Fúria Vermelha Tome 2

Chapitre 38 : Flavia

Sur la route depuis des heures, le rugissement de ma Lamborghini résonne dans mes oreilles, comme un écho de ce chaos intérieur qui refuse de se taire. Le paysage défile à toute vitesse, flou, indistinct. Tout est flou maintenant, tout, sauf une seule certitude : je devais partir. Il n'y avait plus d'autre choix.

Marcus.

Je serre le volant un peu plus fort, mes jointures blanchissant sous la pression. Je ne pouvais plus rester là-bas. Pas avec lui. Pas avec tout ce qu'il représente. Il est toxique, destructeur, une bombe à retardement prête à tout faire exploser. Et le pire dans tout ça... c'est que je me suis accroché à cette bombe.

Je lâche un rire amer, me mordant la lèvre pour empêcher mes pensées de me consumer. Comment ai-je pu en arriver là ? Comment ai-je pu laisser ça arriver ? Moi, Flavia Rorarez, la fille de La Muerta et du Scorpion, je me suis attachée à un homme qui incarne tout ce que je déteste, tout ce que j'ai juré de détruire.

Je passe une main dans mes cheveux, les tirant en arrière avec force, comme si ce geste pouvait empêcher la tempête en moi de tout ravager. Je ne pouvais plus rester. Chaque seconde passée près de lui me rapprochait un peu plus du point de non-retour, de cette ligne que je ne voulais pas franchir. Et pourtant, une partie de moi, la plus sombre, crie de désespoir à l'idée de ne plus le revoir. Comme si s'éloigner de lui, c'était perdre une partie de moi-même.

Mais je ne pouvais pas le tuer non plus. Malgré tout ce qu'il représente, malgré la violence, la manipulation, et cette guerre silencieuse entre nous, il y a cette vérité insupportable : je n'ai jamais pu lui voler sa vie. La haine aurait dû suffire. Elle aurait dû m'aveugler, me pousser à l'anéantir comme tous les autres.

Mais... c'est différent.

J'inspire profondément, mes pensées dérivant vers Valentina. Elle est tombée amoureuse, Je l'ai vu dans ses yeux, dans ses larmes. Elle a fait ce choix bien avant moi, et si j'étais restée, je l'aurais suivie. J'étais prête à trahir mon sang pour Satanás.

Je secoue la tête, les lumières de la ville derrière moi s'estompant peu à peu alors que je m'enfonce dans la nuit. Je vais devoir affronter la furie de mes parents pour être partie et revenir avec un putain d'échec. Mais je suis prête. Prête à tout subir. Parce que la vérité, c'est que rien, absolument rien, ne fera jamais aussi mal qu'un Costa.

Et cette douleur... je la porterai en silence.

Je continue de rouler, le paysage sombre autour de moi se mêlant à mes pensées. Le Scorpion. La Muerta. Ils vont me tuer pour être partis sans leur consentement, pour avoir déserté en plein milieu d'une guerre qui approche. Mais leur colère m'importe peu. Tout ce qui me ronge, c'est la réalité que j'ai enfin acceptée : je ne suis plus la Flavia d'avant. Celle qui vivait pour la vengeance, qui n'avait aucune attache.

Non. Cette Flavia est morte quelque part sur ce chemin sinueux avec lui.

Je relâche une main du volant, la posant doucement sur mon ventre noué, ressentant le poids invisible de ce que j'ai perdu, et de ce que j'ai trouvé. Marcus. Lui et moi, c'était la destruction incarnée. Deux âmes brûlantes de rage, de haine, et pourtant... une attraction que je n'ai jamais su contrôler.

Je ne peux pas me permettre de m'attarder là-dessus maintenant. Devant moi, il y a mes parents. Le chaos qui m'attend, bien plus sombre que tout ce que j'ai vécu jusqu'à présent. Mais il me semble presque insignifiant par rapport à ce que j'ai laissé derrière moi. Parce que, pour la première fois de ma vie, j'ai peur. Peur de ce que je ressens, peur de ce que cela signifie.

Et ce sentiment, c'est Marcus qui l'a planté en moi, comme une graine vénéneuse.

Je revois son regard, cette dernière nuit où tout a basculé. Ses mains sur ma peau, ses mots qui résonnaient encore longtemps après qu'il soit parti. Il m'a laissé une empreinte indélébile, et je me déteste pour ça. Comment peut-on haïr quelqu'un à ce point et le désir avec la même intensité ?