Chapitre 16 : Léa

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Livia venait de nous faire signe avec Mike pour que l'on aille chercher une planche. Et oui encore un cadavre, celui de Julien malheureusement... Qui sera donc le prochain ? Au fond de moi, je me sentais coupable, je l'avais vu se précipiter dehors. Pourquoi est-ce souvent de ma faute ? Mathieu que j'avais aperçu monter sur le grand toit, il y a une dizaine de jours, maintenant Julien... 

J'aurais aimé lui dire au revoir, ou mieux l'empêcher de sortir, mais j'avais autre chose en tête, où plutôt quelqu'un... Je pense souvent à lui, il est différent des autres garçons, même s'il ne le montre pas souvent, il est sensible et a un cœur. J'aimerais beaucoup pouvoir le découvrir sous cet angle, sans qu'il fasse le dur comme il sait si bien le montrer... 

Je pensais à tout cela pendant que nous marchions vers un tas de débris pour y trouver une planche, en bois si possible. Livia vit que j'étais pensive, mais préféra, à mon grand soulagement, ne rien dire. On était tous bouleversés par les événements, tout ça était très difficile à vivre, alors pour la petite, je n'imagine même pas...

 D'ailleurs qui est-elle ? Comment a-t-elle pu survivre à tout ça ? Tout cela est assez mystérieux. Pourquoi est-elle autant attachée à Hugo ? Pourquoi ne dit-elle rien ? Même si c'est rude, il faut qu'elle nous explique ce qu'elle sait, ça pourrait nous aider à mieux comprendre cette situation plutôt illusoire. 

Je me posais tellement de questions, que j'en avais le tournis, toutes ces revendications me résonnaient comme une mélodie rebutante dans ma tête. Je ne me sentais vraiment pas bien, allais-je vomir ? M'effondrer ? Je n'en savais que trop rien, en fait je ne comprends plus rien, la vie est trop cruelle maintenant, même si elle l'était déjà avant... 

Mike vint briser ma séance d'interrogation et ce silence de mort, littéralement, pour que nous venions l'aider à porter une planche venant sûrement d'un ancien bureau. Mais en tentant d'y atteindre, je tomba dans les débris puis me cogna la tête. Comme si nous n'avions pas assez de choses à gérer... 

Livia et Mike coururent vers moi avec un air inquiet, pour ensuite m'aider à me relever. Ils constatèrent par la suite que je saignais. À vrai dire, je ne sentais plus grand-chose en moi, alors une petite coupure sur le haut du crâne n'allait pas me faire tant de mal finalement. On retourna donc chercher la planche et la porta vers tous les autres qui nous attendaient à côté du corps sans vie et sans émotions de Julien. Quand on la déposa sur le sol, Raphaël nous lança d'un ton agacé :

-Vous en avez mis du temps, nous, on vous attendait !

Je soupira et pris Livia par le bras pour aller nous mettre près de la planche vers Gaël, qui tenait fermement à la main, un drap. Puis Hugo et Cursy qui avaient dans les mains les dernières fleurs du printemps : de jolies petites marguerites. Évidemment, ce n'est pas très original, mais c'est tout ce que l'on avait. Raphaël, Mike et Aaron arrivèrent peu de temps après avec quelques objets à lui, qu'ils allaient déposer sur le corps. Gaël déposa le drap délicatement dessus tandis que Hugo mit les fleurs, pendant que Curcy attendait légèrement, en reculer derrière lui. Ils le posèrent ensuite près de la mer et leur firent un dernier au revoir puis l'élancèrent dans le large. On pleurait tous à chaudes larmes, tout particulièrement Hugo, c'était son meilleur ami depuis longtemps, alors il lança :

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort... C'est la présence des absents dans le monde des vivants, adieu Ju ! » 

Nous écoutions ces mots avec attention, tout en le regardant s'éloigner à l'horizon qui semblait infini. J'en avais marre, marre de tout ça ! Pourquoi cette fichue fin du monde est arrivée maintenant et pourquoi ne m'a-t-elle pas emporté avec elle ? 

J'aurais aimé faire partie des morts, je ne dis pas que je veux mourir, mais que de vivre comme ça, m'est pratiquement impossible ! Je n'en pouvais plus, je ne pouvais plus observer cela... Ma famille et mes amis me manquaient tellement, c'était invivable ! Prise d'une crise d'angoisse, je partis en courant et monta sur le toit où Matthieu était tombé, on s'était dit de ne plus y aller, même si je n'étais pas la seule à y être remonté, mais je voulais être tranquille et c'était bien le seul endroit où ils ne viendraient pas, enfin, je pense...

LA PLUME BLEUEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant