Chapitre 20 : Cursy

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Comme il y a une heure de cela, j'étais encore en compagnie d'une fourmi, mais celle-là était spéciale, je le ressentais... Je l'ai fait escalader doucement mon poignet, puis, fis glisser légèrement mon doigt sur son petit abdomen si fragile. 

Je sentis un frisson parcourir le corps de Raphaël, qui était penché derrière moi, regardant avec attention ce que je faisais. Il lança alors un petit cri, je me redressai alors, j'avais changé, et il l'avait bien remarqué. Mes cheveux devenus bleus, l'interloquaient tandis que mes yeux, maintenant rouge écarlate, ne le lâchait plus. 

Je voyais l'effroi dans son regard. Face à l'innocence qui enveloppait la petite blonde d'avant, je suis désormais confrontée à une version de moi différente et plus âgée, mais aussi plus imprévisible et audacieuse. De cette évolution si puissante, je suis prête à conquérir le monde, où la malice et la méfiance règnent en maître. Un sourire diabolique de satisfaction s'installa sur le coin de mes lèvres. 

Pris de peur, il tenta de reculer, mais trébucha. Le son de sa chute retentit dans ma tête, je le fixai alors en essayant de montrer que j'étais au-dessus de lui. Il dit ensuite tout bas : "Comment c'est possible ?" Il n'y a plus de doute, cette fille est une démone..! " Je pris alors la fourmi sans défense, entre mon pouce et mon index, puis sans hésitation, les serrèrent fermement. Il écarquilla ses yeux de douleur, je voyais bien qu'il souffrait, et ça me procurait du plaisir de le voir si impuissante face à moi. Il n'arrivait plus à se lever, l'affliction qui s'était répandue dans tout le bas de son corps le paralysait au sol. Il me gémit donc :

- AH ! Arrête, je t'en supplie, arrête !

J'aimais l'entendre me supplier de l'aider, mais j'enleva quand même mes doigts de l'insecte, il arrêta en ce cas de me conjurer, car sa douleur avait disparu. Il était allongé sur le sol, son visage était devenu presque violet, il était terrifié parce qu'il venait de vivre.

Les larmes aux yeux, il me demanda:

- Qui es-tu vraiment ? Un démon ? Une sorcière ? Ou juste un monstre sans cœur ? D'ailleurs, pourquoi me fais-tu souffrir de la sorte ? Que t'ai-je fait pour mériter ça ? Réponds-moi !

Un petit ricanement sortit de ma bouche, il était si naïf, si faible, si banal... Il tenta de s'enfuir, sûrement pour prévenir les autres, mais il ne pouvait toujours pas se lever. L'espoir avait assez duré !

-Aïe !!! Cria-t-il

Je tirai lentement la patte de la fourmi, qui était en train de s'arracher, tout comme le bras gauche de Raphaël, alors je laissai la patte avant gauche tranquille. J'entendais ses os craqués, il était ensanglanté et était tout désarticulé. Il était incapable de crier ni même de parler, ce qui était à mon avantage. Étendue de tout son long, sur le sol trempé de sang, il leva les yeux dans ma direction, ils étaient aussi rouges que le sang où il baignait. Je le regarda alors dans les yeux, agitant une pierre devant lui et c'est à ce moment qu'il comprit que sa fin était proche. 

Je m'apprêtais donc à l'écraser comme un misérable insecte sans valeur, après tout, je le libère de ce monde cruel, où l'ombre de la mort planait lourdement, prête à engloutir les dernières âmes errantes, dont les murmures du passé s'éteignaient déjà dans le vent froid et silencieux. Je ne perdis plus de temps, d'un simple coup sec, j'écrasa la fourmi et lui avec...

Je tirai le corps abîmé de Raphaël jusqu'à l'emmener devant la mer. Je jetai alors la pierre puis Raphaël ensuite, pour finalement aller chercher Hugo et les autres dans le bâtiment. 

LA PLUME BLEUEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant