Chapitre 33 : Flavia

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Je serre le couteau entre mes doigts, sentant sa froideur contre ma peau. Marcus est là, tout près, ses mains de chaque côté de mon corps, m'enfermant comme si j'étais une proie. Mais je ne suis pas une proie. Je suis celle qui chasse. Pourtant, quelque chose en lui m'empêche de réagir, me cloue à ma place. Ses yeux... noirs comme la nuit, me captent, me retiennent, et pour la première fois depuis longtemps, je ressens autre chose que la rage.

La lune éclaire doucement la pièce, projetant des ombres mouvantes autour de nous, comme si nous étions pris dans une danse silencieuse, une bataille sans fin. Son souffle effleure ma peau, si proche que je pourrais sentir la chaleur de ses lèvres s'il s'approchait un peu plus. Mon cœur bat contre ma poitrine, mais pas de peur, non. C'est autre chose. De la tension, du désir peut-être, de la confusion certainement.

Il y a quelque chose dans son regard, une promesse obscure, un défi silencieux. Il est l'incarnation du danger, et pourtant, je ne m'éloigne pas. Une partie de moi veut fuir, s'enfuir loin de ce piège qu'il me tend, mais l'autre... l'autre est fascinée, attirée par ce que je vois en lui. Un reflet de moi-même, une noirceur que je connais trop bien.

Je serre le couteau un peu plus fort, la lame froide se réchauffant contre la chaleur de ma peau. Il sait que je pourrais le planter, qu'un simple geste de ma part pourrait tout arrêter, mais il reste là, aussi immobile que moi. C'est comme s'il me mettait à l'épreuve, comme s'il me disait silencieusement : Vas-y. Fais-le.

Qu'est-ce que tu attends, Fúria ? murmure-t-il, sa voix basse et rauque. — Tu pourrais me tuer maintenant, mais tu ne le fais pas. Pourquoi ?

Je serre les dents, incapable de répondre. Parce que je ne sais pas moi-même pourquoi. Pourquoi je ne bouge pas ? Pourquoi je ne le frappe pas ? Pourquoi je laisse ce moment s'éterniser ? Je sens son corps si proche du mien, son souffle brûlant contre ma peau, et malgré moi, je me perds dans ce sentiment que je déteste : l'hésitation.

Je ne peux pas me permettre d'hésiter. Pas avec lui.

— Tu te crois intouchable, lâché-je enfin, ma voix plus dure que je ne l'aurais voulu. Mais tu ne l'es pas.

Je lève doucement le couteau entre nous, mais il ne recule pas. Ses yeux ne quittent pas les miens, et il esquisse un sourire lent, comme s'il savait que, malgré tout, je ne franchirais pas cette ligne.

— Je n'ai jamais prétendu être intouchable, murmure-t-il en approchant son visage encore plus près. Mais toi, tu refuses d'admettre ce que tu ressens vraiment. Tu te caches derrière ta rage, derrière ce couteau, mais on sait tous les deux que tu n'as pas peur de moi. Tu as peur de ce que je représente pour toi.

Je fronce les sourcils, une colère sourde montant en moi. Comment ose-t-il prétendre savoir ce que je ressens ? Je n'ai peur de rien ni de personne, surtout pas de lui. Et pourtant... il a raison. Il est bien plus que ce qu'il montre. Il est un défi, un danger, un miroir de ce que je pourrais devenir.

Je le pousse brutalement, mais il ne bouge pas d'un centimètre, restant là, imperturbable, comme s'il savait que je ne pourrais jamais vraiment le repousser.

— Tu n'es qu'une distraction, Marcus, dis-je finalement, ma voix tremblant légèrement sous l'effet de la frustration. Une distraction que je vais effacer dès que je serai prête.

Son sourire s'élargit, mais cette fois, il est plus sombre, plus dangereux.

— Efface-moi si tu le peux, Fúria. Mais tu sais aussi bien que moi que tu ne le feras pas. Parce qu'au fond, tu n'en as pas envie.

Je ne dis rien, mais l'intensité dans l'air devient presque insupportable. Il est là, si proche, et pourtant, il n'y a que cette distance infime entre la vie et la mort, entre la haine et le désir. Entre nos lèvres, entre nos regards brûlants.

Fúria Vermelha Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant