tremblements avaient saccagé tout le collège. Heureusement pour nous, il faisait
encore jour, mais je n’avais aucune idée de l’heure. Un brouillard de poussière se répandait dans le paysage. Attendait, il n'y a plus de terre aux alentours, nous sommes entourés
de mer ! Comment est-ce possible ? Je m’approchai des rebords pour mieux comprendre, mais recula brusquement quand je vis flotter à la surface, des trentaines de cadavres gorgés d’eau. Une odeur nauséabonde se fit sentir.
La cour était déserte, personne à part une ombre qui se dirigeait vers les restes du réfectoire. Je me précipita alors pour ne pas la perdre de vue. j’entra quand même doucement, par peur de tomber encore sur des personnes qui n'étaient plus en état de vivre, mais à mon étonnement, devant moi, une dizaine de personnes déjà, que je connaissais ; Mathieu était présent, accompagné de Raphaël ainsi
que de Julien, puis à droite, j’aperçus Anna. Livia et Mike étaient là dans un angle à côté d’Hugo, je me pressa vers eux, leur demandant s’ils n’étaient pas trop blessés. On était tous dans les mêmes conditions, les genoux éraflés, les mains en sang et surtout la peur au ventre. Je finis par comprendre que Léa n’était pas là, je balayais la pièce du regard en espérant la percevoir… je baissa la tête. Pas des larmes, mais des gouttes de sang me dégoulinèrent sur le visage, je ne pouvais pas croire ça, Léa, ma Léa…
Un silence de mort se fit sentir. Je me redressa en entendant un lourd
bruit de pas faire craqueler les débris au sol. Je vis soudainement Léa et Aaron accrocher l’un à l'autre, Léa boiter et se servait de lui comme béquille. C’était un grand soulagement de les voir arrivés.

Tout le monde se rassembla, on s’assit sans dire un mot, la plupart
d’entre nous regardaient dans le vide, encore sous le choc des événements. Personne ne parlait, mais tout le monde se comprenait.
Anna brisa ce silence et eut l'idée de répartir des tâches, histoire de
mettre au clair et d’organiser les choses vu que la plupart d’entre nous étaient pleins de sang et de terre. Il fallait, nous nettoyer ainsi que nos vêtements, trouver de quoi se soigner et se nourrir, ainsi que d'où dormir… Peu de temps après, nous étions tous impliqués dans nos corvées :
- Une heure, douze minutes et trente-six secondes, une heure, douze
minutes et trente-sept secondes, une heure, douze minutes et
trente- huit secondes… Répétait Mathieu sans cesse.
Plus il prononçait ces quelques mots, plus Aaron le dévisager d’un
regard froid et noir, et comme à chaque fois, Léa lui lançait en
soupirant et trainant des pieds un :
- Aaron… Laisse-le…
En même temps, cela faisait déjà une bonne heure qu’il répète cette
même phrase, de quoi en devenir fou ! Moi pendant ce temps, je lavais nos vêtements dans la mer, le sel les avait légèrement déteints, mais ce n’était pas très grave. Je frottais, trempais… Avec les restes de savons trouvés dans les débris des toilettes. Je mettais toute mon énergie depuis un petit moment sur cette lessive… Léa, elle, s’occupait d’aménager comme elle le pouvait l’endroit, pour qu’il soit le plus confortable possible, je la voyais aller de droite à gauche, faire des aller et retours, tourner en rond et se creuser la cervelle. À la voir, on aurait cru qu’elle faisait un véritable casse-tête. Elle avait dégoté des tapis de gym d’une épaisseur correcte qui nous serviront
sûrement de matelas. Aaron, Raphaël et Julien, eux, furetaient les décombres en espérant toujours trouver une trace de vie, tandis que Mike recherchait de la nourriture ou bien des produits de survie.
Nous étions vraiment dans une situation de misère. Quant à Mathieu,
il était là à se morfondre au lieu d’aider Léa… Je lança un long soupir qui se coupa net, quand une main vint se poser sur mon épaule, je sentis mon cœur se rétracter, je la reconnaîtrais entres mille ! C’est celle d’Hugo ! J’inclina légèrement ma tête, ses yeux marron clair étaient rayonnants… Quoique, il a plu continuellement donc ce n'était peut être pas le terme approprié. Par contre, maintenant il me regardait plus avec des yeux rayonnant mais rieurs, se fiche-t-il de moi ? AU PUNAISE !!! Je parle à voix haute depuis tout à l’heure! Mais quel boulet ! Il explosa soudainement de rire, ses cheveux lui collaient au visage avec la pluie, mais même comme ça, il était
craquant. Pour échapper à cette humiliation, je mis ma tête dans le
linge mouillé en espérant de me faire oublier vite, mais cette fois-là, il
s’approcha tout doucement de moi et me dis avec une voix tranquille:
-C’est mon pantalon où tu viens de mettre ta tête…
Alors, je ne sais même pas comment exprimer mon ressenti tellement j’étais mal, mes joues étaient rouges, mais quelle maladroite, je suis, pourquoi parmi tous les vêtements, il faut que je tombe sur SON pantalon ?! Je n’ai pas le temps de m’apitoyer sur mon sort que des tremblements se firent sentir, si fort que je manqua de basculer en avant, mais heureusement Hugo m’avait
rattrapée par la taille au dernier moment.

LA PLUME BLEUEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant