Je n'étais pas le genre de personne à croire à un Dieu ou à une vie après la mort. Mais quand j'ouvre les yeux et vois un plafond blanc accompagné d'une lumière apaisante, je me mets à avoir des doutes sur cette théorie. Néanmoins, ceux-ci s'évanouissent bien vite, quand je comprends au bip-bip familier de machines branchées sur moi, que je ne l'étais pas encore. Il faut croire que la mort elle-même n'avait pas voulu de moi.
Étais-je si insignifiante? J'avais échoué, comme dans tous les autres aspects de ma vie.
Pourtant, je ne ressentais pas la douleur que j'espérais après cette chute. Mes pensées semblaient plonger dans les nuages et mon corps flotter au-dessus de tout. Refermant les yeux , je m'enfonce malgré moi dans un long et profond sommeil. Quand je me réveille à nouveau, c'est pour voir dans ma chambre, une femme en blanc prenant mes constantes. Dès qu'elle plonge ses yeux verts dans les miens, elle me demande souriante :
- Vous êtes réveillées ? Mademoiselle Tempel, savez-vous où vous êtes ?''
Bien sûr que je le savais. Mais j'étais trop énervée contre moi-même pour lui répondre. Je m'étais vraiment ratée et je me sentais honteuse de n'avoir pas pu accomplir cette simple tâche.
- Vous rappelez-vous de ce qui vous est arrivé ?
Oui... je me rappelais de cela également, mais ne voulais pas du tout lui parler. Elle me regarde un instant inquiète et l'enfant polie que j'étais s'est sentie gênée de ne pas lui répondre. Quand j'essaye d'ouvrir la bouche, ma voix se coince dans ma gorge, m'empêchant de sortir un son. Je finis par tenter l'autre solution d'un hochement de tête, mais suis prise d'un vertige douloureux.
- Ne bougez surtout pas, m'ordonne l'infirmière. Vous avez reçu un gros coup sur la tête.
Ne protestant pas, elle sort revenir plus tard avec le médecin qui continue, après les examens de routine :
- L'infirmière m'a expliqué que vous avez du mal à bouger, alors ne forcez rien pour le moment. Petit à petit vous retrouverez l'usage de la parole et vos muscles seront moins endoloris. Ce sont les effets de l'alitement et des antidouleurs...
Je comprenais ces explications. Mais tout ce que j'avais envie de savoir maintenant, c'est pourquoi j'étais dans un lit d'hôpital et non six pieds sous terre comme je l'avais prévu. Et comme s'il avait pu lire dans mes pensées, il m'apporte les réponses :
- Vous êtes bien chanceux Mademoiselle Adeline.
- Aiden, lui corrigé-je la voix enrouée, en usant des dernières forces qu'il me restait.
Il échange un regard incompris avec l'infirmière et jette un œil à mon dossier médical.
Puis il reprend perturbé :
''Mademoiselle Aiden ?'' Mon impassibilité lui fait savoir qu'il peut continuer..''Si le sol n'avait pas été mouillé par la pluie de la veille, vous ne seriez plus présentement avec nous à l'heure où je vous parle. Vous avez une commotion cérébrale, une fracture au bras et quelques côtes cassées qui ont fini par perforer vos poumons. Mais heureusement l'opération s'est très bien déroulée.'': Enchaîne-t-il de façon monotone, habitué sûrement à annoncer ce genre de nouvelles. ''Nous avons pris contact avec votre père et il arrivera dans quelques heures. D'ici là, rendormez-vous. Vous en avez bien besoin.'' Puis Il s'en va, me laissant seul avec les démons qui émergeaient.
« Ha haha » : ricané-je intérieurement. Je n'avais jamais autant détesté la pluie qu'aujourd'hui.
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Deux semaines plus tard, je suis autorisée à rentrer chez moi. Pas une seule fois, mon père n'est venu me rendre visite à l'hôpital. Non seulement ne m'avait-il apporté aucune aide, mais j'ai dû prendre le taxi pour rentrer chez moi, assise inconfortablement à l'arrière de celui-ci avec mon plâtre au bras.
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Les problèmes qui nous attirent
Teen FictionLorsque certains tentent de nous aimer simplement pour ce que nous sommes, on pense qu'ils essaient de nous valoriser. Parce qu'il est impossible pour nous d'imaginer un seul instant, qu'on puisse nous aimer sans rien attendre en retour...Alors, on...