Chapitre 9 : Adrien

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Ça faisait des jours, même des semaines que je leur avais dit au revoir, mais pas adieu, en leur promettant de revenir. Pourtant rien, pas un signe de civilisation quelconque. Tout le monde était-il mort? Où personne ne voulait nous venir en aide ? La mer, la mer et encore la mer. Je vais devenir fou à force de l’observer ! Comment une chose aussi belle peut être aussi sournoise? Comme cette plume bleue, que j’avais aperçu avant que tout bascule. C’est cette même plume qui
revenait, innocente de son dernier départ, ayant causé la mort de cinq autres de nos amis. N’as-t'on pas déjà pas assez souffert ? Emilie vient de tomber malade au point d’en mourir si je ne reviens pas vite avec des secours. Un tremblement de terre, maintenant un virus ?
Je sentais la fatigue monter en moi, je n’avais plus rien à manger ni à boire alors que de l’eau m’entoure ! Elle n'aurait pas pu être douce cette foutu eau ! Et bien non, elle était salée ! Je soupira, j’allais donc mourir de cette façon ? Je fut pris d’un mal de tête affreusement douloureux, tout vacilla autour de moi, je vis flou, puis plus rien, le noir.

Je me réveilla assis dans un coin, pleurant à chaudes larmes, mon père me dévisageait avec son regard désobligeant, ma mère était agenouillé à côté de lui en lui suppliant d'arrêter. Je n’avais pas plus de six ans. Mon père s’énervait toujours contre moi, pour un rien en plus. Mais ce jour-là était différent, c’est ce jour qu’il a commencé. Depuis et pendant de longues années, il n’a pas arrêté de me frapper, encore et toujours plus fort. Me laissant le visage en sang et les bras couverts de bleus. Pourtant jamais je ne m’en suis plaint, il pouvait s’en prendre à moi mais ça ne me ferait pas changer. Cela m'a juste endurci. Ma mère n'arrêtait pas de s’excuser, elle me disait que demain serait un jour meilleur. Mais un jour, elle en a eu marre, elle avait dit à mon père tout ce qu’elle avait sur le cœur. Mon père s'était énervé, il partit dans la cuisine, revenant un couteau à la main, criant que personne n’avait le droit de se mettre en travers de son chemin. Ma mère se mit devant moi et ne bougea pas d’un pouce, ce qui lui coûta la vie. Elle se fit poignarder des dizaines de fois, hurlant de douleur pendant que mon père se déchaînait sur elle. Du sang jaillissait de partout, je n’avais jamais eu aussi peur. Quand il eut fini, il partit sans jamais revenir. Le corps de ma mère refroidissait peu à peu, j'attrapai son téléphone et appelai les secours mais je savais que ça ne servirait à rien, ils arriveraient trop tard. Je ne sais pas comment elle trouva la force de me prendre dans ses bras ensanglantés et me dire :

- Je suis désolé, j’aurais voulu t’offrir une vie meilleure, je t’aime mon fils, profite de ta vie et meurt fier de toi, et de tout ce que tu as accompli !

Sur ces mots, elle ferma les yeux sans jamais les rouvrir.

Je me réveilla en sursaut, se souvenir, pourquoi maintenant ? Le soleil était déjà bas dans le ciel. Combien de temps avais-je dormi ? C’est à ce moment que j’aperçu une forme au loin. Un bâtiment ! Il y avait aussi une dizaine de personnes sur un rocher. J’étais sauvé ! Quelques instants après, je les ai rejoints. Sans m’en rendre compte
je cria :
- Vous êtes en vie ? Y a d’autres survivants ? Enfin ! Attendez,
vous êtes des gosses ?!

- Je crois qu’on a le même âge, alors te la ramène pas trop, et puis venant d’un mec à poil c’est bizarre… dis un garçon un peu trop sûr de lui avec un regard supérieur

Comment ça d’un mec à poil ? Je baissa le regard, il avait raison ! Je commençais à paniquer et couru m'arrêter dans le bâtiment le plus proche, la honte ! Peu après, une fille vient m’apporter des vêtements propres et me dit de venir les retrouver dehors quand je serais prêt. Je n’osais pas sortir, je resta caché assez longtemps jusqu’à ce que mon ventre m’obligea à sortir.

LA PLUME BLEUEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant