Chapitre 6 : Raphaël

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Nous nous étions tous regroupés autour de Mathieu qui venait de tomber du grand toit du gymnase, il était ensanglanté par terre, les yeux rivés sur Livia, ce qui d'ailleurs était plutôt suspect. Mike prenait son pou, même si l’on se doutait tous qu’il allait rendre l'âme. Je me sentais mal et pour la première fois de ma vie, j’avais vraiment de la peine pour quelqu’un. Je crois même que je vais pleurer, et ça, je vous assure, c’est rare ! Mike fit un signe de tête indiquant de nous reculer. Hugo s’approcha de Mathieu et commença à compresser ses blessures pour stopper l'hémorragie et ainsi arrêter le sang qui se déversait sur le goudron…
On espérait tous qu’il se réveille, mais malheureusement, il y avait peu d’espoir, son teint gris le prouvait, ainsi que certains de ses membres ensanglantés. Une larme coula de l'œil de Mike puis Hugo se pencha au-dessus du cadavre et chuchota :
- Je suis désolé pour tout mon pote, j'espère que tu me pardonneras.

À ses mots, on comprit que c’était la fin pour lui. J’aimerais revenir en arrière, je m’en veux, j’aurais voulu être présent surtout que je l’avais vu monté sur ce fichu toit ! Je me dégoûte, comment ais-je pus être aussi débile ?! Je me leva d’un bond, réfléchissant quelques secondes pendant lesquels les autres me dévisagèrent d’un air étonné. Pris d’une tristesse insoutenable, je partis en courant, un orage éclata et un torrent de pluies s’affala sur mes épaules. J'espérais que ces milliards de gouttes noierait ma tristesse et ma solitude. J’avais l’impression que les nuages pleuraient avec nous de sa funeste mort.
Je m'arrêta au bout de la cour, tremblant. J'aperçus Gaël et Léa courir vers moi. Léa posa une main délicate sur mon épaule, tandis que Gaël me fit un petit sourire réconfortant. Je m’effondra en pleures et leur expliquant que tout était de ma faute, que j’aurais dû le rejoindre quand j’en avais l’occasion, mais qu’à la place, je suis resté de marbre, j’aurais pu le sauver ! À cette heure, il serait encore avec nous... Léa me coupa la parole :
- C'est plutôt de ma faute, on devait aménager l’endroit ensemble, mais à la place, je l’ai laissé monter seul.

Mais Gaël n’avait pas l’air du même avis et répondit violemment :
- Vous n’êtes pas coupable, ce n’est la faute de personne ! Il aurait dû être plus prudent et ne pas se laisser distraire.
Elle aussi, je crois, avait envie de pleurer, ses yeux remplis de tristesse n’en laissant aucun doute. Léa rajouta, la gorge serrée:
- C’est la vie, malgré les épreuves, nous devons avancer, si nous avons réussi à survivre jusque-là, c’est qu’il y a une raison. On ne doit pas se laisser abattre par la tristesse, nous allons retrouver nos familles et nos amis disparus pour reprendre une vie sans encombre et en sécurité. Même si c’est dur, ensemble rien n'est impossible pas vrai ?

Après ces quelques paroles, nous sommes allait retournés voir les autres. Mathieu était toujours là, allongé sur le sol. Livia s’approcha puis lui ferma les paupières et s’exclama d’un ton sur :
- Anna et Julien restent avec lui pendant que Hugo, Léa et Aaron vont chercher de quoi fagoter une boîte pour y déposer le corps, que Gaël, Raphaël et moi allons chercher de quoi fleurir “le cercueil”.

Quand tout le monde eut fini, on se rassembla devant la mer, les nuages s'étaient éparpillés, laissant les étoiles illuminer ce ciel trop sombre. Mathieu était prêt à nous quitter, mais je voulus rajoutait ma touche finale : une bougie à la lavande trouvée dans les décombres de la cafétéria. J'alluma la mèche avec un briquet que je gardais toujours sur moi, personne ne me reprocha de l'utiliser, alors qu'on en aurait sûrement eu besoin ensuite. Je posa délicatement la bougie sur “le cercueil” fleuri qui renfermé le corps prêt à être largués sur les flots :
- Qu’est ce que vous attendez pour le pousser dans l’eau ? Demandais-je

Hugo et Mike s’approchèrent de lui, faisant un dernier au revoir, l'exilant en mer. D’ici on ne le voyait presque plus, juste une épaisse fumée âcre se dévoilait à l’horizon. Il allait me manquer, je ne l’oublierai jamais, j’en fais la promesse.

LA PLUME BLEUEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant