20h45. Tarrytown, État-Unis
...Damian...
J'étais seul dans cette salle, l'horloge accrochée au mur égrenant les secondes comme un métronome impassible. Les heures défilaient, mais rien ne se produisait. Je fermais les yeux, imposible de retrouver les conseils de ma mère, me répétant de compter jusqu'à dix, de me concentrer sur ma respiration. Mais rien ne venait. C'était comme si mon esprit avait été vidé, un vide troublant s'était installé en moi, laissant place à une confusion insupportable.
Comment tout cela pouvait-il être possible ?
Mon père n'avait pas été tué par Miller, mais par Swan. Cette révélation tournait en boucle dans ma tête, un écho insistant qui refusait de se taire. Je ne pouvais pas accepter cette réalité. Comment pourrais-je comprendre que l'homme que j'avais toujours considéré comme le responsable de ma douleur, celui sur qui j'avais déversé des années de haine, n'était pas l'auteur de cet acte ? C'était comme si cette information, aussi brutale soit-elle, ne pouvait pas exister dans le cadre de mon monde.
Je repensais à toutes ces années durant lesquelles j'avais imaginé les circonstances de la mort de mon père, cherchant des détails, des indices dans les yeux de ceux qui l'avaient connu, élaborant mille scénarios sur la manière dont ce fils de chien avait ôté la vie à un homme si cher à mon cœur. Mais aujourd'hui, c'était une vidéo qui venait troubler mes pensées, une vidéo qui remettait tout en question.
Je ne savais pas si la folie me guettait, mais une haine sourde s'insinuait en moi, insidieuse et brûlante, en voyant cette enfant, cette innocente, commettre un acte si froid, si calculé. Comment un homme pouvait-il engendrer un tel mécanisme de violence dans le cœur d'une enfant ? C'était incompréhensible. Ma perception de la pureté, de l'innocence, s'effondrait comme un château de cartes.
Et pourtant, malgré cette tempête, je ne pouvais pas éprouver de haine envers elle. Peut-être que tant d'années à nourrir ma colère contre son père avaient suffi à me désensibiliser. Les années de ressentiment, de désespoir, avaient pris une telle ampleur que je ne savais plus où me positionner face à cette enfant qui, à son tour, portait le poids d'un héritage de violence.
L'image de la vidéo, gravée dans mon esprit, refusait de s'estomper. Je la fixais, mon cœur se serrant à chaque instant. Mon père gisant au sol, Miller au-dessus de lui, tandis que Swan, impassible, se tenait dans l'ombre, l'arme tombée au sol. C'était une scène d'une froideur terrible, un tableau qui, en dépit de sa monstruosité, révélait des vérités que je n'étais pas prêt à affronter.
J'avais découvert l'existence de Swan grâce à Thea, une révélation qui avait bouleversé mon monde. À partir de ce moment, un plan s'était lentement dessiné dans mon esprit, un plan qui visitait à plier Miller, à l'obliger à se soumettre à ma volonté en menaçant la vie de sa propre fille. L'ironie m'apparaissait alors cruelle, car j'avais imaginé des centaines de scénarios pour lui faire du mal. Mais rien ne s'était jamais passé comme prévu.
Rien dans ma putain de vie ne se déroulait comme je l'avais planifié.
Swan, si innocente aux yeux de son père, était devenue un pion dans mon jeu tragique. Quand j'ai compris qui elle était vraiment, il était déjà trop tard. Elle avait irrémédiablement marqué mon esprit, son existence une empreinte indélébile que je ne pouvais plus effacer. J'avais ressenti ce besoin de l'utiliser, de comprendre son fonctionnement, ce mécanisme si étrangement complexe. Il y avait quelque chose en elle qui m'appelait, une force mystérieuse que je n'avais finalement jamais réussi à saisir.
Elle s'était alliée à moi, j'avais cru trouver un réconfort à ses côtés, un havre de paix au milieu de ce chaos, avant de la voir disparaître de ma vie. J'avais réussi le plan initial, l'ultime stratagème que j'avais concocté dans les coins sombres de ma colère. Mais sa mort n'était plus une simple étape dans mon chemin de vengeance, je la voulais vivante, à mes côtés.

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NightHawk T1&T2
Romance« J'aime la façon dont tu prononces mon nom, mais c'est vulgaire venant d'une bouche aussi pure. » « Ne me sous-estime pas. » « Oh, je n'oserais pas, princesse. » « Je suis un ange, pas une princesse. » Elle s'était juré de mettre un terme à son pas...