À mes côtés - Pierre Garnier / Tome 2

26

Je rentre à la maison, et je me sens soulagée d'avoir pu mettre les choses au clair avec mes parents et Pierre. Mais maintenant, il est temps de discuter aussi avec mon frère et ma meilleure amie. Ils sont assis à la table, la tête baissée. Je les rejoins et leur surprise est palpable.

- Pourquoi ? Dis-je doucement. Pourquoi ?

- Luna... commence son frère. Jamais je n'aurais pensé que tu avais tant souffert ces dernières années... Je t'ai toujours promis de te protéger.

- Qui me protège de toi ?

- Luna, s'il te plaît...

- Est-ce que tu t'es vraiment demandé ce que je pensais ? Ce que je faisais ? Où j'étais ? Comment j'allais ? Une seule fois, Thomas, je ne me suis jamais sentie aussi seule. Grand-mère n'est plus là, je te rappelle, on aurait dû être unis pour surmonter tout ça, tu aurais dû être là ce jour-là.

- Tu penses que je ne le sais pas ?

- Alors pourquoi tu n'étais pas présent ? Pourquoi n'as-tu pas joué ton rôle de grand frère ces dernières années ?

- Pourquoi ne m'as-tu jamais dit que tu étais séparée de Pierre ?

- À quoi cela aurait servi ? Tu n'étais pas là pour me soutenir à l'enterrement, donc je ne pouvais pas espérer ton soutien après ma rupture. Je ne l'ai confié qu'à mes amis. As-tu déjà ressenti cette solitude dans ta vie ? Au point de ne même plus savoir ce que tu veux faire de ta vie ? Ça m'est arrivé, sentir que je ne savais plus ce que je voulais, être seule et surtout me demander qui tient vraiment à moi.

- Pourtant, il y a quelqu'un qui t'aime tellement qu'il serait prêt à tout pour toi.

- Ah oui ? Qui ça ?

- Pierre, il t'aime bien plus que tu ne le crois.

- Pierre est l'homme que j'aime, Julien est le meilleur ami du monde pour moi. Helena est ma sœur, mon repère. Lenie aussi. Je fixe intensément Nina. Sans eux, je ne serais pas ici aujourd'hui, mais en aucun cas ils ne remplacent mon frère ou ma meilleure amie d'enfance. Comment notre complicité a-t-elle pu changer si rapidement en quelques mois ? C'est incompréhensible.

- On a été égoïstes et on le reconnaît, affirme Nina. Si seulement tu savais comme ça me fait mal... Partir en Angleterre était une erreur, si j'avais su avant que notre amitié se briserait ainsi, jamais je ne serais partie...

- Le mal est fait, Nina, dis-je avec les larmes aux yeux. Si seulement tu savais combien j'ai souffert de votre absence et combien j'avais besoin de vous deux...

- Je sais, mon frère s'approche de moi, mais je recule instinctivement. Il a l'air si désolé en me regardant. Je suis vraiment navrée, Luna.

- Ce qui est fait est fait. Je ne peux pas dire que tout redeviendra comme avant, mais je peux essayer d'affronter le passé et de vous donner une seconde chance, dis-je avec un sourire chaleureux.

- Est-ce que... je peux te prendre dans mes bras ? me demande-t-il.

- Bien sûr ! Il s'avance vers moi et me prend dans ses bras. Son étreinte m'a vraiment manquée. Nina nous observe en baissant les yeux. Viens ici, dis-je timidement, et elle se joint à nous.

On se fait un câlin tous les trois quand on entend un reniflement derrière nous, on se retourne. Mes parents et Pierre nous regardent avec tendresse. Je murmure un « merci beaucoup » à Pierre, qui répond sur le même ton « De rien, princesse ».