Chapitre 18

60 10 10
                                    

- Alors, qu'est ce qu'on fait ?

- Je suis bien obligée, souffle Cardin en prenant un verre d'eau.

Quinze minutes de conversations vaines, pour en arriver au même résultat. Il n'était pas très heureux de la tournure que prenaient les événements. Et James semblait se réjouir de son malheur. J'aurais bien voulu porter ma main à sa joue pour lui remonter le moral, cependant, avec son ami dans les parages, c'était chose impossible.

- Aiden, et toi ? me questionne James.

- Quoi ? m'étonné-je, moi qui tentais jusque-là de ne pas me mêler de leur conversation.

- Viens, s'enjoue-t-il. Sa bonne humeur effrayante et particulièrement persuasive. Ce sera une bonne opportunité pour nous rapprocher...de multiples façons.

J'ouvre la bouche estomaquée. Étais-ce moi ou chaque fois que James disait un truc, on avait l'impression qu'il donnait à ses phrases un sens caché ? Tout comme-ci y rétorquer équivaudrait à répondre, à une question différente de celle demandée.

- Laisse-la en paix, l'oblige Cardin.

- En fait, c'est maman qui a demandé à ce que je l'invite également, s'explique-t-il en se tournant vers lui. Ça m'a surpris je dois dire. Mais c'est ma mère après tout, nous possédons le même instinct.

- Lequel ?, fronce Cardin les sourcils, se préparant à la réponse du métis.

- Celui de savoir bien avant toi, ce que tu te tues tant à cacher, lance-t-il ironiquement au blond. Bon, ce n'est pas tout ça, se lève-t-il après avoir lâché sa bombe qui nous a laissé sur le cul. J'ai un rendez-vous tout à l'heure. Et je ne voudrais pas vous déranger, peu importe ce que vous aviez prévu de faire, agite-t-il ces mains en cercle et haussant deux fois ces sourcils pour y glisser pleins de sous entendus.

- Fiche le camp James, ordonne Cardin en lui indiquant l'entrée.

- J'y vais, j'y vais, marche-t-il à reculons. Je vous aime.

Dès qu'il passe la porte, le blond s'abandonne à l'épuisement, ces yeux rougis par le manque de sommeil. Il était visiblement mal en point. Avait-il mal dormi cette nuit ? Je me sentais coupable d'un coup de lui avoir infligé cela.

- Approche, me dit-il après que trois gouttelettes d'eau s'étaient échappées de la pompe.

Depuis tout ce temps, j'étais toujours près de la poubelle. Et c'était bizarre quand Cardin a tendu la main, pour me retirer la spatule et le poêle des doigts, afin de les poser sur la table. J'avais oublié que je les tenais encore.

- Viens par là, tend-il les bras dans le vide et je viens m'y encastrer. Passant sa main autour de ma taille, il pose son menton dans mon cou.

- Tu m'as manqué, tu sais ?, ajoute-t-il faiblement.

Ce simple geste d'affection me retourne l'estomac. J'avais eu si peur de le confronter depuis mon réveil que bêtement je me rends à présent compte, qu'il n'avait fait que penser à moi et me donner beaucoup d'amour depuis qu'il est arrivé.

- Tu sais qu'on doit parler.

Mon corps se crispe  à cette affirmation. Ce que je redoutais allait enfin arriver. J'allais devoir tout lui avouer. Et je savais qu'il ne me laisserait pas partir avant que je ne le fasse, vu comment ces bras me seraient pour m'empêcher d'opérer le moindre mouvement de retrait. Il m'avait en fait piégé. Peut-être était-il enfin temps. Cardin m'avait prouvé qu'il ne me laisserait pas tomber.

- Oui, je sais, ai-je répondu.

Son corps s'est immédiatement détendu. Ces mains avaient l'air moins serrés autour de moi et sa masse s'était plus avachie contre la mienne. J'ai saisi à cet instant qu'il était aussi anxieux de ma réponse que moi de sa question. Un long silence s'en est suivi me donnant le temps qu'il me fallait pour me préparer. Nous restons ainsi un bon moment, jusqu'à ce que son souffle commence par avoir un rythme particulièrement lent.

Les problèmes qui nous attirentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant