Chapitre 30

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Mon humeur change comme le temps. Aussi loin que je m'en rappelle, le soleil n'a jamais été plus brillant en cette fin de journée que durant toute ma vie... Il est vrai qu'au départ, avec cette rupture je me suis sentie brisée, comme si mon monde s'effritait. Et pourtant, je ne sais pas d'où j'ai bien pu tirer ce courage qui me permettait désormais de rester en vie... 

Je me sentais soulagée, légère, tel un lourd fardeau qui s'était déchargé de mes épaules. C'était l'indépendance je crois. Et cela avait un goût de paradis. Je pense que là, même si je finissais par me tuer, ce serait en accord avec moi-même parce que je ne le ferai pas parce que celui-ci ou celle-là m'a fait ci ou ça. Mais plus parce que j'en avais envie. Pour moi.

Je sais que pour certains il est horrible de concevoir la mort comme un pote qu'on côtoie tous les jours au club de Bingo, mais c'est ce qui arrive quand on y a pensé durant toute sa vie. Elle était devenue une seconde peau. Une habitude qui restait encrée en nous...

Passant la porte de mon appartement décrépi, je balance mon sac à dos sur le sol anéanti, quand mon portable se met à sonner. Pour une fois mon père avait tenu sa promesse. Il m'avait laissé tranquille. Vivre ma vie comme je l'entendais et ne me cherchait plus d'ennuis. Il avait même signé un document sans broncher, quand je lui ai dit que j'en avais besoin pour mon futur boulot.

- Salut, finis-je par enfin décrocher mon phone.

- Tu fais quoi ?

- Je suis rentrée plus tôt que prévu. J'avais des choses à faire...

Je n'avais aucune envie de déblatérer sur la visite incongrue de Cardin au lycée. Surtout que Nick n'avait aucunement été pour mon allée à la fête de James la veille.

- N'oublie pas qu'on se voit ce soir. Gina a envoyé un paquet pour toi.

- Si c'est encore un de ces délires apoplectique sur le réveil du moi intérieur qu'elle veut me faire partager, renvoie-le-lui...

Il rigole pleinement dans les écouteurs, ne cachant pas son fou rire.

- Fais le toi-même, ce n'est pas dans ma bouche que tu mangeras ton piment*...

- Ce qui veut dire ?

- Va savoir...

Je parie que c'était l'une des nombreuses expressions que sa sœur nous gratifiait récemment, depuis l'Australie.

- Tu es stupide par moment, rigolé-je de Nick, fidèle à lui même dans la copie de terme dont il ne comprenait pas le sens.

- Pas autant que Gina.

M'asseyant sur le matelas plein de moisissures dans le but d'enlever mes bottes, un coup sur la porte vient perturber ma palpitante conversation. Lorsque j'ouvre, c'est pour voir surprise, un Nick tout sourire, le portable à son oreille....

Il me tend un paquet dans les mains et s'invite à l'intérieur sans demander son reste.

- Qu'est-ce que tu fiches ici ?, rabats-je la porte.

- J'étais dans les parages et j'ai décidé de passer...

- Sérieusement qu'est-ce que tu fiches ici..., en vrai.

Ce n'était pas les beaux quartiers de la ville, il n'y avait aucune distraction pour jeunes par ici. Et je doutais fort qu'il puisse avoir un ami dans cet endroit si reculé...

- En vrai ? Je suis là pour te voir.

- On devait dîner tout à l'heure avec tes parents..., lui remarqué-je.

Les problèmes qui nous attirentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant