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Le retour à la maison ne ressemblait en rien à ce que j'avais imaginé. Je descendis de la voiture, l'air frais du matin ne parvenant pas à dissiper la tension qui m'oppressait. La sensation de malaise au fond de mon ventre s'intensifiait, comme une ombre qui ne voulait pas me lâcher. Nova, qui avait pris place à mes côtés, me suivait de près, son silence pesant comme un poids supplémentaire sur mes épaules.

En marchant vers l'immense bâtisse familiale, je ne prêtais guère attention aux autres véhicules qui nous entouraient. Mon regard était fixé sur cette maison, un monolithe de souvenirs enfouis et de secrets inavoués. Elle se dressait devant moi, majestueuse et intimidante, comme un mur entre mon passé et mon présent.

Le ciel, d’un bleu éclatant, était un contraste dérangeant avec mon humeur sombre. Chaque pas sur l’allée résonnait comme un avertissement, me rappelant que j’allais pénétrer dans un lieu où le bonheur et la douleur coexistaient dans une danse macabre. Les fleurs, bien que jolies, semblaient presque criardes dans leur beauté, comme si elles tentaient de masquer la noirceur qui se cachait derrière les murs.

Je marchais lentement, chaque pas pesant comme un fardeau. Les souvenirs affluaient : les rires qui avaient été étouffés, les disputes qui avaient laissé des cicatrices invisibles. Les murs de cette maison avaient été témoins de tant de drames, de tant de souffrances. L'idée de les affronter à nouveau, de faire face à ce que j'avais fui, me serrait la poitrine.

Nova, en retrait, observait sans un mot. Je pouvais sentir son inquiétude, mais je n'avais pas l'énergie de lui en parler. Ce retour n’était pas seulement physique ; c’était une plongée dans un abîme de souvenirs que je préférais laisser engloutis.

Arrivée devant la porte, je marquai une pause, la main suspendue au-dessus de la poignée. Une vague de froid m'envahit, et je fermai les yeux un instant, comme pour me préparer à l’inévitable. Je savais que derrière cette porte se trouvaient des visages familiers, mais aussi des attentes écrasantes, des vérités que je n'étais pas prête à affronter.

Finalement, je pris une profonde inspiration et poussai la porte, prête à entrer dans un monde où le passé et le présent se mêlaient, un monde qui ne me laisserait jamais vraiment partir

Je parcourus le hall de quelques pas puis m'arrêtais,  j'observais distraitement,  l'air  toujours blasé, les mains dans les poches de mon pantalon  noir ,le silence était étrangement pesant. Il régnait une atmosphère tendue, presque palpable, comme si chaque mur retenait son souffle. Je savais que mon père avait déjà repéré ma présence ; il m'attendait, comme à son habitude, dans son bureau. Ma mère, quant à elle, ne tarderait pas à nous rejoindre dès qu'elle percevrait ma présence dans l'espace clos de mon père.

Les jumelles, avec leur énergie débordante, feraient aussi leur entrée, un brin envahissantes, mais cela ne me dérangeait pas tant que ça. En revanche, mon petit frère Aazen resterait en retrait, fidèle à lui-même, dans son monde solitaire. Je savais que je devrais aller vers lui plus tard, comme je le faisais souvent, cherchant à briser sa carapace.

Je me sentais tiraillée, en proie à une quête sans fin. Je partais souvent, trop souvent, cherchant désespérément une raison de vivre dans ce labyrinthe d’eaux troubles, tentant d’échapper à la réalité qui me pesait. Mais chaque retour semblait me ramener à la case départ.

Nova, fidèle compagnon, me suivait silencieusement, son regard scrutateur m’accompagnant. Un peu plus loin, je remarquai les deux gamma de mon

Dans le hall d'entrée, des rires éclatants résonnaient de l'autre côté des escaliers. J'aurais pu les rejoindre, plonger dans le chaos joyeux de la maison, mais j'avais autre chose en tête. Je pris la direction opposée, me dirigeant vers le bureau de mon père. Mon téléphone vibra dans ma poche, mais je l’ignorai. Nova et les gammas prenaient le chemin du bruit et des
jeux, tandis que je préférais m'éloigner de cette ambiance légère.

Chaque pas était lourd, comme si le poids du monde pesait sur mes épaules. Le voyage avait été long et sans sommeil, et j'étais loin d'être d'humeur à jouer le bon fils. En entrant dans le bureau, je vis mon père, plongé dans des documents, l'air concentré. À sa vue, une partie de moi se détendit, mais une autre savait que la réalité ne serait pas simple.

« Elijah, enfin ! » dit-il, levant les yeux. Son sourire s'effaça rapidement, remplacé par une expression préoccupée. « Comment ça s'est passé là-bas ? »

Je laissai échapper un soupir, m’affalant sur une chaise. « Pas terrible. Les fournisseurs de la meute d’Argent ne livrent plus. Ils sont dans une sale situation, et ça complique tout. »

Mon père se redressa, l’inquiétude se lisant sur son visage. « Qu'est-ce qui a causé ça ? »

« Ils se sentent trahis. On à essayé de les calmer, mais c'est comme parler à un mur. Ils menacent de rompre l'accord, » expliquai-je, ma voix trahissant une pointe d’agacement. J'avais d'autres choses en tête que des négociations.

« On ne peut pas laisser ça arriver, » rétorqua-t-il, la colère montant dans sa voix. Je savais qu'il se tramait quelque  chose , mais ce genre de drame était fatigant.

Je levai les yeux au plafond, exaspéré. « Écoute, je suis épuisé. Je n'ai pas réussi à dormir depuis un bon moment, Je ne suis pas d'humeur à gérer ça tout de suite. »

Il sembla réfléchir un instant, puis acquiesça. « Prends le temps qu'il te faut. Repose-toi, et on en reparlera plus tard. »

Juste à ce moment-là, la porte s'ouvrit doucement. Ma mère entra, son regard illuminant la pièce. « Elijah, mon chéri ! » s'exclama-t-elle, s'approchant avec un sourire chaleureux. « Ça fait plaisir de te voir. »

Je lui rendis son sourire, mais je sentais encore la fatigue peser sur moi. Elle s'approcha et, sans hésiter, posa sa main sur mon bras, comme pour s'assurer que j'allais bien. « Tu as l'air fatigué. Ça va ? »

« Ouais, juste un peu épuisé par le voyage, » répondis-je, tentant de cacher à quel point j'étais à l'os.

Elle me regarda dans les yeux, son expression se faisant plus douce. « Tu sais que je m'inquiète pour toi. Je déteste te voir dans cet état. »

Avant que je puisse protester, elle m’attira vers elle pour un câlin, un peu trop serré à mon goût. Je me fendis d'un sourire, même si l'étreinte me dérangeait. « Maman, je… »

« Chut, » dit-elle en riant doucement, sans me lâcher. « Je veux juste m’assurer que tu es en bonne santé. »

Je soupirai, mais je savais qu'elle avait besoin de ça. « D'accord, d'accord. Je vais bien, » dis-je en lui tapotant le dos, un peu mal à l'aise.

Elle finit par me relâcher, mais son regard restait inquiet. « Prends soin de toi, d'accord ? Je veux te voir en forme. »

Je hochai la tête, reconnaissant. « Promis, je vais essayer. »

Je quittai le bureau, le cœur un peu plus léger après cette conversation. En me dirigeant vers ma chambre, l'envie de solitude me submergeait. Une fois à l'intérieur, je fermai la porte derrière moi, cherchant à couper les bruits du monde. Je m'allongeai sur le lit, et à peine ma tête toucha-t-elle l'oreiller que le sommeil m'emporta.

Malkia Où les histoires vivent. Découvrez maintenant