Fúria Vermelha Tome 2

Chapitre 31 : Marcus

Je la regarde, penchée sur la table, les yeux rivés sur la carte. Elle est concentrée, plus concentrée que je ne l'aurais imaginé. Une partie de moi ne peut s'empêcher d'admirer sa détermination, sa soif de contrôle. Flavia veut jouer, elle veut gagner, et elle a cette lueur dans les yeux, celle d'un prédateur prêt à tout pour atteindre son but. Mais ce qu'elle ne sait pas, c'est que le jeu est déjà en marche depuis bien plus longtemps qu'elle ne l'imagine.

Je m'appuie contre le mur, allumant une cigarette, observant les volutes de fumée s'élever doucement vers le plafond. Ma tête bourdonne encore légèrement à cause de l'alcool que j'ai ingurgité avant cette putain d'attaque imprévue, mais je reste alerte. Avec elle, je ne peux jamais vraiment baisser ma garde. Pas une seconde. Elle est trop imprévisible. C'est ce qui la rend dangereuse. Et excitante.

Je la connais maintenant. Elle est en pleine réflexion, pesant chaque option. Mais même dans ses moments de calme, Flavia reste comme une bombe à retardement. Elle est animée par la colère, par la trahison de ses parents, par cette rage brûlante qu'elle essaie de contenir, mais qui ne demande qu'à exploser. Ce qui est fascinant avec elle, c'est cette lutte constante entre son désir de contrôle et l'instinct sauvage qui la pousse à tout détruire sur son passage.

Je prends une bouffée de ma cigarette, savourant l'amertume du tabac, mes yeux ne quittant pas sa silhouette. Chaque muscle de son corps est tendu, prêt à bondir. Mais elle reste là, à essayer de jouer les stratèges. C'est presque amusant de la voir se battre contre elle-même.

— Tu sais que ça ne va pas se passer comme tu l'imagines, non ? déclaré-je, brisant le silence pesant.

Elle ne bouge pas tout de suite, ses yeux toujours fixés sur la carte. Mais je vois ses doigts se crisper légèrement sur le bord de la table.

— Qu'est-ce que tu veux dire par là ? rétorque-t-elle, sa voix froide, mais teintée de suspicion.

Je souris, un sourire que je ne peux retenir. Elle ne veut pas admettre que je suis toujours un pas devant elle dans ce jeu. Elle déteste l'idée que je puisse savoir quelque chose qu'elle ignore.

— Ce jeu... murmuré-je en expirant une volute de fumée. Il a commencé bien avant que tu n'arrives ici. Ton rôle est peut-être plus grand que tu ne le penses, mais tu ne contrôles rien.

Cette fois, elle se redresse lentement, ses yeux noirs se plantant dans les miens avec une intensité qui pourrait faire frémir n'importe qui. Mais pas moi. Je connais cette colère, je l'ai déjà vue.

— Tu penses que je ne contrôle rien ? rétorque-t-elle, sa voix tremblant légèrement sous l'effet de la rage qu'elle tente de contenir. Tu crois que je ne suis qu'une pièce sur ton échiquier ?

Je ris doucement, sans méchanceté, mais avec cette ironie qu'elle déteste.

— Je n'ai jamais dit que tu n'étais qu'une pièce. Mais je te l'ai dit, tu es dans mon jeu maintenant. Tout comme je suis dans le tien. La différence, c'est que j'ai appris à jouer depuis bien plus longtemps que toi.

Elle s'approche de moi, ses pas lents, mais chargés de cette énergie brûlante qu'elle ne cherche même plus à cacher. Son visage est à quelques centimètres du mien, et je peux sentir la tension dans chacun de ses gestes.

— Ne me sous-estime pas, murmure-t-elle, sa voix plus basse, plus dangereuse. Parce que je ne joue pas pour perdre. Et quand j'aurai ce que je veux, tu verras à quel point je peux être impitoyable.

Je la fixe, savourant cette proximité, cette chaleur qui émane d'elle. Ses mots sont des promesses, des menaces voilées. Mais elle ne sait pas encore à quel point je suis prêt à jouer avec elle, jusqu'à ce que tout soit brûlé.