Chapitre 11: Hugo

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Fais attention quand même... Dit-elle tout bas avec un sourire inquiet. 

Nous venions juste de terminer la cérémonie de l'enterrement d'Anne... c'était horrible, j'étais déstabilisé et plus sûr de rien. C'est tombé sur elle, mais la prochaine fois sur qui ? Et le pire, c'est que cela pourrait arriver à n'importe lequel d'entre nous. Si seulement nous pouvions anticiper, quelque chose, n'importe quoi. Histoire que nous ne perdions pas une personne chaque semaine, et quand je dis ça, je crois peut en l'espoir de survie.

Cela faisait presque huit jours que Mathieu était déjà décédé. Le monde a perdu la tête. Nous sommes sur un morceau de terre depuis neuf longs jours sans savoir où l'on va, se débrouillant comme on peut, nous allons sûrement manquer de nourriture, de soins et d'eau potable dans pas longtemps. Avec une bouche, de plus à nourrir, les provisions s'amenuisent bien plus vite que prévu. 

Je m'assis cinq minutes sur un rocher, regardant l'horizon, je veux rentrer chez moi... Des larmes jaillirent de mes paupières. On s'en sortira, tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir ! Bon par contre, s'il n'y a plus de vie... Disons plutôt tant qu'il y a de l'espoir, il y a de la vie. Et s'il n'y a plus d'espoir ? Je ne suis vraiment pas optimiste... Je suis sûr que même le caillou qui m'écoute me morfondre, se moquait de moi... Je soupira

Une idée me frappa.

Si Adrien avait réussi à venir jusqu'ici, ce serait que nous aussi nous pouvions partir en exploration. De ce qu'il nous avait dit, on était le premier signe de civilisation qu'il avait vu en navigant des jours et des jours. Pas très rassurant. Pourtant, quelque chose en lui me dérangeait, je n'ai pas l'impression qu'il nous dit tout. Je devrais aller en parler aux autres de cette idée.

J'admirais le soleil ce coucher sur la mer quand je vis la silhouette de Gaël avancer dans ma direction, ses cheveux virevoltaient en tous sens, son sourire maladroit au coin des lèvres, son regard couleur vert lumineux brillant d'espoir. Ses mains fines se balançaient en cadence avec sa démarche vive et fière. Elle avançait vers moi, l'air de rien. Quand elle arriva à ma hauteur, elle déclara sur un ton enjoué :

-Il faut que l'on aille chercher à manger dans la réserve pour ce soir, et c'est Julien, le meilleur cuisinier que je connaisse qui prépare ! Alors tu viens ?

J'acquiesça d'un hochement de tête, et la suivis jusqu'à la petite pièce à l'écart de tout, où l'on stocke le reste de nourritures récoltés dans les vestiges du self. Je constata, à ma grande déception, qu'il y avait peu, et qu'avec cela, nous tiendrons à peine un mois, pas une semaine de plus. De toute façon, cela m'étonnerait vivement que d'ici la nous soyons encore en vie. 

Nous ne sommes plus que sept à présent... À non, huit, j'avais oublié le petit dernier qui s'était tapé l'incruste, tsss... Comme si sept bouches ce n'était pas déjà assez.

-Que faut-il pour ce soir ? Dis-je, toujours dans mes pensées

-Prends les deux sachets de pâtes sur la dernière étagère, moi, je suis trop petite.

Je me mettais alors sur la pointe des pieds pour les atteindre mais je me rendis compte qu'ils n'allaient en restaient que 3, ce n'est vraiment pas beaucoup... Elle me coupa dans ma réflexion puis me dit :

-Et peux-tu prendre aussi les allumettes sur ta gauche s'il te plaît ?

Bon, je sais que je suis grand, mais là quand même, elles sont un peu trop hautes. Je m'incline encore plus pour tenter de parvenir à les attraper.

C'était effectivement une très mauvaise idée, je perdis l'équilibre et lui tomba dessus.. Quel pas doué je suis...

LA PLUME BLEUEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant