Chapitre 12 : Julien

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Ce soir, je cuisine, mais pas dans les meilleures conditions, dans ce qui reste d'herbes devant le gymnase, même s'il faut dire que j'adore ça. Le mélange de plusieurs ingrédients pour en faire un plat, c'est très amusant. Et puis comme citer mon grand-père ; "La vraie cuisine est une forme d'art. Un cadeau à partager". Alors c'est moi qui vais faire mijoter les casseroles pour tout le monde ! 

Normalement, Gaël et Hugo ne devraient pas tarder à revenir avec les pâtes en sachets... Oui c'est pas très original mais c'est mieux que rien, et puis je suis sûr que je peux réussir à obtenir quelque chose de bon. De plus, les pâtes sont un aliment riche en vitamines et en protéines, rien de mieux pour nous requinquer ! D'ailleurs j'ai oublié de leur demander s'il y avait de la sauce tomate (cela donnerait un meilleur goût). Mais qu'est-ce qu'ils font ? Ils se sont perdus ou quoi ? Quand même... je vais aller voir, on sait jamais. 

Je m'engageais dans les décombres, des tonnes de débris craquaient sous mes pieds. Il y avait très peu de luminosité. "La réserve" comme on l'appelait était au bout de ce couloir de poussière. Je suis persuadé qu'ici, c'est infesté de rats, saufs s'ils ont disparu eux aussi.

 J'arriva devant la porte du local des provisions qui lui se trouvait au bout du gymnase, elle était légèrement entrouverte, aucun bruit n'en sortait. Une crainte m'envahit l'esprit, qu'allais-je découvrir derrière l'ouverture... 

Après plusieurs secondes de réflexion, je poussa d'un doigt léger la poignée. Un grincement résonna longuement jusqu'à ressentir un frisson effroyable parcourir mon dos... Devant moi, sous mes yeux, se tenait Gaël, écrasé par Hugo, qui à mon avis venait juste de lui tomber dessus. 

Elle me regarda avec de grands yeux comme pour me dire : "Au secours, il est un peu lourd". Je ne pus exprimer un mot, un silence interminable traversa la pièce, j'étais offensé... Pourquoi ? Aucune idée. De la jalousie ? Impossible ! Sur le coup, je ramassa les deux sachets de pâtes ainsi que les allumettes puis pris des conserves de sauce tomate puis je partis en courant.

 Une fois revenu, je préférais ignorer ce qui c'était passé, j'avais honte de ma réaction légèrement exagérée. Je me mis au travail. J'alluma le feu à l'aide des allumettes, ouvris soigneusement les conserves, puis fis revenir les pâtes dans la sauce jusqu'à qu'elles soient bien cuites. J'étais heureux de l'avoir trouvé. 

Par contre, je n'ai pas de sel, c'est embêtant, on en a toujours besoin et pour toute sorte de choses. Cela serait pratique pour conserver les aliments plus longtemps. On pourrait extraire du sel de mer. J'avais appris que dans un litre d'eau de mer, il y avait à peu près 35 grammes de sel, on le ferait par évaporation. Ce sera indispensable. 

Bref, maintenant, je dois attendre qu'elles mijotent pendant bien 10 minutes, parce qu'un feu de camp ne fait pas cuire à grande vitesse. Ce sera bientôt près ! Une odeur alléchante se propageait dans l'air. Tout le monde avait faim. On entendait les estomacs crier famine. Un petit moment après, les pâtes avaient fini de mitonner.

-À table !! Dis-je d'une voix fière

-On va se régaler, répliqua Livia.

Je vis soudain au loin, Gaël et Hugo revenir, l'une était soucieuse et l'autre gênée... Je crois que je les avais mis mal à l'aise, mince. Ils s'assirent alors autour du feu. Tout le monde était réuni, en tailleur ou bien à genoux. Tous commencèrent à goûter mon plat. 

Le bruit avait été étouffé par le repas. C'était calme, trop calme. Je sentais comme une tension... Ho non, serais ce à cause de toute à l'heure ? Aïe... Hugo vient interrompre ce silence.

-Écoute Julien, on avait pas fait exprès, c'était un accident. J'ai perdu l'équilibre et je suis tombé, d'accord ?

-Je sais que c'était un accident, c'est moi qui ai surréagi, désolé.

-Ouf, on est rassuré, on ne voulait surtout pas que tu croies des choses, mais c'est bon. Tout est ok ? Dit Gaël avec un sourire gêné.

-Tout est ok ! Lui répondis-je vite

Les autres nous regardaient avec de grands yeux, ils n'avaient sûrement rien compris à la situation. Et heureusement, ça aurait compliqué les choses encore plus qu'elles ne le sont déjà.

-C'est vraiment délicieux Ju ! Dit Raphaël enjoué.

-Oui, c'est vrai, tu cuisines vraiment bien ! Répliqua Mike.

-Oui, mais pas aussi bien que moi ! Dit Gaël ironiquement.

-Toi ? Tu ne sais pas cuisiner, expliqua Hugo en rigolant, si un jour on en a trop marre de cette vie, on t'appellera et tu nous feras à manger, comme ça, on est sûr de mourir d'une indigestion dans la journée !

Tout le monde rigolait de bon cœur, cette journée finissait plutôt bien et dans la joie en plus ! 

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