NightHawk T1&T2

Chapitre 76

...Damian...

Le silence régnait dans la pièce, un vide assourdissant qui s'insinuait dans mes pensées. Je fixais la lumière tamisée qui baignait mon bureau, mais mes yeux ne voyaient rien. Mon esprit était ailleurs, perdu dans des souvenirs qui refusaient de disparaître, des souvenirs d'elle. Swan. Même après tout ce temps, elle hantait chaque recoin de mon existence, comme une ombre que je ne pouvais chasser.

Je me redressai dans mon fauteuil, passant une main sur mon visage fatigué. Dans dix jours, cela ferait un an, et pourtant, c'était comme si elle était partie hier. Le temps n'avait rien arrangé, rien effacé. Il avait seulement creusé un trou plus profond, une absence que je ne savais pas combler. Un an d'erreurs, d'illusions, et de plans qui s'étaient effondrés comme des châteaux de cartes. Swan restait omniprésente, un fantôme qui hantait chaque recoin de ma vie, chaque pensée.

Mes pensées dérivèrent vers Roxanne, cette mission que je lui avais confiée. Elle était douée, peut-être trop. Si quelqu'un pouvait déterrer des vérités enfouies, c'était bien elle. Mais une partie de moi craignait ce qu'elle pourrait découvrir. Ou pire encore, qu'elle ne trouve rien. Parfois, je me demandais si je voulais réellement les réponses que je cherchais. Parce que ces réponses risquaient de tout changer, de tout détruire.

Un bruit sourd retentit, tirant mon esprit de cette spirale de pensées. Mon téléphone vibrait sur le bord de mon bureau. Un numéro inconnu s'affichait à l'écran. Mon premier réflexe fut de l'ignorer, mais je finis par décrocher. Ça ne pouvait pas être le Sculpteur, j'avais déjà eu droit à un de ses appels la veille. On aurait dit qu'il devenait accro à moi. Ou peut-être était-ce simplement parce que j'avais brûlé quatre de ses entrepôts. Je ne le saurais jamais.

J'approchai le téléphone de mon oreille, des grésillements ponctuant le silence avant qu'une voix familière ne s'élève.

- Oui, allô, tu m'entends ?

Roxanne.

- Tu m'appelles maintenant avec des numéros inconnus ? raillai-je, un sourire amer étirant mes lèvres.

- Je privilégie la discrétion, comme tu me l'as demandé. Et crois-moi, c'est mieux pour ce que je vais te dire, répondit-elle d'un ton sérieux.

Mon cœur accéléra légèrement, ce mélange d'adrénaline et d'angoisse s'insinuant dans mes veines. Roxanne ne m'aurait jamais appelé à cette heure-là sans une bonne raison. Son ton me disait qu'elle avait découvert quelque chose, quelque chose d'important.

- Je t'écoute, soufflai-je en attrapant mon verre de whisky.

- Je sais même pas par où commencer, avoua-t-elle. Je suis à Uppsala, en Suède.

Je fronçai les sourcils. La Suède ? Je fouillai dans ma mémoire pour comprendre ce que ce lieu pouvait représenter dans tout ce chaos.

- Ne passe pas par quatre chemins, Roxanne. Parle.

- J'ai suivi tes pistes, mais j'ai pris du recul. Beaucoup de recul, expliqua-t-elle. Je suis revenue à la soirée du bal. À chaque Miller. Elle marqua une pause, reprenant son souffle. Si tu doutes de la mort de Swan, je voulais m'assurer que tout le monde était bien mort.

- Tout le monde est mort, rétorquai-je, irrité par l'insinuation.

Pourtant, je ne pouvais pas nier l'intelligence de sa démarche. J'aurais dû faire la même chose, mais j'avais été trop obsédé par un seul point, trop enfermé dans ma propre douleur.

- Désolée de te l'apprendre, mais ce n'est pas le cas. Attends, je t'envoie quelque chose.

Mon téléphone vibra de nouveau. J'activai le haut-parleur et ouvris la pièce jointe. Le téléchargement semblait durer une éternité, chaque seconde alourdissant ma respiration. Si c'était Swan, elle me l'aurait dit directement. Alors qui ?