Fúria Vermelha Tome 2

Chapitre 44 : Valentina

Les doigts tremblants je ferme la fermeture éclair de mon sac. La tension est palpable, elle colle à la peau comme une sueur froide. Alexander se tient près de moi, ses traits tirés par l'inquiétude. Nous savons tous les deux que la situation est en train de basculer. L'appel de La Muerta résonne encore dans ma tête, sa voix froide et tranchante derrière le haut-parleur. Rien de bon ne peut sortir de tout ça.

— Enzo est en train d'organiser notre vol pour Belém, murmure Alexander en regardant son téléphone. On ne peut pas rester ici. Pas avec ce qui se prépare.

Je hoche la tête sans dire un mot, mais une boule d'angoisse me noue l'estomac. Marcus... Je sais ce qu'il est capable de faire pour récupérer Flavia. Et c'est ce qui me terrifie le plus. Il est prêt à tout détruire, quitte à se consumer lui-même dans le processus.

Je jette un coup d'œil à mon médecin privé, son visage est sombre, marqué par l'incertitude et la peur. Il veut me protéger, je le sais, mais il est aussi pris dans cette guerre entre son frère et la famille de Flavia.

— Il va la retrouver, soufflé-je finalement, ma voix à peine un murmure. Et il va tout anéantir pour elle, même si ça le détruit.

Alexander pose une main sur mon épaule.

— On doit partir maintenant, amor, dit Alexander avec une fermeté inhabituelle dans sa voix. Avant que tout ça ne devienne incontrôlable.

Nous sommes au bord du précipice, et je ne sais pas si nous pourrons y échapper indemnes. Alors que je serre la dernière sangle de mon sac, un bruit derrière moi me fait sursauter. Enzo entre dans la pièce, son regard grave.

— Le vol est bientôt prêt, on doit se rendre à l'aérodrome dans un heure, annonce-t-il.

Je hoche la tête, mais mon cœur pèse lourd dans ma poitrine. Est-ce vraiment la solution ?

La peur m'envahit comme une vague glaciale, et pour la première fois depuis longtemps, ce n'est pas pour moi que j'ai peur. Oui, les Rorarez pourraient me tuer à l'instant où ils me découvriront aux côtés d'un Costa, je l'ai toujours su. Mais cette pensée, aussi terrifiante soit-elle, n'est rien comparée à ce que je ressens pour mon amie. La peur de ne pas pouvoir la sauver, de la perdre dans ce chaos qui s'annonce m'oppresse bien plus que la peur de ma propre mort.

Je serre les poings, essayant de repousser cette angoisse grandissante. Flavia est plus qu'une amie pour moi, elle est une partie de moi, celle qui me comprend mieux que personne, malgré ces derniers temps. Et maintenant, elle est en train de se noyer dans cette guerre, piégée entre deux familles qui se déchirent. Marcus la veut, La Muerta la protège, mais dans ce jeu d'égo et de pouvoir, personne ne la voit vraiment, personne ne la comprend.

— Tu crois que je peux encore la sauver ? murmuré-je ma voix tremblant sous le sanglot que je retiens.

Il me fixe en silence, ses traits tendus. Il sait à quel point Flavia compte pour moi, à quel point je suis prête à tout pour elle, même à affronter la fureur des Rorarez.

— Je ne sais pas, dit-il doucement. Je sais juste que tu ne pourras pas la sauver si tu n'es plus là. Tu dois te protéger aussi.

Je secoue la tête, refusant d'accepter cette vérité. Ma voix tremble légèrement, mais je suis déterminée. Je ne la laisserai pas seule face à tout ça, pas alors qu'elle est déjà en train de s'effondrer. Elle a toujours été la plus forte de nous deux, celle qui a tenu bon, mais aujourd'hui, c'est elle qui a besoin d'être sauvée.

— Elle est perdue, Alexander, dis-je, ma gorge se serrant. Elle se bat contre des démons qu'elle ne peut pas affronter seule. Et si je ne fais rien... je la perdrai pour de bon.

Alexander s'approche, posant une main réconfortante sur mon épaule.

— Je sais, murmure-t-il. Mais tu ne pourras pas l'aider si tu te jettes dans la gueule du loup.

Je serre les mâchoires, déchirée entre la peur de perdre Flavia et celle de la laisser sombrer toute seule dans cet enfer.

— Je dois la sauver, soufflé-je, presque pour moi-même. Même si ça signifie affronter les Rorarez.

— On le fera au côté de mes parents, souffle-t-il, sa voix douce, mais ferme, essayant de me rassurer. J'ai confiance en eux, même si j'ai toujours été dans l'ombre. Ils savent ce qu'ils font.

Je cherche dans ses yeux cette certitude qu'il essaie de m'offrir. Il y croit, vraiment. Alexander a toujours été celui qui garde foi en ses proches, même quand tout semble perdu. Mais moi... je ne peux m'empêcher de douter. Parce que pour moi, la confiance n'a jamais été aussi simple, et surtout pas dans cette guerre où tout peut basculer en un instant.

— Et si ce n'était pas suffisant ? murmuré-je. Et si nous arrivions trop tard ?

Il me prend doucement la main, son regard planté dans le mien. Mes craintes sont fondées, cette situation échappe à tout contrôle.

— Ça n'arrivera pas, Valentina. Je te le promets. Ses mots sont posés, calculés.

Je voudrais tant croire en ses paroles, mais cette peur ne me quitte pas.

Je serre les sangles de mon sac, le cœur lourd, mes pensées s'entremêlant. Oui, je l'ai trahie. Peut-être que je n'aurais jamais dû m'impliquer avec Alexander ni tomber amoureuse de cet homme qui est tout le contraire de ce qu'on m'a appris à aimer. Mais mon amitié avec Flavia... ça, je ne l'ai jamais trahie.

Mon amitié pour elle est comme une flamme qui brûle en moi, et peu importe la tempête que nous traversons, cette flamme ne s'éteindra jamais. Pas maintenant, pas après tout ce que nous avons vécu ensemble.

Il me tend une veste, prêt à m'accompagner dans ce voyage dangereux. Il me voit pour ce que je suis, une femme divisée entre la loyauté et la trahison, mais il m'accepte. Pourtant, c'est Flavia qui compte le plus.

— Elle a besoin de nous, murmuré-je plus pour moi-même que pour Alexander. Et je ferai tout pour la retrouver. Même si elle ne me pardonne jamais, je ne la laisserai pas tomber.

Je l'enfile puis il me prend la main, et ensemble, nous sortons de la chambre. Je ne sais pas comment Flavia va réagir en me voyant, mais je ne peux pas reculer. Parce qu'au fond de moi, je sais que je lui dois ça. Elle est plus qu'une sœur, et peu importe ce qu'elle pense de moi, je me battrai pour elle jusqu'au bout.