Fúria Vermelha Tome 2

Chapitre 25 : Flavia

Je quitte la salle d'examen, mon esprit en ébullition. Ce rapprochement avec Marcus, aussi perturbant qu'inattendu, me laisse désorientée. Je devrais être concentrée, focalisée sur mon objectif de le détruire, mais la sensation de ses doigts contre ma peau persiste comme une brûlure que je n'arrive pas à effacer. Ce n'était pas seulement de la haine entre nous. Je le sais. Il y avait autre chose.

Cette proximité, cette tension... C'était presque suffocant. Même dans sa brutalité, il y avait une étrange douceur, une maîtrise qui me troublait plus que je ne veuille l'admettre. Son regard, son toucher... C'est comme s'il jouait avec moi, à la fois prédateur et tentateur. Chaque fois que je pense à lui, je sens ma résolution vaciller, et je déteste ça. Concentre-toi, Flavia. Ce n'est qu'un autre coup dans cette partie mortelle. Lui ou moi.

Puis il y a son frère. L'interruption soudaine d'Alexander a fait tomber l'effervescence de ce moment d'un coup, comme une lame tranchant, un fil tendu à l'extrême. Mais avec lui, c'est différent. Il est toujours si... prévisible. Trop lisse, trop maîtrisé. Alors que Marcus... Marcus est imprévisible, sauvage, un danger palpable à chaque seconde. C'est ce danger qui m'attire autant qu'il me repousse. J'ai l'impression de marcher sur le fil du rasoir chaque fois qu'il est près de moi. Je le déteste, je le hais profondément, mais quelque chose en moi commence à se fissurer.

Je secoue la tête en descendant vers la cuisine, mes pas rapides, mes pensées déjà en train de planifier ma prochaine attaque. Satanás est imprévisible, et c'est ce qui le rend dangereux. Mais je ne dois pas me laisser distraire par ça. Je suis plus forte, plus calculatrice. Ce n'est pas lui qui contrôle cette partie, c'est moi. J'espère que faire quelque chose d'aussi banal que manger me rendra un semblant de lucidité. Mais chaque foulée que j'exerce est imprégnée de cette tension qu'il a laissée en me plantant dans la pièce.

Je me prépare un plateau sans grande conviction, mes gestes sont mécaniques. Je n'arrive pas à me sortir ce regard de la tête. Ce sourire en coin. Ce danger imminent. Tout ça finira mal. Je devrais m'éloigner, fuir cette spirale, mais je n'y arrive pas. Une part de moi continue de jouer, à flirter avec ce précipice, attiré par quelque chose de plus grand que moi.

Je m'assieds enfin, le regard perdu. Je me répète que je suis plus forte que ça, que je suis Flavia, la tueuse impitoyable, mais alors pourquoi ma main tremble-t-elle ? Pourquoi cette brûlure dans mon flanc me rappelle-t-elle encore son toucher ? Je n'ai jamais été aussi proche du chaos. Et ce qui est pire... c'est que je ne suis plus sûre de vouloir m'en éloigner.

Je prends mon plateau et me dirige vers la salle où une télévision trône encore, miraculeusement intacte. J'ai besoin de me changer les idées, d'échapper à cette confusion qui me ronge. Je m'affale lourdement sur le canapé, allume la télé et commence à zapper sans réel intérêt. Mon esprit est ailleurs, mais mes doigts continuent de parcourir les chaînes mécaniquement, jusqu'à ce que je tombe sur un film : La Belle et la Bête.

Un sourire ironique se dessine sur mes lèvres. La Belle et la Bête... Quelle ironie. Est-ce que je suis la Belle ou la Bête dans cette histoire ? Peut-être que je suis les deux. Une beauté construite sur des ruines et une bête qui se nourrit de haine. Et Marcus, où se situe-t-il dans tout ça ?

Je repense à ses yeux, brûlant de cette intensité que je refuse d'admettre. Un monstre, c'est certain. Mais quel genre de monstre ? Pas celui qu'on peut simplement tuer d'un coup de lame. Non, il est plus subtil. Il s'infiltre, il séduit, il te pousse à dévoiler tes propres ténèbres. Je le hais pour ça. Je le hais parce qu'il réveille en moi quelque chose que je pensais inexistant.

Peut-être que nous sommes tous les deux des monstres, chacun à notre manière. Je ne suis plus sûre de savoir où se trouve la frontière entre nous. L'amour, la haine, le désir, la destruction... Tout se confond jusqu'à ne plus faire de différence. Peut-être que cette histoire n'a jamais été une simple lutte entre le bien et le mal, mais une danse mortelle entre deux âmes brisées qui refusent de se laisser dompter.