Chapitre 47 : Flavia

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Assise sur les marches de la terrasse, le regard fixé sur l'horizon, je tente de respirer profondément, mais chaque inspiration est une douleur vive qui lacère ma poitrine. Marcus va venir. Et je suis là, paralysée par mes propres pensées, mes propres choix. Je sens le poids de la guerre imminente peser sur mes épaules, la tension qui s'accumule dans l'air, prête à exploser.

Je ferme les yeux un instant, cherchant un peu de calme dans ce chaos. Mais la vérité est déjà là, incrustée dans chaque fibre de mon être : je ne peux pas le tuer. Je ne peux pas tuer Marcus. Peu importe combien de fois je l'ai juré à moi-même, combien de fois j'ai rêvé de le voir mort sous mes coups... la réalité est tout autre.

Je passe une main tremblante sur mon visage, essayant de me ressaisir, mais la douleur est omniprésente. Ce n'est pas seulement la douleur physique. C'est plus profond. C'est comme si chaque respiration me rapprochait de ce moment où je devrais choisir. Marcus ou ma famille. Mon cœur ou mon sang.

Comment ai-je pu en arriver là ? Comment ai-je pu laisser les choses déraper à ce point ? La haine que j'avais pour lui... elle est toujours là, quelque part, mais elle est noyée sous des émotions que je n'aurais jamais dû ressentir. L'attirance. Le désir. Et pire encore... l'amour. L'amour pour cet homme que je devrais haïr plus que tout.

Je serre les poings, le regard toujours fixé sur l'horizon, comme si cela pouvait m'aider à échapper à cette réalité qui m'étouffe un peu plus chaque jour. Je suis piégée. Entre deux mondes qui ne peuvent coexister.

Le vent souffle, caressant ma peau, me ramenant à ce moment où tout a basculé. Ce moment où j'ai réalisé que je ne pourrais jamais le tuer. Parce qu'il est devenu une partie de moi, une partie sombre et destructrice, mais une partie tout de même. Nous sommes pareils. Des âmes brisées, des êtres de chaos sous l'influence de nos parents.

Je repense à Valentina, à la trahison que j'ai ressentie en la voyant tomber amoureuse d'Alexander. Je comprends mieux maintenant. Je comprends pourquoi elle a fait ce choix. Parce qu'aimer quelqu'un comme nous, c'est accepter d'être détruit. C'est accepter que la guerre ne soit plus seulement à l'extérieur, mais aussi à l'intérieur de nous.

Marcus arrivera bientôt. Et moi, je dois prendre une décision. Une décision qui changera tout.

Je me lève, chancelante, mes jambes lourdes sous le poids de ce fardeau invisible. Mes mains tremblent légèrement, mais je serre les poings pour contenir cette faiblesse que je refuse de montrer. Je ne peux pas me permettre de faiblir, pas maintenant, pas alors que tout est sur le point de s'effondrer.

Je ferme les yeux, tentant de calmer la tempête dans mon esprit. Je ne peux pas fuir.

— Flavia ? La voix de ma mère résonne. Elle s'approche, mais je ne me retourne pas. Je n'ai pas la force de la regarder.

— Oui, mamãe ? murmuré-je, la gorge serrée.

Je sens sa présence derrière moi, forte et protectrice, mais en même temps, c'est elle qui m'a poussée sur ce chemin. C'est elle qui m'a façonnée pour devenir ce que je suis aujourd'hui : une guerrière, une tueuse.

— Ton père et moi... nous savons que c'est difficile pour toi, commence-t-elle, sa voix plus douce qu'à l'accoutumée. Mais tu dois rester forte.

Je garde les yeux fermés, incapable de répondre immédiatement. Une partie de moi sait qu'elle a raison. Mais une autre, plus profonde, hurle de douleur.

— Je sais, dis-je enfin, ma voix cassée. Je le sais, mamãe.

Elle pose une main légère sur mon épaule, un geste rare, presque tendre. Mais même ce geste me rappelle la dureté de notre vie, de ce que nous devons sacrifier pour survivre.

Fúria Vermelha Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant