Son regard est rivé sur moi, et je sens tout son être tendu, prêt à exploser. Chaque foulée que j'exerce semble le rapprocher un peu plus de ce moment où tout s'effondrera. J'entends le roulement doux, mais constant de mon couteau entre mes doigts, ce tic nerveux qui ne me quitte jamais. Et je sais qu'il le regarde aussi. Il a toujours observé pensant que je ne le voyais pas.
Mais ce n'est plus le moment des rires. Plus rien n'est drôle.
Je ressens cette étrange tension entre nous, ce lien qui me terrifie autant qu'il me fascine. J'ai voulu le tuer, j'ai rêvé de lui planter ce couteau en plein cœur tant de fois. Mais maintenant qu'il est là, devant moi, je ne peux pas. Cette haine, cette rage, ce désir de destruction... ce n'est qu'un miroir de ce que je ressens pour lui.
Mes doigts continuent de faire tourner le couteau, mais ma respiration s'accélère. Chaque mot qu'il a prononcé résonne encore dans mon esprit, chaque menace qu'il m'a lancée, chaque promesse de mort et de douleur. Et pourtant, malgré tout, je ne veux pas qu'il crève.
Je m'arrête à quelques pas de lui, mes yeux accrochés aux siens. Son regard est intense, brûlant de cette même folie qui me réside. Il lève les bras, comme pour me montrer qu'il n'y a aucune menace.
— Regarde, dit-il, sa voix basse, rauque. Personne n'est encore mort. Un miracle, tu ne trouves pas ? Un putain de miracle. Mais si tu restes là, tout va voler en éclats. Même si je dois en crever, ratoncita, je t'amène avec moi.
Ses mots me frappent de plein fouet. Il ne recule pas, ne vacille pas. Il est là, prêt à m'entraîner dans sa chute. Et moi... je ne sais plus quoi penser. Mon cœur bat si fort que j'ai l'impression qu'il va éclater.
Je serre le couteau un peu plus fort, mon regard s'assombrissant. Je veux lui dire qu'il a tort, que je ne le suivrai pas. Mais à quoi bon mentir...
— Tu crois vraiment que je vais te laisser me traîner avec toi ? craché-je, ma voix tremblant légèrement. Tu es plus fou que je ne le pensais.
Je descends une marche de plus, mon regard toujours ancré dans le sien.
Je sens tous les regards braqués sur moi. Chaque mouvement est scruté, jugé, évalué. Je sais que je n'ai plus le droit à l'erreur. Pas maintenant. Pas alors que tout est sur le point de basculer. La lame, tournant encore et encore. Je ne sais plus quoi faire. Une partie de moi hurle de fuir, de courir loin d'ici, mais l'autre... l'autre est hypnotisée. Par Marcus.
Au loin, je capte le regard de La Muerta. Un signe de sa part, un simple mouvement de tête, et c'est comme si tout devenait limpide. Mon cœur s'emballe, et pour la première fois depuis des semaines, je ne pense plus. Je ne réfléchis plus. C'est mon cœur qui prend le contrôle, et je me laisse porter par cette vague de sentiments que j'ai toujours refusé d'affronter.
⸺ Je te tuerai, Marcus ! craché-je, mes mots déformés par la rage et la confusion. Je te tuerai de mes propres mains, je te ferai payer chaque seconde de ce que tu m'as fait subir.
Je descends les marches d'un bond, mes jambes à peine conscientes de ce qu'elles font. Et avant même de pouvoir réfléchir, je me jette sur lui. Mon corps s'écrase contre le sien avec une violence que seule la colère pourrait expliquer, mais pour la première fois, ce n'est pas de la haine pure. C'est quelque chose d'encore plus dangereux.
Ses bras se referment autour de moi avec une force brutale. Il ne me prend pas avec douceur, non. Il me serre, m'étouffe. Comme s'il voulait s'assurer que jamais je ne pourrai partir, que jamais je ne pourrai le quitter. Ses mains s'ancrent dans mon dos, ses doigts s'enfonçant dans ma chair, et je sens sa respiration s'accélérer contre mon cou.
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Fúria Vermelha Tome 2
RomanceLorsque Flavia répond à l'appel désespéré de Valentina, elle se jette dans une mission périlleuse. Mais ce qu'elle ignore, c'est que cette mission est un piège. Marcus n'avait jamais envisagé que la tempête incarnée par Flavia - la Fúria Vermelha...