LA PLUME BLEUE

Chapitre 8 : Aaron

Mathieu, Mathieu et encore Mathieu. En ce moment, il occupait toutes mes pensées. J’avais perdu mon meilleur ami, mais comme disait la chanson que je chantonnais, il fallait avancer malgré la douleur qu’on pouvait ressentir. Pour ne pas montrer mes larmes, je m'énervais, c'était ma technique avant, mais maintenant ? Il ne faudrait pas changer ça ? Je m’en étais rendu compte qu’il avait toujours était honnête malgré ce que les gens pouvaient penser de lui, j’admirais son courage. Sans lui, je ressentais comme un vide au plus profond de moi. Cette sensation désagréable me laissait dans la bouche un goût d’amertume. J’aurais tellement voulu faire plus de choses avec lui. La mort pouvait arriver à tout moment, mais ce désastre n’avait pas que des mauvais côtés, la preuve, je n’avais jamais été aussi proche de Léa… Tiens, la voilà d’ailleurs qui approchait, elle était tellement belle et bienveillante avec tout le monde. Quand je la voyais, mon cœur se serrait et sur mes lèvres, se dessinait un sourire niais. Qu’est-ce qu’il se passait là ? Oh non, elle ne doit surtout pas me voir dans cet état ! J’inspire, j’expire, une fois, deux fois. C’est bon, je suis calmé. Elle me sourit et commença :

- Aaron, on a trouvé quelque chose, viens voir !

- J’arrive tout de suite, passes devant. Lui répondis-je

Je les rejoignis quelques instants plus tard, ils étaient tous rassemblés autour de Hugo trempé, qui tenait quelques vêtements dans une main et des objets peu utiles dans l’autre. Il y avait à ses pieds, une valise rouge légèrement déteinte qu’ils avaient ouverte:
- Où as-tu déniché toutes ses affaires ? Demanda Anna

- La valise flottait sur l’eau, alors j’ai plongé pour la récupérer. Répondit Hugo

- Mais les habits et les objets qu’il s’y trouve sont encore secs, cela signifie que la valise est tombée dans la mer il y a peu et que les affaires n’ont pas eu le temps de prendre l’eau ! Affirma Mike

- Ça voudrait dire qu’il y a possiblement d’autres survivants pas loin ? Ils vont venir nous chercher ? S’exclama Julien.

- Calme toi, ça ne veut rien dire, protestais-je, ne vas pas te faire des idées, personne ne viendra, il faut se débrouiller seul.

Je me leva et partit. Personne ne me suivait, tant mieux.Tout le monde s'interrogeait sur le fait qu'il y aurait d'autres personnes vivant dans les barrages, mais qu’est ce qu’on en a à faire. De toute façon un guignole de plus, un guignole de moin, franchement, on est plus à ça prêt. Et voila que je m’énerve encore, pfff. Je me baladais depuis déjà une heure quand j'aperçus au loin dans la mer comme une forme se rapprocher. Je m'approcha de ce qu’on appelait “la plage”, qui était juste un morceau de pierre à moitié dans l’eau. Je plissais les yeux pour en apercevoir le plus possible, mais ma vue n’étant pas excellente j’appela les autres juste au cas ou. Ils accoururent aussi vite que possible. Ça ressemblait à un radeau vide, mais il n’y avait personne dedans. “Encore un faux espoir”, c’est ce que je me dis jusqu'à ce que, au plus inattendu, une forme se leva. Je sursauta. Un garçon ? Il devait avoir notre âge à peu près. Le radeau arriva vers nous, je me jeta alors à l'eau accompagné de Mike pour ramener le garçon qui, à première vue, n’en avait pas la forme…
Quelques minutes plus tard, on l'avait posé délicatement sur les roches pour qu’il reprenne à peu près conscience. Il cria alors :

- Vous êtes en vie ? Il y a d’autres survivants ? Enfin ! Attendez, vous êtes des gosses ?!

- Je crois qu’on a le même âge, alors te la ramène pas trop, et puis venant d’un mec à poil c’est bizarre… Rétorquais-je

Le garçon baissa la tête comme pour vérifier si j’avais raison. Quand il réalisa qu’il était nu, il courut se réfugier derrière son radeau mal fagotté qui s'était échoué sur notre rive. Il était blond aux yeux bleus, il avait un sourire magnifique. Il était beau, trop beau vu comment les filles l'observaient. Les garçons et moi échangions un regard… Un regard qui insinuait que c’était décidé, on allait pas du tout l’aimer celui-là !