Chapitre 19 : Raphaël

11 5 6
                                    

Une nouvelle individue s'ajouta à notre liste de survivants, elle s'intitulait Myriam, avait notre âge, cheveux dorés qui descendaient en cascade sur ses épaules fines, un regard d'un bleu électrique fascinant, un large sourire radieux... 

Et puis honnêtement, elle avait un charisme incroyable. Elle aussi venait de Lyon, comme Adrien. Apparemment, tous deux se connaissaient. Lui n'avait pourtant pas l'air de bien l'apprécier... Du moins, depuis qu'elle avait balbutié d'Émilie, une fille dont Adrien était très proche et qui est malheureusement décédée depuis peu... 

Il me semble qu'elle est morte à la suite d'une maladie qui a vite circulé dans le collège. Vraisemblablement, à cause d'une mauvaise hygiène de vie avec les cadavres en décomposition et les températures irrégulières... Ce n'est pas étonnant qu'il y ait eu une épidémie.

Une petite main fraîche vint tirer ma main et me sortit de mes récapitulations un peu troubles...

-Cursy, que veux-tu ? Dis-je sur un ton légèrement endormi...

D'ailleurs, elle est étrange... Cette enfant, qui mesure moins de trois pommes, était vraiment différente comparée à un autre bambin. Sa présence restait un mystère. Elle était inquiétante, dès que l'on se trouvait à moins de dix mettre d'elle, tous semblaient divers : plus noir, plus triste, plus vide, plus dérisoire... Je n'étais pas le seul à l'avoir constaté, effectivement, Livia, Léa et Gaël étaient du même avis. Aaron aussi, j'imagine, vu comment il l'évitait perpétuellement, c'est sûrement la seule personne dont il avait peur. Cette constatation me fit sourire bêtement.

Mike, quant à lui, ne disait rien... Ce qui ne changeait pas vraiment de d'habitude. Il était de plus en plus silencieux ces derniers temps. Je crois, qu'un peu comme nous tous, la dépression le rattrapait...

-Aïe ! Criais-je à pleine voix.

Cursy venait de me mordre le pouce! Elle me regardait, sourcils froncés, bras croisés, en tapant du pied... Je crois qu'elle attendait mon attention :

-Quoi ? Dis-je sur un ton agacé...

Elle entrelaça ses doigts tous fragiles entre les miens, me tira le bras dans la direction opposée, de celle où je me dirigeais depuis déjà quelques minutes...

-Où est Hugo ? c'est lui qui joue avec toi d'habitude, sérieux, je ne suis pas ta copine de dînette !

Elle continuait d'avancer tout droit d'un pas ferme et décidé, sans prêter la moindre attention à mes paroles... En temps normal, c'était Hugo qui passait plus de la moitié de ses journées avec elle, il s'en occupait comme son propre enfant. Et Cursy était très attaché à lui... 

D'un coup, elle s'arrêta net devant une petite entaille dans le sol, s'accroupit, et me fit signe de me mettre à sa hauteur, ce que je fis. Elle pointa alors du doigt une petite fourmi solitaire, cachée sous un caillou. Elle prit délicatement la pierre dans ses mains puis la dressa au-dessus de sa tête... Elle s'apprêtait à écraser la pauvre fourmi. Je me précipita pour lui arracher le caillou des mains.

-Ce n'est pas bien Cursy ! On ne tue pas les insectes comme ça, encore moins sans raison !

Tout enfant de son âge se serait mis à pleurer, mais pas elle. Cursy me foudroya du regard et se redressa rapidement. Je n'aurais peut-être pas dû la gronder, après tout, on l'a tous déjà fait étant enfants, même involontairement.

D'un élan, je lança la pierre dans le sombre horizon. Maintenant, il doit se faire tard, je vais retourner à l'intérieur...

J'entra donc dans la pièce puis une odeur très agressive envahit mon nez... Je devrais sûrement faire une tête bizarre parce que Livia m'expliqua en sourcillant :

-Ils ont laissé cuisiner Gaël pour ce soir...

Mais enfin, tout le monde sait qu'il ne faut pas la laisser mitonner, sinon, c'est l'intoxication garantis. Il y a plusieurs de choses où elle n'est pas très douée, mais celle-là, c'est le pire ! Je ne pus m'empêcher de souffler, l'air dégoûté.

-Ouais, je sais mon pote, on va tous crever ce soir. Dis Aaron d'un ton nauséeux.

Lea répliqua alors :

De toute façon, on est condamné les gars. Mais un petit conseil, faites semblant d'aimer parce que sinon le prochain repas, vous êtes dedans...

On vit alors Gaël surgir de derrière, tenant entre ses mains, un grand récipient contenant un liquide verdâtre... Je fis une grimace en espérant que ce ne soit pas le repas. J'espérais fortement jusqu'à ce qu'elle dise :

-À table !!

Mince, on allait tous être malade...

Hugo arrivait alors de dehors avec la gamine sous la main. Il s'arrêta d'un coup quand l'odeur de la potion maléfique verte vint pénétrer ses narines. Il fit une tête plutôt louche, puis baissa les yeux vers Cursy, se demandant si elle ne s'était pas faîte dessus.

Elle le regarda d'un air ahuri puis nous regarda. Il se tourna alors vers nous :

-On a laissé moisir un truc ?

-Si ce n'était que ça... Affirma Aaron

Il balaya donc la pièce du regard, quand il vint finalement poser ses yeux sur ce qui était censé être le repas :

-Ne me dites pas que...

-Et si j'ai fait le dîner ! Lui coupa Gaël

Il s'avança doucement jusqu'au récipient, examina avec horreur ce que l'on allait devoir engloutir.

-Qui l'a laissé faire ? S'exclama-t-il d'un ton ferme.

Personne ne répondit. Il pivota vers Gaël et chuchota d'un air dépité :

-Et puis pourquoi il faut toujours que ça soit vert avec toi ?

Elle plissa les yeux, et commença à remplir nos bols de sa mixture. Avec un peu de chance, il ne faudra pas se fier à l'apparence...

Peu de temps après, nous avions enfin terminé d'ingurgiter... J'aurais dû clairement me fier à l'apparence ! C'ÉTAIT IMMONDE ! Nos visages étaient maintenant plus verts que ce que l'on venait difficilement dû engloutir. Comme j'avais mal au ventre, je décida donc d'aller prendre l'air. Je déambulais tranquillement sous la lune, quand j'aperçus au loin, Cursy, accroupi devant l'entaille de tout à l'heure. Je m'approchai alors un peu plus d'elle, curieux de ce qu'elle faisait.

LA PLUME BLEUEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant