Chapitre 17

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Nous nous garons devant la maison de mes parents, c'est une grande maison qui date du 19e siècle environ, le portail est encore plus impressionnant que dans mes souvenirs, il grand, en fer forgé, qui dissimule le jardin. La maison est entourée de hauts arbres, j'ai beau habiter dans la même ville, j'évite toujours ce quartier. J'expire un bon coup, et je finis par sonner. Le portail s'ouvre automatiquement depuis l'intérieur, nous avançons et entrons dans le jardin, même si quelques arrangements floraux ont changé, en réalité rien n'a réellement bougé. Nous traversons l'allée gravillonnée et nous dirigeons vers la porte d'entrée. Josh me prend la main, je déteste cet endroit, mon cœur bat vite, j'ai l'impression d'être à nouveau cette enfant terriblement seule, à qui on n'accordait pas même un regard. Je soupire et je finis par sonner. Ils savent qu'on est là, mais pour je ne sais quelle raison il ne souhaite pas nous accueillir. Pourquoi m'ont-ils « invité » ?

— Détends-toi. Me chuchote mon ami, c'est comme un rendez-vous chez le dentiste, c'est un mauvais moment à passer.

Je soupire et acquiesce.

— Chez le dentiste ont fini par être content d'y être aller, alors qu'ici... je laisse ma phrase en suspend.

Josh me sourit. Il n'a pas le temps de me répondre que Lilith, enfin, ma mère nous ouvre. Curieux, d'habitude, ils emploient des hôtesses où je ne sais quoi pour ça.

— Bonsoir, nous dit-elle en nous inspectant de la tête au pied. Bien entrer.

Eh bien, même au pôle nord l'ambiance serait plus chaude que dans cette baraque.

Une jeune femme nous propose de nous prendre nos vestes, voilà qui ressemble plus à ma mère. Elle n'a jamais rien fait seule. Ma mère nous conduit dans le salon où nous attendent, mon père, avec près de lui, un monsieur bedonnant aux cheveux gris qui me regarde comme si j'étais de la viande fraîche, une femme assise en face de cet homme, elle fronce les sourcils ce qui indique que ce doit être sa femme, et... un jeune homme qui doit avoir mon âge. Mon Dieu, je prie pour que ce ne soit pas ce à quoi je pense. Je serre la main de Josh un peu plus fort. Je préfère me présenter seule, bien que la bienséance aurait voulu que ma mère le fasse. Je m'entends alors dire avec la voix la plus fausse du monde,

— Bonsoir à tous, je suis Emma, la fille de Barbara et Gilles, et voici Joshua Maillard, mon ami.

Le vieux dégoûtant se lève, je lui tends la main, il la prend pour la porter à ses lèvres.

— Enchanté jeune fille, Georges Delamare, votre père ne m'a pas menti, vous êtes ravissante.

J'ai envie de vomir, beurk. La femme se lève également, et se met près de son mari, et me serre la main.

— Enchantée également, Martine Delamare. Elle se décale légèrement, je vous présente notre fils, Julien.

Ledit julien s'approche, il est de taille moyenne, cheveux blonds avec une raie sur le côté, mince. Il porte un pantalon moutarde et un pull bleu marine sur une chemise blanche unie, le tout accompagné de chaussures bateaux bleues. Je souris légèrement en pensant au contraste avec Liam. Julien semble prendre mon sourire pour une invitation puisqu'il porte ma main à ses lèvres. OK....

Nous nous installons pour le dîner, les conversations vont bon train, Julien me questionne sur notre agence, sur nos objectifs. Je dois dire que Josh est plus loquace que moi. Je ne peux me défaire de ce goût de bile dans ma gorge. Quel est l'objectif de ce dîner ? Me marier à ce type ? On est ou au 19e siècle ? Je suis tellement en colère et perdu dans mes pensées que je n'entends pas la question que l'on me pose. Mais j'entends ma mère répondre avec une voix mielleuse et une sollicitude hypocrite.

DANS MA MEMOIREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant