Chapitre 5 : Mathieu

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J’étais montée sur le toit du gymnase pour mettre mes pensées et sentiments au clair, laissant se débrouiller seule Léa, mais à mon avis, je ne l’aurais que déranger. Peu en importe, j'étais seul, c’était ce que je préférai. Tout se bouscule dans ma tête, comment j’aurais pu imaginer à un moment qu'une fille comme elle m’aimerait ? Mais apparemment, c’est plutôt Mike qui l’intéressait, de toute façon, je sais très bien que nous avions plus de différences que de points communs. Et encore d’ici je les apercevais se taquiner. Cette vue me désespérait. J’aurais sûrement préféré admirer le doux visage de Livia de plus près qui brillait dans la lumière du soir...Qu’est-ce que je raconte, serais-je devenu un romantique ? Sûrement pas je ne tolérerais jamais ça ! Je les vis se décaler vers un immense tas de pierres. Je n’avais aucune idée de ce qu’il fabriquait derrière. Mais de toute façon, ce n'étaient pas mes affaires. Même si une petite partie de moi voulait savoir, mais la réalité cachée derrière me faisait peur. J’aimerais l’effacer.
Malgré cette peine, elle me procurait quand même des frissons de
joie. Bref, je suis amoureux pour mon plus grand désespoir…
Je sentais une brise chaude glissant dans mes cheveux, j’inspirai profondément avant qu’une admirable plume bleutée ne vienne se poser sur mon pied, je n’avais aucune idée de quel oiseau elle provenait… Peut-être d’un merle bleu ? Je ne pense pas, il n'y en a pas beaucoup dans la région et encore moins au milieu de la mer. Il
commençait à y avoir de plus en plus de vent, je dirais même une tempête, une tempête très violente. À l’horizon se dessinait de gros nuages noirs remplis de tonnerre.
Je tenta de descendre, mais mon pied glissa à la dernière seconde suivie de mon corps tout entier.
Qu’était-ce en train de se passer ?
J'étais couché sur ce sol trempé, mes jambes étaient explosées, ma mâchoire en sang. J’avais perdu connaissance. Un silence se rependit dans le crépuscule… Ou bien, c’était juste moi qui étais devenu sourd tellement, j’étais sonné. Tout mon chemin jusqu’à ce jour déambulé sous mes yeux, avec certains passages de Livia qui ne me déplaisait pas… La luminosité paraissait forte, car le plus faible éclairage m’éblouissait, mais ce qui rayonnait davantage, c’était le visage rassurant de Livia penchait au-dessus de moi. Elle me fixait l'air terrifié, mes yeux se reflétaient dans
les siens, je crois qu’elle appelait à l’aide. J’avais une impression de flotter au-dessus du sol, comme si mon âme allait s'envoler. Je commençais à comprendre ce qui se passait, j'espérais me leurrais. Je les vis tous se rapprocher l’air anxieux. C’est là que j'ai compris que mes inquiétudes s'avéraient être vraies. Le soleil mourant aussi m’accompagnait dans ma funeste heure. J’étais déjà haut, la tête dans les nuages. En bas, ils étaient tous regroupés autour de moi, et ce n’est qu'à ce moment-là que je me rendis compte que je n’étais qu’un simple grain de poussière parmi tant d'autres, la vie avait été plus courte que ce que j'imaginais. Il fallait en profiter tant qu’elle était encore présente. Assumer ses sentiments, donc exprimer aux personnes qui nous sont chères qu’elles comptent pour nous. C’est
triste que je le comprenne que maintenant, c’est pour ça que mon plus grand regret est de ne jamais avoir eu le courage de lui dire toute ma passion et admiration que j'éprouvais envers elle. C'était une pente dangereuse que je n'aurais jamais dû tenter de prendre.
Jamais je ne me serais douté que l’amour aurait pu causer ma perte.

LA PLUME BLEUEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant