Chapitre 16

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M'adossant à l'arbre au dessous de la fenêtre depuis près de trois heures, je sentais le froid courir sur ma peau, bien que tenir sous ce feuillage, s'avérait être à la fois l'endroit le plus glacial, mais également le plus protecteur contre le vent violent de cette fin de soirée.

Après avoir quitté ma maison, j'ai couru et me suis réfugiée je ne sais où. J'ai erré un long moment avant de finalement me décider à aller chez la seule personne qui pourrait m'apporter son aide à ce moment. Je mentirais si je disais que je n'ai pas également été tentée d'aller chez Gina. Mais elle, aurait tout de suite senti qu'un truc clochait. Et si elle avait vu les bleus ? Comment aurais-je pu lui expliquer leurs présences ? Elle savait, contrairement à Cardin que je n'étais victime d'aucune maltraitance par mes camarades.

Mes jambes m'ont par conséquent portéenaturellement  chez lui, lorsque le froid avait commencé par me terrasser. La confidence gagnée à chacun de mes pas par les innovantes excuses travaillées pour me justifier, se tournait rapidement en nervosité, quand j'ai vu son quatre-quatre pénétrer le garage. Bizarrement, je n'avais jamais remarqué qu'il en avait un. Encore une preuve qu'il avait changé l'architecture de chez lui du tout au tout, vu que pratiquement la totalité des maisons du quartier n'en avait pas.

Ah ! Une autre rafale de vent vient cogner ma nuque tremblante et j'éternue outrageusement fort. Rapprochant ma main à mon nez, je nettoie mes narines d'un trait, avant de frotter mes mains refroidies sur mes bras pour les réchauffer.

- Il y'a quelqu'un ? ai-je entendu dire, de la voix du mâle que j'adorais par-dessus tout.

Il avait bloqué la fermeture de son garage à mi-chemin et en sortait en se baissant doucement pour ne pas se cogner. Il avait dû remarquer ma silhouette, mais à la manière dont il fronçait les yeux, ceux-ci ne devraient pas être encore habitués au noir.

- Aiden ? s'avance-t-il vers moi lorsqu'il m'identifie enfin. Que fais-tu ici ? Je ne t'attendais pas avant demain.

- J'avais envie de te voir, ai-je eu du mal à terminer en éternuant le dernier mot. Mon nez coulait à présent.

S'approchant de moi, il me touche le front inquiet, les traits plissés en signe de mécontentement.

- Mais tu es glacée, constate-t-il en passant ses doigts sur ma joue. Tu es dehors depuis longtemps ? me demande-t-il.

Ne répondant pas, je gémis doucement de satisfaction, car la chaleur que transmettaient ces doigts, me faisait un bien fou. Mais avant qu'il ne puisse dire un autre mot, j'éternue à nouveau, mon nez coulant de plus belle et mes yeux s'embuant de larmes. Je nettoie les deux catastrophes -larmes et morves-du revers de ma manche, telle une petite fille.

Cardin rigole et sort rapidement un mouchoir marron de sa poche qu'il me tend. Je le prends sans aucune hésitation et m'y mouche longuement. Cela faisait autant de bien que cela devait paraître dégoûtant aux yeux de ceux qui m'observaient... Enfin, je crois. Retirant le tissu, je jette grimaçante un œil dessus.

- J'ai sali ton mouchoir, désolé, lui ai-je dis. Je vais le nettoyer et te le rapporter, tenté-je de le ranger dans ma poche. Mais il me stoppe en rattrapant ma main avant de retirer le tissu de celle-ci. Il me surprend en allant jusqu'à nettoyer mon nez avec et ajoute sans commentaires :

- Entrons. Tu risques d'aggraver ton état sinon.

Cette petite marque d'affection me fait rougir et pétiller intérieurement de joie. Sans rien ajouter, je le suis dans le petit jardin, l'entendant sortir les clés de sa poche pour ouvrir la porte d'entrée.

- Prends une douche chaude, m'ordonne-t-il en montant rapidement dans la chambre, Le temps que tu finisses, l'eau sera prête pour une boisson. Tu préfères du chocolat chaud, du café ou du thé ? enchaîne-t-il en fouillant dans un placard de la salle de bain. Il en sort des serviettes qu'il me tend. Je t'attendrai en bas.

Les problèmes qui nous attirentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant