Azra
Être de garde aux urgences pédiatriques, ce n'était jamais une partie de plaisir.
Certains adoraient passer leur nuit dans l'hôpital mais personnellement, ce n'était vraiment pas ma tasse de thé. C'était beaucoup trop instable comme service une fois le soleil couché, et les urgences étaient à tous les degrés. On pouvait s'occuper d'un simple gamin criard dont les parents s'inquiétaient pour une bénigne toux à cause d'un rhume, à une fillette qui arrivait avec la moitié de la jambe brûlée à l'huile chaude.
Je me rappelais encore de cette soirée, c'était mon deuxième mois à l'hôpital de Barcelone et les hurlements de la petite dans la salle d'attente me faisaient encore frissonner maintenant.
- Je suis explosée.
Se laissant tomber sur la chaise en face de moi, Odile attrapait une madeleine dans la panière posée sur la table et ouvrait la gourmandise avant de croquer dedans dans un long soupir de plénitude. Cette femme était vraiment le seul point positif de mes gardes, alors je ne vous laissais pas imaginer quand elle n'était pas là.
Je rasais presque les murs en repoussant vainement les pompiers ou les brancardiers qui s'adonnaient à un peu de drague après avoir apporté les blessés aux urgences. Je regorgeais d'anecdotes à ce sujet mais je n'étais pas sûre qu'une certaine personne apprécie de toute les entendre.
Et en parlant du portugais, je jetais un coup d'œil à mon téléphone et soupirais intérieurement en découvrant que Joao n'avait toujours pas répondu à mes messages remontant à une heure. Il n'avait pas entraînement ce soir et normalement, il m'avait dit passer sa soirée chez lui, attendant patiemment neuf heures du matin que je rentre et vienne me coucher à ses côtés.
J'avais rougi quand il m'avait balancé ça dans un sourire charmeur, les deux coudes posés sur ma portière et son corps avachi dessus, alors que je m'apprêtais à me rendre au travail.
- On a de la chance, c'est plutôt calme, avouais-je à l'attention d'Odile qui finissait sa bouchée, faisant passer le tout avec un petit shot d'espresso.
- Ouais, mais tu sais ce que ça veut dire.
- Hmm, on va se manger une rentrée dans les prochaines heures.
- Ou minutes ma vieille, garde un œil sur ton biper.
Je pouffais d'un rire fatigué avant de rapidement vérifier que le petit alerteur qui ne quittait pas ma poche, peu importe que je sois en garde ou en service de jour, soit toujours là. Il était très utile en cas d'urgence vitale et ça évitait que les secrétaires nous cherchent dans tout l'hôpital. Mais je devais avouer avoir un petit pic d'angoisse à chaque fois que le boîtier rectangulaire noir s'affolait contre ma blouse.
- Ça s'est passé comment avec la famille de Gontrand ? questionnais-je ma collègue après m'être levée pour aller me faire couler le troisième café de la soirée.
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𝘴𝘩𝘰𝘳𝘦 𝘣𝘳𝘦𝘢𝘬 - T4
أدب الهواةDans la vie d'Azra, rien n'est facile. Son quotidien se voit brutalement perturbé par une série d'événements qu'elle n'aurait jamais pu anticiper et les nouvelles responsabilités qu'on lui administre du jour au lendemain ne la facilitent en rien. D...