Chapitre 18 : Myriam

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Je viens d'arriver ici et je m'y plais déjà. Leur camp est nettement mieux que le nôtre et les garçons sont très attrayants. En parlant d'eux, ils me regardent comme s'ils voyaient un ange, mais comparé aux filles, qui elles, ne me lâchent pas du regard, je préfère leurs réactions. Si un regard pouvait tuer, je serais déjà morte. Une des filles me demanda ce que je faisais là, d'après ce que j'ai compris, elle s'appelle Gaël. Je lui répondis d'un ton narquois:

- Adrien n'est pas revenu alors je suis venu le chercher, car Émilie est décédée, sa maladie l'a rattrapé. Donc plus besoin de chercher de médicaments, il peut revenir avec moi et les autres. Il nous manque beaucoup.

Adrien ne bougeait plus, c'est comme s'il buguait, il baissa les yeux et se laissa tomber à terre. Il hurla ensuite et larmoya, ses beaux yeux bleus devinrent alors écarlate, bien qu'il ressemblait dorénavant à un cadavre, avec son teint tellement pâle, il était bel et bien vivant. Je sais bien qu'ils étaient proches, ils se connaissaient depuis la crèche et jamais, au grand jamais, ils n'étaient resté plus de deux semaines loin de l'autre. Ça allait être dur pour lui, mais je sais qu'il y arrivera, il a déjà surmonté la mort de sa mère et l'abandon de son père, alors je crois en lui. Je me pencha en ce cas, au-dessus de lui, mis ma main sur son dos et tenta de le rassurer. Il se leva de façon soudaine, puis retourna là d'où il était apparu, quelques instants auparavant. Sans se retourner, il lança d'une voix affligée :

- Ne me suivez pas, je veux être seul un moment..!

Un des garçons, répondit d'une voix irrité :

- On n'allait pas le suivre, t'façon, pff !

- Raphaël ! Calme-toi, il a perdu son amie, sois compréhensif ! Répondit, un garçon nommé Mike

Raphaël leva les yeux vers le ciel, broncha et marcha vers des débris un peu plus loin. Je m'approchai alors des trois garçons restants et leur demandai leurs prénoms, ils me répondirent tous en même temps, avec une voix courtisante. 

Je fis de même aux deux filles à qui je ne connaissais pas les prénoms, en retour, j'eus des réponses qui me déplaisaient, elles avaient l'air contrariées de ma présence et encore plus de me parler. Livia et Gaël partirent en direction de l'intérieur du gymnase, tandis que Léa rejoignit Raphaël, un peu plus loin. Les garçons, eux, me firent un signe qui signifiait de les suivre, ce que je fis, sans la moindre hésitation.

 Ils m'amenèrent dans les restes d'herbes sur la petite pelouse et s'asseyèrent, je fis de même. Mike commença à me poser des questions sur moi, comme mon âge, ma date de naissance, ma saison préférée, ma couleur préférée aussi, etc... Plein de questions dans ce genre. Aaron, lui, me demanda, si je venais de Lyon comme Adrien, ou si j'étais d'ailleurs. Je lui répondis alors :

- Moi, je viens de plein d'endroits, j'ai beaucoup déménagé, un peu partout en France, comme Paris, Marseille, Cannes, Annecy et maintenant Lyon, bien sûr, je n'ai pas cité les quelques autres petits villages, mais ce sont les villes principales. Je déménage sous des cycles d'un an, à cause du travail de mes parents, mais à présent, ça n'arrivera plus...

Ils m'écoutaient tous attentivement, comme si je racontais une histoire passionnante, alors que c'était tout simplement ma vie.

- Wow, ça à dû être tellement difficile pour toi, tous ces déménagements ! Me répondit Hugo tristement.

Je lui rétorqua que je m'étais habitué très tôt, donc que le déménagement ne me blesse plus. Et ça me fait découvrir de nouvelles personnes, tout particulièrement des beaux garçons. Hugo rougissait légèrement, tandis qu'Aaron et Mike se moquaient discrètement de lui.

C'était déjà le soir, l'heure du repas pour être plus précise, nous étions tous regroupés autour du feu, près à être servi. Livia, nous demanda de tendre nos mains pour qu'elles puissent y placer le riz. Elle s'excusa de la simplicité et de la médiocrité de ce repas, car elle ne cuisinait pas aussi bien que Julien, et les réserves commençaient vraiment à être limitées. 

Nous commencions à manger, quand Adrien survint et s'installa entre Léa et Gaël. Sans qu'il n'ait à demander, Livia lui donna sa portion de riz, qu'il accepta et engloutit en un faible instant. Aucun bruit n'était entendu, tout le monde se contentait de manger, tout en fixant le sol, le feu ou bien le ciel. Je n'ai jamais aimé le silence, il était trop présent chez moi, c'est seulement avec mes amis, que je pouvais l'éloigner. Dans ce moment sinistre, je finis mon dernier grain de riz et lança d'un ton ennuyé à Adrien :

Elle te manque, c'est normal, mais tu t'en remettras, seulement pour ça, faut l'oublier et passer à autre chose !

Il ne leva que les yeux, son regard était cruel, il était même effrayant, il se leva brusquement et me dit sans même me regarder :

- Comment tu peux être aussi égoïste ? Surtout dans un moment pareil, tu me dégoûtes vraiment là..!

À ses mots, il tenta de s'enfuir dans le gymnase, mais percuta une petite fille de trois ans. Et voilà, ça commence... 

LA PLUME BLEUEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant